La Nation Bénin...
A
vrai dire, il m'est bien difficile d’introvertir mon aversion pour les
substantifs homosexualité et homosexuel. Ces termes mettent publiquement, du
reste à mal escient, l'emphase sur le sexe pourtant chose la plus intime au
monde en faisant de lui le centre d'un phénomène en disgrâce alors qu’en
réalité il s’agit d'attirance et d’amour. Deux sentiments intrinsèquement
nobles à la rencontre de deux personnes quand bien même du même genre. Le sexe
ne devrait en être qu’un résultant épiphénoménal et le langage aurait dû
privilégier le genre à ses dépens. Le sexe induit la pudeur et la réprobation
sinon le rejet sociétal tandis que l’attirance et l’amour appellent tous
ensemble à la sympathie, la compréhension et au partage.
Le
débat que nous ouvrons se veut, d’abord un exercice de constatation
d’existence. Y a-t-il ou n’y a-t-il pas une homosexualité de nais- sance
différente d’une homo- sexualité acquise ? La question est préjudicielle
d’autant que de la réponse qui lui sera faite dépendront la compréhension,
étriquée ou exhaustive, que l’on aura de l'homosexualité en général mais aussi
les traitements qui seront accordés respectivement aux deux catégories, le cas
échéant.
Généralement,
la confusion, par la globalisation des données, a toujours été une stratégie
payante pour pêcher en eau trouble le moment venu notamment en matière
politique. S'agissant cependant d'une question aussi déterminante pour la gent
humaine que celle qui nous préoccupe, il est de bon ton qu’elle cède le pas à
la clarté et évite la langue de bois. C’est dans cet esprit que nous nous
proposons d’expliciter ce que nous avons déjà eu l’occasion d’exprimer. Dans
notre précédente livraison, nous demandions, en effet, que l’on fasse preuve de
discernement à l’égard des homosexuels. Nous faisions valoir qu’il y avait lieu
de distinguer les personnes nées avec de fortes tendances homosexuelles
irréversibles et les autres, hétérosexuels de leur état naturel qui
acquérraient délibérément et en toute connaissance de cause, le statut
d’homosexuel. Nous affirmions alors que l’homosexualité de naissance ne se
soignait ni ne se guérissait.
Nonobstant
nos certitudes, nous avons par acquis de conscience, tenu à recueillir sur
l'homosexualité en général et les idées que nous défendons y relatives en
particulier, les avis de différentes personnalités généralement de bon
jugement. Nous avons toutefois manqué de nous enquérir de leur expérience du
sujet sur lequel nous sollicitions précisément leur avis. C’était l’erreur à ne
pas commettre et nous en avons fait les frais. Toujours est-il que leurs
réactions ont été globalement négatives. Nous les synthétisons et les déclinons
à la queue leu leu ainsi qu’il suit : L’homosexualité est une et ne peut être
dissociée. Les homosexuels sont tous des dérangés hormonaux qui devraient aller
se faire soigner.
L’homosexualité
déroge au principe de la physique selon lequel deux corps de signes différents
s’attirent tandis que ceux de mêmes signes s’éloignent. Elle doit donc être
bannie sans complaisance aucune. C’est un vice et la déchéance des mœurs. La
dissociation de l'homosexualité n’est pas pertinente, car elle sera difficile à
gérer tant dans sa théorie que dans ses conséquences.
Il
est réducteur de faire une fixation sur l’homosexualité innée ou acquise. Ces
questions sont délicates et touchent d’une manière ou d’une autre au domaine de
la foi qui anime chaque chrétien. A ce titre, le sujet mérite respect et
silence. Afin de considérer et de donner aux observations du panel toute la
mesure qu’elles méritent, peut-être importe-t-il de commencer par présenter
l’enfant homosexuel de naissance. Nous ferons ainsi toucher du doigt les
réalités qui sont les siennes.
Le parcours psychologique type d’un homosexuel né
Nous
nous estimons en mesure de tracer, dans ses grandes lignes, le parcours
affectif d’un enfant né homosexuel, et pour cause. La différenciation de
l’homosexualité n’est pas une vue de l’esprit. Elle est si tangible et si
palpable que nous nous autorisons à penser que si l’on n’en convenait pas, ce
serait, à n'en guère douter, parce qu’elle dérange une certitude quelque part.
L’observation
attentive des enfants dans leurs premiers âges, disons les trois premières
années, permet aux parents avisés de déceler chez eux, ce qui en sera de leur
orientation sexuelle: hétéro ou homosexuelle.
Les
attitudes et les comportements qui préjugent de l’homo- sexualité se font jour
rapidement dans leur vie puis ils s’estompent un moment, trompant de telle
manière la vigilance et l’inquiétude des parents. Il en est ainsi parce que
entretemps l’enfant s’introvertit, s’isole pour se ques- tionner sur son
identité sexuelle. Les attitudes resurgissent à la faveur de la puberté
troublant de fond en comble le psychisme de l’enfant à telle enseigne qu’il ne
sait plus à quel saint se vouer, tiraillé par le bas et perdu entre sa volonté
de se comporter comme ses amis du même sexe que lui envers le sexe opposé et
les forces contraires qui le tirent dans l’autre sens. Ces dernières finissent
par prendre le dessus et éclosent. Alors, l’enfant grandit ainsi et inexorablement,
des fois à son corps défendant. Certains parents rejettent et renient leurs
enfants. D’autres se résignent et offrent leurs peines à Dieu. C’est peut-être
le seul garçon qu’ils ont et qui met fin ainsi à leur lignée pour de bon, mais
ils font courageusement leur deuil en silence. Et quand l’enfant réalise cet
état de choses, c’est un sentiment de culpabilité innocente et rava- geuse qui
l’envahit. Les enfants nés homosexuels sont d'une sensibilité à fleur de peau
frisant la susceptibilité et il convient d’en faire cas dans les relations avec
eux.
