Éditorial de Paul AMOUSSOU : Essoufflement démocratique ?
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Par
Paul AMOUSSOU, le 05 févr. 2022
à
12h18
Nous voici en confrontation avec le sarcasme tout voltairien, selon lequel il y a ceux qui croient, ceux qui croient croire, et ceux qui crôa crôa ! Ramené au principe démocratique en Afrique actuellement, il y a, entre autres variantes, ceux qui crient ‘’démocratie !’’ sans être en phase avec ses exigences et ceux qui ont perdu leur latin à ce propos. C’est à ne plus rien y comprendre, en vérité…
Aussi, note-t-on actuellement un certain yoyo, notamment en Afrique de l’Ouest, avec son cortège de coups d’Etat impliquant une remise en cause d’ordre constitutionnel.
Il y a comme un essoufflement des systèmes démocratiques issus des conférences nationales de l’après chute mur de Berlin. D’autant plus que ces systèmes, longtemps cantonnés aux miasmes politiciens, se sont avérés à bien des endroits peu efficaces, incapables de répondre à la demande sociale, aux attentes légitimes d’un mieux-être…
Cette tendance s’est encore révélée, récemment, au Soudan, car le même peuple qui a lutté pour faire tomber un despote militaire et favoriser l’avènement d’un gouvernement civil, s’est égosillé à réclamer le retour des militaires avant de déchanter pour réclamer urbi et orbi encore un gouvernement civil ! Ce méli-mélo est symptomatique du désarroi des peuples africains qui ne savent plus à quel saint de la bonne gouvernance se vouer actuellement. L’on fait des principes démocratiques un totem, puis soudain, il y a comme des variantes que l’on note dans l’approche et le rapport à la notion.
Ainsi, au-delà des frontières guinéennes, burkinabè ou maliennes, les juntes militaires sont-elles célébrées. Le paradoxe est patent, et les analystes ont de la peine à véritablement expliquer comment le même peuple qui s’est soulevé contre la fraude électorale au terme des élections législatives au Mali pour en faire payer le prix à un président, élu lui précédemment sans contestation, applaudit une junte qui s’octroie un quinquennat de transition le coup d’après !
Il en est de même au Burkina où le peuple du ‘’balai citoyen’’ salue la remise en cause de l’ordre constitutionnel, alors que précédemment, il s’était opposé à toute révision constitutionnelle pour opérer une révolution populaire. Nous ne sommes pas à un paradoxe près, et bien malin qui pourra démêler l’écheveau !