La Nation Bénin...
Les directives nécessaires transmises aux collaborateurs respectifs pour engager le processus d’intégration économique entre les deux pays
Le président Patrice Talon a exprimé une vision claire et
déterminée de l’intégration économique régionale, lors du Sommet des chefs
d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
(Cedeao).
Finies les illusions de l’aide internationale. Pour Patrice Talon, le salut économique viendra d’abord des efforts internes. Et c’est avec le Nigeria que le Bénin entend franchir un nouveau cap dans l’intégration sous-régionale. Lors de son adresse au sommet des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) tenu à Abuja, les 20 et 21 juin, il a insisté sur la nécessité pour les pays africains de prendre en main leur propre développement, en se détachant du schéma classique de l’aide internationale. « L’aide internationale n’existe plus et n’existera plus », a-t-il affirmé d’entrée, avant de poursuivre : « Le seul moyen pour nos populations de sortir de la pauvreté est de faire les efforts nécessaires pour notre propre développement. » Évoquant la politique économique extérieure des États-Unis, Patrice Talon y voit une leçon pour les pays africains : « Nous observons le pays le plus puissant du monde défendre ses intérêts au centime près, au mépris de la coopération internationale. Cette déclaration de guerre commerciale lancée par les États-Unis au monde entier est une façon de nous réveiller. À la limite, nous devrions saluer le président Trump pour ce coup de fouet qu’il nous donne. »
L’exemple
Au-delà du constat global, le président Patrice Talon a
annoncé une initiative concrète en matière d’intégration économique. Il a
révélé avoir mandaté son ministre des Finances pour porter un message personnel
au président nigérian Bola Ahmed Tinubu, en préparation de ce sommet. « J’ai
récemment envoyé mon ministre des Finances porter un message au président
Tinubu pour la préparation de ce sommet. J’ai prié le président Tinubu
d’accepter que le Bénin et le Nigeria soient les pionniers du passage à un
nouveau palier en termes d’intégration. » Il a ensuite informé l’ensemble de
ses pairs de l’engagement pris conjointement avec le Nigeria : «Je voudrais
prendre toute la salle à témoin, ainsi que les citoyens du Bénin et du Nigeria,
que le président Tinubu et moi sommes d’accord pour que le Bénin et le Nigeria
intègrent effectivement leurs économies. »
Selon le président Patrice Talon, les directives
nécessaires ont été transmises à leurs collaborateurs respectifs pour engager,
sans délai, le processus d’intégration économique entre les deux pays. Il
s’agit, a-t-il laissé entendre, d’un passage à un niveau supérieur de
coopération bilatérale, susceptible d’inspirer les autres pays de la
sous-région. La déclaration du président béninois s’inscrit dans un contexte où
la Cedeao est régulièrement interpellée sur la lenteur de l'intégration
économique entre ses États membres. En plaçant l’axe Bénin-Nigeria au cœur de
sa stratégie, Patrice Talon propose une dynamique nouvelle, fondée sur une
coopération économique réelle, concrète et bilatérale, au-delà des cadres
traditionnels.
A travers cet engagement réciproque avec le Nigeria, il espère ouvrir la voie à une intégration communautaire plus pragmatique, portée par des initiatives nationales fortes. Le sommet d’Abuja aura ainsi servi de cadre à la mise en chantier d’un projet inédit dans l’espace Cedeao, l’intégration effective de deux économies frontalières majeures, par une volonté politique assumée.