La Nation Bénin...
La modification du Code électoral au
parlement, le 5 mars dernier, suscite nombre de réactions dont celle du
professeur Gilles Gohy, politologue. Il apprécie les innovations portées à cet
instrument électoral qui pourraient, si validées par la Cour constitutionnelle,
induire, à l’en croire, un changement qualitatif dans la vie politique au
Bénin.
La Nation : Un nouveau code électoral est
adopté par le parlement. En attendant le verdict de la Cour à l’issue du
contrôle de constitutionnalité, quelles sont vos appréciations?
Pr Gilles Gohy : Il s'agit d'un code
totalement rassembleur et crisophobe. Code crisophobe parce que parfaitement
exempt de germes de crises, comme le code précédent qualifié bien à tort de
"crisogène" et d'exclusion. Ce nouveau Code est totalement inclusif.
C'est un Code de consensus porteur d'unité nationale puisque conçu et voté par
l'arène politique (le Parlement) . L'hymne national a jailli à son adoption par
la majorité des députés présents, pour montrer qu'il a été voté dans la
solidarité, la fraternité et la concorde nationale. Le nouveau code met
définitivement fin à la transhumance politique au Bénin. Avec ce code, la
prostitution politique est effectivement conduite à sa dernière demeure et le
parti retrouve sa préséance, ses lettres de noblesse. Ce code pose résolument
les bases d'avènement et d'enracinement de grands partis politiques au Bénin ;
des partis politiques représentatifs au niveau national car disposant d'un
ancrage sur toute l'étendue du territoire national. C'est donc la fin des partis
régionaux et régionalistes comme par le passé, des clubs électoraux
spécialistes des surenchères et marchandages politiques, qui mettent à mal le
développement du pays et la création d'un Bénin fort et puissant.
Ce code instaure un accord de gouvernance
différent d'une alliance politique parce que c'est juste un contrat de
solidarité inter-partisane et de concorde nationale. Enfin, la dernière
innovation que j'ai retenue du nouveau code, c'est la caution de candidature
divisée par 2, passant ainsi de 50 millions à 25 millions, sur proposition de
l'Opposition qui crie pourtant toujours à l'exclusion, comme d'habitude !
Visiblement, vous approuvez les nouvelles dispositions, pourtant, l’opposition crie à l'exclusion. Qu'en dites-vous ?
C’est de l'opposition systématique. Ils
nous ont habitués à ne voir que des montagnes là où il n'y a même pas de
taupinières. Rien, absolument rien n'est bon s'il ne provient d'eux !
D'aucuns disent que les dispositions sont corsées. Quelle est votre lecture ?
"Corsées ?" Non ! Je dirais
plutôt des "dispositions appropriées pour la réussite de la réforme du
système partisan du Bénin." En effet, l'objectif de cette réforme, c'est
de permettre aux partis politiques du Bénin de jouer leur rôle constitutionnel
à savoir, l'animation exclusive de la vie politique qui promeut d'office le
développement du Bénin. Cette réforme vise ainsi à terme un nombre extrêmement
réduit de partis politiques forts à envergure nationale et préoccupés par le
développement intégral et uniforme du pays. Il s'agit donc d'une justice
sociale agissante qui constitue le moyen de la politique envisagée. "On ne
fait pas de l'omelette sans casser des œufs !" dit-on, pour montrer que
désormais,"... ne fait plus la politique aux fins d'exercice du pouvoir
central qui veut mais qui peut !". Objectivement, je demeure convaincu que
ce sont ces dispositions favorables au succès de la réforme du système partisan
du Bénin qu'il faut actuellement.
Les députés ne sont-ils pas allés au-delà de la décision de la Cour constitutionnelle sur le parrainage ?
Pas du tout ! Ils sont totalement dans
leurs prérogatives. Chaque duo de candidat doit obtenir 5 % du total des
parrainages, provenant de 3/5 des circonscriptions électorales. Ces deux
pourcentages obéissent à une logique agissante. Ce sont plutôt des éléments
clés de la réussite de la réforme du système partisan du Bénin. J’y adhère
parfaitement.
Elections générales en 2026. Quels sont les enjeux qui nécessitent la mise en place d’un tel code électoral ?
Les élections générales sont une première dans le Bénin démocratique et fort de ce que le président Patrice Talon ambitionne de laisser aux futures générations. Il s'agit de faire du Bénin une grande Nation démocratique grâce à la réussite de la réforme du système partisan qui en est la condition ultime.
Votre appel aux acteurs politiques.
Qu’ils commencent dès à présent à
travailler résolument à la bonne maîtrise du nouveau code pour éviter les
agitations stériles futures.
Pr Gilles Gohy