La Nation Bénin...
Le
prix du maïs grain est en hausse dans tous les marchés, ce qui nourrit des
inquiétudes dans le rang des populations. Le ministère de l’Agriculture assure
que cette spéculation autour du produit n’est pas du fait d’une baisse
drastique de la production, qui ne répondrait plus aux besoins nationaux. Les
raisons sont ailleurs, et des solutions palliatives sont envisageables pour
corriger le tir.
Le prix du maïs, denrée de grande consommation, est monté en flèche dans les marchés sur l’ensemble du territoire national. Yves Hountondji, chef Programme filière maïs à l’Agence territoriale de développement agricole (Atda), pôle II, explique que cette situation n’est pas liée au niveau de production. Dans une note à l’endroit des médias, il indique qu’au cours de la dernière campagne (2023-2024), la production nationale réalisée est estimée à 1 500 000 tonnes de maïs grain pour des besoins nationaux de consommation de maïs grain évalués à 1 000 000 de tonnes. « Il est donc évident que la production réalisée est largement suffisante pour couvrir les besoins nationaux. Certes, les prévisions initiales de production en maïs grain n’ont pu être atteintes pour des raisons de mauvaise pluviométrie dans les zones de forte production au cours de la saison dernière. Mais cela ne justifie pas la flambée actuelle des prix du maïs que nous observons dans les marchés », a insisté Yves Hountondji, chef Programme filière maïs à l’Atda II, qui assure le pilotage de la filière au Bénin. Ainsi, pour lui, la conjoncture des prix actuels laisse croire qu’il n’y a plus suffisamment de maïs grain dans le pays, ce qui n’est pas le cas. Selon Yves Hountondji, plusieurs facteurs sont responsables de cette situation. En ce qui concerne les facteurs endogènes, il évoque la constitution d’importants stocks par les commerçants céréaliers qui projettent une forte demande en maïs grain, et qui attendent que les prix atteignent un certain niveau avant de mettre leurs stocks sur le marché. Il y a également l’anticipation des fabricants nationaux de provende et des grands éleveurs de volailles qui ont constitué de grands stocks pour faire face à la croissance de leurs besoins de production en prévision de l’entrée en vigueur de la mesure d’interdiction de l’importation de la viande de volaille à partir de décembre 2024.
Des facteurs exogènes
La
forte demande en maïs grain des pays voisins comme le Niger, le Nigeria, le
Burkina Faso, et autres, dont les commerçants viennent s’approvisionner dans
les régions frontalières du Bénin suite à la mauvaise saison au cours de la
campagne 2023-2024 dans leur pays, de même que les pratiques spéculatoires de
ces commerçants venus des pays environnants, qui créent la tension sur les prix
du maïs dans nos marchés suivant la loi de l’offre et de la demande, sont aussi
à la base de la flambée actuelle des prix. Yves Hountondji rappelle qu’il y a
deux ans, le gouvernement a dû, de manière exceptionnelle, interdire
l’exportation des céréales pour contenir la flambée des prix de ces denrées, et
que cette mesure a été levée en 2023.
«
Ce sont des mesures spéciales de sauvegarde et de protection du marché
intérieur qui sont légales et autorisées par l’Organisation mondiale du
Commerce (Omc) et qui peuvent être activées en cas de nécessité avérée malgré
l’existence des Accords de libre circulation des biens et des personnes qui
nous lient au sein des espaces communautaires comme la Cedeao et l’Uemoa»,
assure Yves Hountondji, chef Programme filière maïs. Il ajoute que les
autorités vont certainement apprécier la situation et adopter les mesures
idoines pour réguler, si le contexte l’exige, la sortie du maïs grain afin que
les pays de la sous-région puissent être soulagés sans compromettre la sécurité
alimentaire et nutritionnelle nationale. « La direction nationale du Commerce
et de la Concurrence et les instances de régulation des prix peuvent être mises
à contribution pour éviter la trop forte spéculation des commerçants grossistes
comme mesure palliative », a-t-il insisté. Yves Hountondji rassure qu’au niveau
du ministère de l’Agriculture, toutes les dispositions sont prises afin que la
production du maïs ne souffre d’aucune limitation cette année. « Et si tout se
passe bien, d’ici fin juin, les nouvelles récoltes de la zone sud du pays
permettront de baisser la tension sur les prix du maïs », a conclu Yves
Hountondji.
La flambée actuelle des prix du maïs n'est pas du fait d’une baisse drastique de la production