Législatives 2023 : La bataille des femmes
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Par
Arnaud DOUMANHOUN, le 15 mars 2022
à
10h15
109 sièges dont 24 exclusivement réservés aux femmes sont à répartir dans 24 circonscriptions électorales. Les exigences du législateur présagent une rude bataille de positionnement entre femmes au sein des formations politiques.
La guerre de leadership pourrait changer de camp au sein des partis politiques. Jadis reléguées au second rang, bénéficiant de très peu d’attention, comme en témoignent leurs taux de représentativité au sein des organes de prise de décision, les femmes pourraient, cette fois-ci, peser de tout leur poids dans le challenge qui s’annonce pour janvier 2023. Une lecture combinée des articles 144 et 145 de la loi 2019-43 portant code électoral permet de relever que « le nombre de députés à l’Assemblée nationale est de cent neuf (109) dont vingt-quatre sièges exclusivement réservés aux femmes. Chaque liste comprend un nombre de candidats égal à celui des sièges à pourvoir dont une femme et sa suppléante spécialement présentées au titre des sièges réservés ». Pour se conformer à ces dispositions, les partis politiques, dirigés pour l’heure par des hommes, devront faire figurer en bonne place les femmes sur les listes à déposer au siège de la Commission électorale nationale autonome (Cena) dans le cadre des prochaines législatives. Ce serait déjà le premier point d’achoppement.
Le positionnement des femmes pour les 24 sièges réservés d’office risque d'être une tâche ardue. L’enjeu est de taille. Entre femmes, ce n’est pas toujours la lune de miel, encore que les enjeux sont colossaux. Si la volonté du législateur est de voir améliorée la représentativité des femmes au Parlement, la loi ne définit pas les critères pour la sélection de celles qui partiront favorites. La décision reste interne au parti, qui d’ailleurs devra être très regardant sur les profils, aux fins de réaliser une meilleure performance dans la circonscription électorale. Le clientélisme, les affinités, l’ancienneté dans le parti ne suffiront plus à satisfaire à toutes les exigences du législateur.
Le challenge est entier
En effet, selon l’article 146 du Code électoral, seules les listes, ayant recueilli au moins 10 % des suffrages valablement exprimés au plan national, sont éligibles à l’attribution des sièges. Il est procédé, au profit des listes éligibles, à une première attribution de quatre-vingt-cinq (85) sièges suivant le système du quotient électoral. Et sans préjudice de l’élection des femmes à cette première attribution, une seconde attribution est faite à raison d’un siège exclusivement réservé aux femmes par circonscription électorale. Ce siège est attribué à la liste ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages valablement exprimés dans la circonscription électorale parmi les listes éligibles de la circonscription, au profit de la candidate présentée à ce titre. C’est la règle de la plus forte moyenne. A l’évidence, la position de favorite ne garantit pas d’office le siège réservé, si le parti ne vient pas en tête dans la circonscription électorale concernée. Ce petit plus du législateur, comme prime à la performance d’une formation politique qui règne en maître dans sa circonscription électorale, est un élément supplémentaire qui doit être pris en compte dans les choix à opérer lors des positionnements sur les listes de candidatures.
Femme d’accord, mais capable d’abord. Il ne s’agira donc pas de souffler à l’occasion sur les germes de division, ou d’entretenir des querelles de personnes, mais plutôt de faire preuve de réalisme pour l’intérêt du parti. A vrai dire, un parti gagnerait à positionner le double du quota fixé par le législateur, soit 48 femmes sur les 109 députés attendus pour les législatives. Quoi qu’il en soit, la bataille des femmes aura lieu. C’est tout le mal qu’on peut souhaiter à une société qui se métamorphose et à sa démocratie. De Karimama à Gogounou, ou de Ségbana à Boukoumbé, la campagne électorale sera davantage relevée avec ces vaillantes femmes, qui défileront dans nos hameaux ou quartiers de ville à la conquête des électeurs.