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Evaluation de l’opération Mirador: Renforcer la lutte contre le terrorisme

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Identifier la meilleure tactique pour l’opération Mirador, face aux évolutions des modes d’action des terroristes, et identifier le soutien logistique adapté à la tactique Identifier la meilleure tactique pour l’opération Mirador, face aux évolutions des modes d’action des terroristes, et identifier le soutien logistique adapté à la tactique

Trois ans après les premières opérations dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Nord Bénin, il est apparu nécessaire de faire le point des actions menées jusqu’au 31 mai 2024, afin de pouvoir les réorienter pour plus d’efficacité. Tel est l’objectif du séminaire d’évaluation de l’opération Mirador, initié à Parakou par l’état major général, sous l’égide du ministre délégué auprès du président de la République, chargé de la Défense nationale, Alain Fortuné Nouatin. 

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 07 juil. 2024 à 23h35 Durée 3 min.
#lutte contre le terrorisme au Nord Bénin

L’évaluation de l’opération Mirador vient à point nommé pour jauger les actions menées, identifier les succès et défis, et parvenir à des recommandations pour renforcer l’efficacité des opérations futures. Cette initiative a rassemblé à Parakou, durant deux jours, la haute hiérarchie militaire, des acteurs des collectivités locales et décentralisées, des autorités religieuses. Etant entendu que chaque acteur apporte du sien pour permettre au Bénin de venir à bout de toutes velléités terroristes. « Il s’agit non seulement de dresser le bilan de nos réussites mais aussi de reconnaitre nos faiblesses et d’identifier les moyens d’améliorer notre lutte contre le terrorisme », a déclaré Alain Fortuné Nouatin, ministre délégué auprès du président de la République, chargé de la Défense nationale. Globalement, ces assises tenues les 4 et 5 juillet derniers, visaient à identifier la meilleure tactique pour l’opération Mirador, face aux évolutions des modes d’action des terroristes, à identifier le soutien logistique adapté à la tactique, ainsi que le renseignement militaire adapté au mode d’action des terroristes, améliorer la stratégie de communication du théâtre de l’opération Mirador, améliorer significativement le soutien santé, formuler des recommandations pour une meilleure planification et exécution des futures opérations de lutte contre le terrorisme au Nord du Bénin.

Des défis à relever

Au cours de sa conférence inaugurale sur les acquis et défis de Mirador pour des actions plus efficientes, le Colonel Faïzou Gomina, chef d’état-major de la Garde nationale et commandant théâtre de l’opération Mirador, a rappelé l’inaction du Bénin aux premières heures de la lutte, prétextant que le pays n’a pas d’ennemi déclaré, laissant les Forces armées béninoises (Fab) sans équipements, alors qu’une armée régulière n’attend pas une déclaration de guerre pour se préparer. En effet, longtemps épargné, le Bénin avait alors cru être à l’abri des groupes terroristes internationaux notamment le Boko Haram qui sévissait au Nigéria voisin et Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) qui frappait dans la zone sahélienne. Mais le 19 décembre 2021, deux touristes français et leur guide béninois ont été enlevés à Porga par des groupes armés terroristes. Depuis lors, le terrorisme a cessé d’être un phénomène lointain et tente de s’enraciner dans la région septentrionale du pays. Certaines attaques directes contre les Fab sont ouvertement revendiquées par des groupes extrémistes tels que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim) et Aqmi. Mais dans sa lutte contre le terrorisme au Bénin, l’opération Mirador n’a cédé aucun centimètre carré du territoire aux groupes terroristes qui sont bousculés jusque dans leurs derniers retranchements à chaque moindre mouvement. Mise en place en octobre 2021 et opérationnelle depuis janvier 2022, Mirador combat avec résilience ces groupes terroristes qui cherchent désespérément à s’installer au Bénin.

A en croire le Colonel Faïzou Gomina, chef d’état-major de la Garde nationale et commandant théâtre de l’opération Mirador, «L’opération quoique perfectible est largement au dessus de la menace ». Avec une projection d’un effectif de 3000 hommes au départ, Mirador compte aujourd’hui environ 7000 hommes, dotés d’équipements à la hauteur de l’enjeu (5 aéronefs, 33 pick-up, 10 blindés, des drones...), et occupe plus du 2/3 du territoire (86 800 km2), bien qu’il reste des défis à relever. En ce qui concerne les défis, il s’agira d’améliorer les capacités de renseignement, d’adopter une approche plus intégrée de la lutte, de décompresser les relations avec les voisins pour mutualiser les efforts. « La réponse à ces attaques passe inéluctablement par une approche globale à laquelle contribuent d’une part, les actions des secteurs économique, de développement, de gouvernance et de diplomatie ; et d’autre part la collaboration avec les autorités locales, administratives, religieuses et la chefferie traditionnelle ; et une synergie d’actions des Forces de défense et de sécurité (Fds) qui doivent apporter la dimension militaire de la riposte à ces attaques ». C’est l’approche de Fructueux Gbaguidi, Général de division, Chef d’état-major des Fab, que partage également le commandant théâtre de l’opération Mirador■