La Nation Bénin...
Ils ont pour noms : Thotho Paulin, M’po Pascal, Bambotché Abiodun, Comlan Sylvain, Lassissi Yessoufou, Alassan Kassim, Mathieu M. Tossou. Par leurs bravoures, ils sont entrés dans l’histoire le dimanche 16 janvier 1977. Suite à l’appel du Lieutenant-colonel, président de la République populaire du Bénin, Mathieu Kérékou, ils ont choisi de défendre la patrie en danger contre les mercenaires. Machettes et gourdins contre des coups de canon. Ils en ont payé le prix fort. Le sacrifice suprême consenti est payé par une victoire qui changea le cours de l’histoire.
Réveillées par des coups de canon aux premières heures de ce dimanche 16 janvier 1977, les populations de la ville de Cotonou étaient loin de s’imaginer que de leur prompte réaction dépendra l’avenir de la Révolution démocratique et populaire. La voix grave du Lieutenant-colonel Mathieu Kérékou, appelant chaque Béninois à défendre la patrie par les moyens à sa disposition, a tôt fait de convaincre les indécis de la gravité de la situation. Il s’en est suivi une bataille rangée entre les mercenaires et les vaillants soldats béninois aidés par des civils. Les coups de canon et de mortier tonnaient aux alentours de l’actuel site de Bénin Marina Hôtel et de l’Aéroport international de Cotonou. Après environ trois heures d’âpres combats, la détermination des soldats béninois a eu raison de la rage des assaillants de mettre à mal l’ordre politique. Le vrombissement du moteur de leur avion sur le départ aux environs de 10 heures sonna la victoire du peuple béninois sur les agresseurs. La queue entre les jambes, ils ont pris la clef des champs laissant derrière eux un impressionnant arsenal de munitions et d’armes perfectionnées, des obus, des liasses de billets de banque mais également des morts dans leur rang. L’un d’entre eux en la personne de Bah Alpha Oumarou est capturé vivant par les éléments des Forces armées populaires du Bénin.
Par Bertrand HOUANHO (Stag)
Que reste-t-il du sacrifice des martyrs du 16 janvier 1977 ?
Pendant longtemps et surtout pendant la période révolutionnaire, les noms de ces héros morts sur le champ de bataille ont été chantés et enseignés dans les écoles. Mais depuis l’historique Conférence des Forces vives de la nation, le 16 janvier n’est plus commémoré comme cela se doit. La "Place des martyrs" est devenue "Place du Souvenir" et le 16 janvier se résume en une simple cérémonie de dépôt de gerbe. C’est comme si tout à coup, il y a un trou dans la mémoire collective. Faut-il tirer un trait sur ce fait marquant de l’histoire du pays? Aujourd’hui combien de personnes arrivent à prononcer sans bégayer les noms de ces martyrs alors qu’avant juste une chanson suffisait pour se souvenir d’eux? Les familles de ces martyrs continuent de traîner les séquelles de la disparition brutale et tragique de leurs parents. Ils n’ont eu que la satisfaction morale de voir le principal cerveau de ce crime Bob Denard traduit en justice et condamné en 1992 après des années de procédure. Les jeunes qui aujourd’hui ont 30 ans d’âge, ne savent pas grand-chose de cette histoire du Bénin. A qui la faute ?
Célébrer autrement la journée du 16 janvier
Bientôt quatre décennies que le peuple béninois debout a vaincu la fatalité en mettant en déroute les agresseurs du 16 janvier 1977. Au fil des années, cette séquence importante de l’histoire du Bénin sombre dans l’oubli. Outre, la cérémonie de dépôt de gerbe chaque année par les militaires à la place érigée pour les martyrs appelée aujourd'hui "Place du souvenir", aucune autre manifestation n’est prévue pour commémorer cette journée. Trente-huit ans après cette tragédie, le moment est peut être venu pour que cette journée de mémoire ne se limite plus à une cérémonie de dépôt de gerbe faite par les militaires. Il faut que des réflexions convergent vers la mise en œuvre d’actions fortes afin que l’histoire ne s’oublie.
A l’image de la célébration du 11 septembre aux Etats-Unis où des coups de canons tonnent à l’évocation des noms des milliers de victimes suivis d’une minute de silence sur l’ensemble du territoire, ce jour de souvenir mérite d’être commémoré autrement. A défaut de déclarer cette journée fériée, il faut réunir les jeunes des universités dans des fora autour des thèmes comme le patriotisme, le sens de l’engagement pour la patrie. Les maux qui minent aujourd’hui le développement de ce pays trouvent leur racine dans l’incivisme, le manque d’amour pour son pays. Or, des exemples d’engagement pour la cause commune existe. Il faut amener les jeunes à aller à cette école. Une école de valeurs. Seul moyen de mobiliser la couche juvénile autour des faits marquants de l’histoire du pays. Ce qui participerait à coup sûr au développement du Bénin. On ne peut refaire l’histoire et comme le dirait l’autre : «nul n’a le droit d’enlever une page de l’histoire d’un peuple car un peuple sans histoire est un monde sans âme».
Faosiya SEFOU (Stag)
Des jeunes de Parakou s’en souviennent
16 janvier 1977-16 janvier 2015. Il y a exactement 38 ans, une horde de mercenaires lourdement armés, sous la houlette du réputé français Bob Denard, a attaqué matinalement la République populaire du Bénin et sa révolution, avant d’être mise en déroute. Le Collectif des jeunes pour la promotion de l’histoire du Bénin n’entend pas passer sous silence la commémoration de ce triste événement ayant fait sept morts dans le rang des Béninois et qui visait le renversement du régime militaro-marxiste du lieutenant-colonel d’alors, Mathieu Kérékou. A Parakou, il a initié une messe d’action de grâce à la cathédrale Saints Pierre et Paul et une communication sur le rôle des politiques pour la paix et la sauvegarde de l’histoire au lycée Mathieu Bouké, pour marquer cet anniversaire. Selon le coordonnateur dudit collectif, Assif Zomahoun, il s’agit d’éveiller le patriotisme qui se meurt chez les jeunes, en honorant la mémoire des sept martyrs du dimanche 16 janvier 1977. Il s’agit d’un civil et de six militaires tombés les armes à la main mais relégués aux oubliettes : Paulin Thotho, Yessoufou Lassissi, Sylvain Comlan, Basile Abiodoun, Pascal N’po Dabapa, Mathieu Tossou et Alassan Kassim. Gloire immortelle à eux !
Claude Urbain PLAGBETO A/R Borgou-Alibori