La Nation Bénin...
La
démocratie ne peut prospérer sans un engagement actif des citoyens. Pourtant,
en Afrique, la participation des citoyens dans l’élaboration des politiques
publiques reste limitée. Si l’acte de voter est bien ancré, la contribution aux
décisions publiques demeure marginale. C’est dans ce contexte que le concept du
Nouveau Type de Citoyens (Ntc), initié en 2020 au Bénin, s’impose comme un
levier essentiel pour réformer la citoyenneté et redonner aux populations un
rôle central dans la gouvernance.
Le
Nouveau Type de Citoyens (Ntc) repose sur l’idée que chaque individu doit non
seulement jouir de ses droits, mais aussi assumer pleinement ses
responsabilités envers la collectivité. Inspiré par des principes de
gouvernance participative, ce concept a été reconnu par l’Union africaine en
2020 et le Conseil de l’Europe en 2022 comme une approche innovante d’éducation
citoyenne.
L’objectif
du Ntc est clair : former un citoyen engagé, informé et proactif, qui contribue
activement aux politiques publiques et au développement de son pays. Ce modèle
s’oppose à une démocratie passive où le citoyen se limite au vote et à la
contestation sporadique, sans réelle implication dans la gestion des affaires
publiques.
Le Ntc vise également à transformer la culture politique en encourageant une citoyenneté responsable et engagée. À travers des campagnes de sensibilisation et des formations, il permet aux citoyens de mieux comprendre leurs droits et devoirs, et d’interagir de manière constructive avec les institutions publiques.
Pourquoi
institutionnaliser le concept Ntc ?
L’expérience
démontre que la participation citoyenne peut transformer la gouvernance et
renforcer la légitimité démocratique. Toutefois, pour qu’elle devienne une
réalité durable, il est essentiel que les États adoptent des mécanismes
institutionnels et législatifs favorisant cette participation.
L’institutionnalisation
du Ntc signifie que les gouvernements doivent :
1.
Intégrer l’éducation citoyenne dans les programmes scolaires pour inculquer dès
le plus jeune âge une culture de responsabilité et d’engagement.
2.
Créer des instances de participation citoyenne permettant aux populations de
prendre part aux débats et décisions publiques.
3.
Garantir un accès libre à l’information afin que chaque citoyen puisse exercer
son droit de regard sur la gestion publique.
4.
Valoriser la société civile et les mouvements citoyens, véritables relais entre
les gouvernants et les gouvernés.
5.
Mettre en place des plateformes numériques participatives pour permettre une
interaction continue entre l’État et les citoyens.
6.
Créer des observatoires citoyens qui évaluent régulièrement les politiques
publiques et assurent leur suivi participatif.
7.
Encourager les initiatives locales qui favorisent la démocratie participative,
notamment en impliquant les collectivités territoriales dans la prise de
décisions.
8.
Renforcer le cadre législatif en introduisant des lois garantissant la
consultation citoyenne dans l’élaboration des politiques publiques et en
instaurant des sanctions pour les institutions qui ne respecteraient pas ces
principes.
9.
Inscrire la participation citoyenne dans la Constitution, en garantissant son
application à tous les niveaux de la gouvernance.
10. Adopter une loi sur la démocratie participative, inspirée d’exemples internationaux, pour structurer l’engagement citoyen et assurer son effectivité.
Le
cadre législatif et la nécessité d’une réforme juridique
Pour
que le concept du Ntc prenne racine durablement, il est impératif d’établir un
cadre juridique robuste garantissant son application. Actuellement, plusieurs
pays africains, dont le Bénin, disposent de lois sur la gouvernance
participative, mais leur mise en œuvre reste souvent lacunaire.
Une
réforme juridique devrait inclure :
•
L’obligation pour les institutions publiques de consulter les citoyens avant
toute décision majeure, avec des mécanismes clairs et accessibles.
•
L’officialisation des conseils citoyens au niveau communal, départemental et
national pour assurer une représentativité équilibrée.
•
Un droit opposable à la participation, permettant aux citoyens de saisir les
tribunaux si leur droit à être consultés est bafoué.
•
Un fonds national pour la participation citoyenne, visant à financer des
initiatives locales et encourager l’implication des populations dans la
gouvernance.
•
Des campagnes de sensibilisation massives pour informer les citoyens sur leur
rôle et leurs droits dans la gouvernance participative.
•
L’implication des institutions académiques et des chercheurs pour fournir des
études et des recommandations basées sur des données empiriques.
En intégrant ces mesures dans la loi, les États africains pourront institutionnaliser durablement la participation citoyenne et garantir son efficacité.
L’impact
de la législation sur la participation citoyenne
Un
cadre juridique fort et contraignant est indispensable pour assurer
l’implication des citoyens dans la gestion publique. Les pays qui ont légiféré
en faveur de la démocratie participative montrent des résultats significatifs
en matière de transparence et de responsabilisation des dirigeants.
Par
exemple, l’Afrique du Sud a intégré dans sa Constitution des mécanismes
permettant aux citoyens d’accéder aux informations publiques et de participer
activement aux prises de décisions. Le Bénin pourrait s’inspirer de ces modèles
pour renforcer son cadre législatif en faveur du Ntc.
Un
enjeu crucial pour l’Afrique
L’Afrique,
malgré son dynamisme démocratique croissant, peine encore à garantir une
véritable inclusion citoyenne. Trop souvent, les décisions politiques restent
l’apanage d’une élite dirigeante, coupée des réalités du terrain.
L’institutionnalisation du concept Nouveau Type de Citoyens offre une
opportunité unique de combler ce fossé.
Si
les gouvernements africains s’engagent résolument dans cette voie, ils pourront
bénéficier d’un renforcement de la cohésion sociale, d’une réduction des
conflits liés à la gouvernance et d’une meilleure adhésion des citoyens aux
réformes politiques et économiques.
Conclusion
: Un appel à l’action
L’institutionnalisation
du concept Ntc est une nécessité impérieuse pour bâtir une démocratie plus
inclusive et dynamique en Afrique. Il ne suffit plus que les citoyens soient de
simples spectateurs du jeu politique. Ils doivent en être des acteurs clés.
Les
États africains ont une opportunité historique d’encadrer et de valoriser la
participation citoyenne à travers des réformes structurelles adaptées. En
donnant à chaque citoyen les moyens de s’impliquer activement dans la gestion
publique, ils poseront les bases d’un développement plus harmonieux, équitable
et durable.
Le Nouveau Type de Citoyens n’est pas une simple idée : c’est une révolution nécessaire pour l’avenir démocratique de l’Afrique.