Nous
avons tracé ce parcours des enfants nés homosexuels pour que les fidèles
chrétiens et les citoyens comprennent ce à quoi ces enfants sont confrontés et
qu'ils refrènent autant que faire se peut, leur ardeur à les traiter de
dépravés qu’ils ne sont absolument pas.
Devenus
adultes, les homosexuels de naissance, tout comme les lesbiennes du reste, se
mettent généralement en couple et cela nous paraît naturel. Ils sont
habituellement discrets dans leurs manifesta- tions amoureuses en société
contrairement aux homos de fortune et aux transgenres. N’étant pratiquement
liés par des contraintes d’ordre familial notamment l’éducation des enfants, et
aussi en raison de l’ostracisme dont ils sont victimes, ils développent des
valeurs qui tendent à diverger sensiblement de celles traditionnelles des
hétérosexuels que nous sommes. Tout cela peut semer l’incompréhension et la
zizanie dans les familles si elles n'en sont pas averties; et bien des fois,
les parents se doivent de faire preuve de renoncement et même profil bas pour sauvegarder
l’entente familiale. Ils n’ont pas un parcours affectif facile, ces homosexuels
de naissance mais c’est Dieu qui les a envoyés ainsi comme il nous a envoyés
nous autres hétérosexuels tels que nous sommes.
Il
est symptomatique et révélateur de la croyance généralisée, que la plupart des
consultants n’aient pas, un tant soit peu, fait sa part à l’homosexualité de
naissance et qu’ils aient axé leur raisonnement exclusivement sur l’unicité du
phénomène. Ils ont même rejeté le principe de la dissociation.
J'hallucine.
Je veux dire que je n’en crois pas mes oreilles quand j’entends traiter avec
une si totale intolérance digne des plus lointains temps de l’Inquisition et
des autodafés, les homosexuels nés, tout comme ceux de fortune, de malades et
que l’on les renvoie sans état d’âme dans les hôpitaux. Cela tout simplement
parce que, en appelant un chat un chat, ils ne se prévalent pas des mêmes
habitudes que nous, parce qu’ils ne cheminent pas avec quelqu’un du sexe opposé
comme nous, parce qu’ils ne font pas l’amour comme nous, parce que le coït anal
nous rebute alors que nous autres hétérosexuels n'avons d’yeux que pour le
vaginal que nous trouvons naturel et jouissif. Ce comportement d’exclusion
s’avère en tous points l'inverse des valeurs cardinales chrétiennes de
tolérance, de charité et d’acceptation de l'autre sans compter que le
raisonnement lui-même qui le soustend laisse à désirer. En effet, l’on nous
oppose ce que démontre la physique sur des éléments existant dans la nature en
tirant par voie de conséquence que tout ce qui lui est contraire, en
l’occurrence les homosexuels de naissance, devra disparaitre de la surface de
la terre. Le hic, c’est que le principe en question a pris corps sur des
éléments existant déjà dans la nature et non pas dans l’utérus d’une maman ; et
il n’y a pas d'éléments d’interaction là-bas pour éventuellement faire barrage
aux gènes d’un homosexuel en situation de gestation. De plus, l’on est fondé en
la circonstance, à opposer à ce principe de physique celui du cycle de la vie
lié à l’hérédité de l’éminent ecclésiastique Gregor Mendel. D’un autre côté, je
ne perçois pas bien comment il est réducteur de chercher à faire le distinguo
entre homos de naissance et homos de fortune. C’est bien au contraire, un
approfondissement, et partant, un enrichissement du débat. Non ! Il n'est pas
réducteur ce débat à moins que l’on cherche à l’éviter en le balayant du revers
de la main. Par ailleurs, comment peut-on faire l’impasse sur un tel sujet
devenu tout à la fois si hautement actuel et social sous prétexte de le
respecter en raison de sa délicatesse et de la foi de chaque chrétien ? Bien
qu’ayant une consonance religieuse, le débat que nous menons ne ressort pas de
la foi, mais de la raison. Il est vrai cependant qu’une fois la dissociation
établie par la raison, les attitudes du bon chrétien envers les homos de
naissance relèvent effectivement de la foi et des préceptes évangéliques.
Dans
notre prochaine livraison nous essaierons de comprendre pourquoi l’Eglise
n'établit pas la différence entre les homosexuels, mais qu’il soit d’ores et
déjà bien entendu que nous avons la plus profonde aversion et que nous irons
jusqu’à ''sainte horreur'' et l'exécration pour les homosexuels de fortune qui
ne nous paraissent rien d’autre que des dépravés. Nous luttons avec les
homosexuels pour faire admettre qu’à côté des dépravés sexuels il y en a
d’honnêtes.
C’est
faire un effort intellect d’analyse et je convie tout intellectuel de bonne
volonté à le faire.
Candide Ahouansou