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Institutionnalisation du Nouveau Type de Citoyens: Un défi pour une démocratie participative en Afrique

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Matinou Boladji Romaric Mouftaou Matinou Boladji Romaric Mouftaou

La démocratie ne peut prospérer sans un engagement actif des citoyens. Pourtant, en Afrique, la participation des citoyens dans l’élaboration des politiques publiques reste limitée. Si l’acte de voter est bien ancré, la contribution aux décisions publiques demeure marginale. C’est dans ce contexte que le concept du Nouveau Type de Citoyens (Ntc), initié en 2020 au Bénin, s’impose comme un levier essentiel pour réformer la citoyenneté et redonner aux populations un rôle central dans la gouvernance.

Par   Matinou Boladji Romaric MOUFTAOU, le 13 mars 2025 à 08h09 Durée 3 min.
#Nouveau Type de Citoyens

Le Nouveau Type de Citoyens (Ntc) repose sur l’idée que chaque individu doit non seulement jouir de ses droits, mais aussi assumer pleinement ses responsabilités envers la collectivité. Inspiré par des principes de gouvernance participative, ce concept a été reconnu par l’Union africaine en 2020 et le Conseil de l’Europe en 2022 comme une approche innovante d’éducation citoyenne.

L’objectif du Ntc est clair : former un citoyen engagé, informé et proactif, qui contribue activement aux politiques publiques et au développement de son pays. Ce modèle s’oppose à une démocratie passive où le citoyen se limite au vote et à la contestation sporadique, sans réelle implication dans la gestion des affaires publiques.

Le Ntc vise également à transformer la culture politique en encourageant une citoyenneté responsable et engagée. À travers des campagnes de sensibilisation et des formations, il permet aux citoyens de mieux comprendre leurs droits et devoirs, et d’interagir de manière constructive avec les institutions publiques.

Pourquoi institutionnaliser le concept Ntc ?

L’expérience démontre que la participation citoyenne peut transformer la gouvernance et renforcer la légitimité démocratique. Toutefois, pour qu’elle devienne une réalité durable, il est essentiel que les États adoptent des mécanismes institutionnels et législatifs favorisant cette participation.

L’institutionnalisation du Ntc signifie que les gouvernements doivent :

1. Intégrer l’éducation citoyenne dans les programmes scolaires pour inculquer dès le plus jeune âge une culture de responsabilité et d’engagement.

2. Créer des instances de participation citoyenne permettant aux populations de prendre part aux débats et décisions publiques.

3. Garantir un accès libre à l’information afin que chaque citoyen puisse exercer son droit de regard sur la gestion publique.

4. Valoriser la société civile et les mouvements citoyens, véritables relais entre les gouvernants et les gouvernés.

5. Mettre en place des plateformes numériques participatives pour permettre une interaction continue entre l’État et les citoyens.

6. Créer des observatoires citoyens qui évaluent régulièrement les politiques publiques et assurent leur suivi participatif.

7. Encourager les initiatives locales qui favorisent la démocratie participative, notamment en impliquant les collectivités territoriales dans la prise de décisions.

8. Renforcer le cadre législatif en introduisant des lois garantissant la consultation citoyenne dans l’élaboration des politiques publiques et en instaurant des sanctions pour les institutions qui ne respecteraient pas ces principes.

9. Inscrire la participation citoyenne dans la Constitution, en garantissant son application à tous les niveaux de la gouvernance.

10. Adopter une loi sur la démocratie participative, inspirée d’exemples internationaux, pour structurer l’engagement citoyen et assurer son effectivité.

Le cadre législatif et la nécessité d’une réforme juridique

Pour que le concept du Ntc prenne racine durablement, il est impératif d’établir un cadre juridique robuste garantissant son application. Actuellement, plusieurs pays africains, dont le Bénin, disposent de lois sur la gouvernance participative, mais leur mise en œuvre reste souvent lacunaire.

Une réforme juridique devrait inclure :

• L’obligation pour les institutions publiques de consulter les citoyens avant toute décision majeure, avec des mécanismes clairs et accessibles.

• L’officialisation des conseils citoyens au niveau communal, départemental et national pour assurer une représentativité équilibrée.

• Un droit opposable à la participation, permettant aux citoyens de saisir les tribunaux si leur droit à être consultés est bafoué.

• Un fonds national pour la participation citoyenne, visant à financer des initiatives locales et encourager l’implication des populations dans la gouvernance.

• Des campagnes de sensibilisation massives pour informer les citoyens sur leur rôle et leurs droits dans la gouvernance participative.

• L’implication des institutions académiques et des chercheurs pour fournir des études et des recommandations basées sur des données empiriques.

En intégrant ces mesures dans la loi, les États africains pourront institutionnaliser durablement la participation citoyenne et garantir son efficacité.

L’impact de la législation sur la participation citoyenne

Un cadre juridique fort et contraignant est indispensable pour assurer l’implication des citoyens dans la gestion publique. Les pays qui ont légiféré en faveur de la démocratie participative montrent des résultats significatifs en matière de transparence et de responsabilisation des dirigeants.

Par exemple, l’Afrique du Sud a intégré dans sa Constitution des mécanismes permettant aux citoyens d’accéder aux informations publiques et de participer activement aux prises de décisions. Le Bénin pourrait s’inspirer de ces modèles pour renforcer son cadre législatif en faveur du Ntc.

Un enjeu crucial pour l’Afrique

L’Afrique, malgré son dynamisme démocratique croissant, peine encore à garantir une véritable inclusion citoyenne. Trop souvent, les décisions politiques restent l’apanage d’une élite dirigeante, coupée des réalités du terrain. L’institutionnalisation du concept Nouveau Type de Citoyens offre une opportunité unique de combler ce fossé.

Si les gouvernements africains s’engagent résolument dans cette voie, ils pourront bénéficier d’un renforcement de la cohésion sociale, d’une réduction des conflits liés à la gouvernance et d’une meilleure adhésion des citoyens aux réformes politiques et économiques.

Conclusion : Un appel à l’action

L’institutionnalisation du concept Ntc est une nécessité impérieuse pour bâtir une démocratie plus inclusive et dynamique en Afrique. Il ne suffit plus que les citoyens soient de simples spectateurs du jeu politique. Ils doivent en être des acteurs clés.

Les États africains ont une opportunité historique d’encadrer et de valoriser la participation citoyenne à travers des réformes structurelles adaptées. En donnant à chaque citoyen les moyens de s’impliquer activement dans la gestion publique, ils poseront les bases d’un développement plus harmonieux, équitable et durable.

Le Nouveau Type de Citoyens n’est pas une simple idée : c’est une révolution nécessaire pour l’avenir démocratique de l’Afrique.

Doctorant, Centre d’Etudes Sociologiques et de Science Politique (CESPo)
Université D’Abomey-Calavi
Fondateur du Mouvement Nouveau Type de Citoyens