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Liberté de la presse: Entre vigilance, espoir et transformation numérique

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La célébration de la journée du 3 mai n’a nullement occulté les grandes préoccupations de l’heure La célébration de la journée du 3 mai n’a nullement occulté les grandes préoccupations de l’heure

La célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse a rassemblé professionnels des médias, régulateurs et partenaires autour des enjeux majeurs du journalisme à l’ère de l’intelligence artificielle, samedi 3 mai dernier, au siège de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) à Cotonou.

 

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 06 mai 2025 à 07h51 Durée 3 min.
#journée mondiale de la liberté de la presse

Dans une atmosphère à la fois solennelle et fraternelle, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) a abrité la cérémonie officielle de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse. « Informer dans un monde compliqué : l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et les médias».

C’est autour de cette thématique que les participants ont allié festivités et réflexions. Zakiath Latoundji, présidente de l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb), a indiqué que la liberté de la presse reste un chantier permanent. Elle a rappelé les avancées enregistrées en matière d’ouverture de l’espace médiatique, mais également les menaces persistantes dont les pressions de toutes sortes, l’autocensure grandissante, les restrictions d’accès à l’information publique, les risques judiciaires et la surveillance accrue via les outils numériques. Elle a surtout attiré l’attention sur la précarité des journalistes béninois, confrontés à des salaires dérisoires, à l’absence de contrats et à une couverture sociale quasi inexistante. Zakiath Latoundji va plaider pour des réformes structurelles permettant aux professionnels de vivre dignement de leur métier.

Evariste Hodonou, président du Conseil national du patronat de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa-Bénin), a, quant à lui, alerté sur les usages incontrôlés de l’intelligence artificielle dans la production de contenus médiatiques. Il a dénoncé la tendance à relayer des informations non vérifiées générées par des machines ou issues des réseaux sociaux, et plaidé pour un retour à l’exigence d’une rigueur professionnelle fondée sur l’éthique et la déontologie.

A la suite des faîtières, Édouard Loko, président de la Haac, a évoqué les deux facettes de l’intelligence artificielle. Il a reconnu les gains de rapidité et d’accès à l’information qu’elle offre, tout en soulignant les risques de manipulation et de désinformation. Il a cité le cas d’un faux message de soutien attribué à l’artiste Maître Gims grâce à un montage vidéo truqué. Mais pour lui, l’intelligence artificielle n’est pas le principal défi des médias africains, mais plutôt ce qu’il nomme « la démocratie artificielle », marquée par des règles imposées de l’extérieur, parfois contournées par ceux qui les édictent. Il a insisté sur l’assainissement nécessaire du secteur des médias et annoncé le déblocage prochain de l’aide de l’Etat à la presse.

Dans le cadre de ces festivités, le nouveau site web de la Haac a été présenté par Lionel Gbègonnoudé, conseiller et président de la Commission des techniques et technologies de l’information et de la communication. Ce portail numérique permet désormais aux professionnels de soumettre en ligne leurs demandes de carte de presse, d’accréditation ou de laissez-passer, avec pour objectif de rendre l’institution plus accessible et plus efficace. La célébration s’est achevée dans la convivialité avec le partage du traditionnel « mouton de la Haac», symbole des retrouvailles et de l’unité retrouvée entre les acteurs de la régulation et les professionnels des médias.