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La réponse du ministre de l’Economie et des Finances aux questions des députés

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Par   Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau, le 22 juin 2016 à 08h11

«…2014 a marqué, en fait, le début d’une aggravation de nos agrégats macroéconomiques. 2014 a marqué l’accélération de la gabégie de la gestion des Finances publiques. Nous avons noté les commentaires de la Chambre des comptes de la Cour suprême et nous ferons tout pour limiter ce qui est limitable (…) Je vais juste demander votre indulgence pour 2016 parce que 2016 était mal partie.

Pour 2016, les commentaires des membres de la Chambre des comptes sont déjà présents pour les 3 premiers mois. Malheureusement, on ne peut pas toujours refaire l’histoire. Donc, l’année prochaine, je viendrai ici et j’aurai des commentaires sur 2016. C’est ma responsabilité et la responsabilité de l’administration de contenir le reste de l’année pour que globalement, la qualité de l’exécution du budget 2016 soit au rendez-vous…
Je viens maintenant à la question du Fonds monétaire international (Fmi). Je comprends les interrogations des uns et des autres. Mais je voudrais déjà commencer par dire que le Fmi est intervenu l’année passée entre août et septembre, sur la base des données économiques à fin juin 2015. Le Fmi est intervenu cette fois-ci en juin 2016 à la demande du gouvernement dans sa volonté de rentrer dans un programme avec le fonds en se basant sur des données à fin mai 2016. Donc, les commentaires ne sont pas liés à la même période. Je vais vous donner deux exemples très simples vérifiables par tous pour expliquer la différence de ton qu’on peut noter dans le rapport précédent du Fmi et l’actuel rapport. Nous avons aujourd’hui environ 2200 milliards FCFA de dette. Entre janvier et mars 2016, le gouvernement précédent a signé des contrats qui ont conduit à augmenter l’endettement du Bénin à plus de 1200 milliards FCFA. Comment est-ce qu’en trois mois, on peut hypothéquer l’avenir de nos enfants en signant des contrats sur des investissements avec des crédits à trois ou sept ans à des taux de 8% pour financer des routes qui ne relient pas des pôles d’activités économiques.
Quand le Fonds monétaire international arrive, il constate que le taux d’endettement du Bénin explose de 40% à plus de 70% (…) Les chiffres sont là. Il ne s’agit pas de manipulation. Le
deuxième élément sur le Fmi, vous savez tous qu’en décembre 2015, le gouvernement a émis pour 250 milliards FCFA de dette. Quand le Fmi se rend compte de ça, c’est normal qu’il s’inquiète. S’il y a un besoin d’information, on peut relire le rapport et regarder les données qui ont servi d’arguments au Fmi…
Par rapport à la question de la masse salariale, je trouve que c’est une question préoccupante. Quand vous êtes ministre de l’Economie et des Finances et que dans le budget, vous avez plus de 40% consacré à la masse salariale, que vous avez le service de la dette, que vous devez faire des investissements de maintien, des investissements productifs, vous finissez toujours avec un budget qui n’est pas équilibré. Une fois que le constat a été fait, nous avons pris dès les premières semaines des mesures. Nous avons supprimé le décret accordant des avantages complémentaires aux secrétaires généraux et aux directeurs de cabinets des ministères. Ça c’est un exemple de mesure que nous avons prise pour contenir la masse salariale. Nous avons également pris des mesures pour contenir les commissions. Parlant de la masse salariale, il y avait aussi tout ce qui est perdiem, frais de mission payés aux fonctionnaires aux heures de service pour travailler sur des sujets pour lesquelles ils sont payés. Il y a des commissions qui sont pertinentes et pour lesquelles on continuera à donner des moyens pour que le travail soit fait. Mais il fallait limiter le recours systématique aux commissions et s’éloigner de Cotonou pour travailler sur des sujets qui n’ont pas besoin qu’on soit à Bohicon ou à Parakou alors qu’on peut se parler entre deux bureaux. Ce n’est pas qu’il n’aura plus de commission ou qu’il n’y aura plus de moyens pour les commissions. Les commissions auront des moyens, mais nous avons décidé d’encadrer les commissions.
Nous avons pris des mesures pour supprimer les postes de chargé de mission par exemple. C’est généralement des fonctions dans lesquelles on ne retrouve pas les agents permanents de l’Etat. Le cabinet d’un ministre ayant un caractère politique, on retrouve parfois des gens qui ont les compétences, mais qui font grimper la masse salariale (…)
Nous avons pris en deux mois, trois mesures fortes pour que dès 2017, nous limitions ce dérapage.
Nous avons également pris la décision de travailler sur le sujet de façon structurelle. Nous allons en septembre prochain faire un contrôle physique. Nous allons organiser le paiement des salaires par contrôle physique pour qu’on s’assure que les personnes que nous payons existent vraiment. Si nous ne maîtrisons pas notre masse salariale, nous ne pourrons pas investir dans le développement… » ?