Éditorial de Paul Amoussou : La France chahutée
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Par
Paul AMOUSSOU, le 18 févr. 2022
à
13h44
La France perd pied, dans ce qui était son pré carré africain. C’est une évidence, au regard des développements récents de l’actualité.
La géopolitique et les rapports de force tendent à y ébranler toutes ses certitudes, la sortant en tout cas de ses zones de confort pour la confronter à une réalité évanescente, une quadrature du cercle dont elle n’a vraisemblablement pas le fin mot. Preuve que les temps changent et que les lignes bougent ! Déjà, la Chine secouait le baobab avec d’heureuses perspectives, quand soudain la Russie signe son retour dans la géopolitique en Afrique, comme on a pu le noter en Centrafrique, et vient jouer plus qu’au trublion dans ce que la France considérait comme ses plates-bandes, de l’aveu du président Emmanuel Macron lui-même, qui attribue du reste le bashing, le chahut auquel la France est fortement soumise en Afrique aujourd’hui à cette puissance.
Sur fond de populisme et de nationalisme, voire de panafricanisme quelque peu facile, il faut l’avouer, la France est actuellement très chahutée, notamment en Afrique de l’Ouest, sans que cela ne soit dû nécessairement à une puissance rivale. Chose nettement perceptible avec le dégagisme qui a contraint l’armée française à devoir quitter le Mali comme un malpropre ! Econduite du Mali, nul ne peut jurer que l’armée française est la bienvenue au Niger où sa délocalisation est projetée.
Aujourd’hui, on ne peut dire que la France est perçue sous son meilleur jour ailleurs en Afrique, en dépit des efforts déployés par les soins de ses dirigeants actuels pour rattraper le coup. Syndrome de rejet du colon ? Rien n’est aussi simple dans la résolution de cette équation qui se pose, sur fond de drame humain, en filigrane sur le théâtre des évènements qui se déroulent dans le Sahel.
Toutefois, dans ce qui est considéré comme le fiasco de l’armée française au Mali, y compris par les médias de l’Hexagone, avant de se livrer à un état des lieux, voire de déterminer les torts, dans une guerre peu ordinaire, il convient de saluer la mémoire des 53 soldats français tombés au front pour une cause qui suscite tant de controverses. Mais également, il importe de situer les responsabilités des Etats africains en cause, notamment le Mali dont les dirigeants sont loin d’être exempts de reproches dans une situation sécuritaire devenue intenable et dont on ne peut jurer qu’elle ne le devienne davantage, au cœur de la menace terroriste, une fois l’armée française partie.