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Médias en ligne : Les défis face à l’Infox !

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Par   Fulbert Adjimehossou, le 04 mars 2022 à 14h48
Les experts invités à la rentrée journalistique de La Nation ont mis l’accent sur la responsabilité des médias en ligne face aux fausses nouvelles. L’infox un virus en pleine émergence et dont il faut se préoccuper. Tiburce Adagbè, patron de presse, fait remarquer qu’il devient difficile aujourd’hui de faire la nuance entre le professionnel et celui qui ne l'est pas. Ceux qui étaient sources d’informations hier deviennent des fournisseurs directs d’information au public. Pire, c’est quand les journalistes eux-mêmes se laissent emporter par la quête du scoop. « C’est un vrai problème. C’est criminel qu’un journaliste fonctionne sur la base de ce qu’on appelle le buzz. Vous ne pouvez pas être tout le temps celui qui donne l’appel du jour. Il faut même savoir jouer discret », déplore l’auteur du livre « Mémoire de chaudron ». Pour le moment, pour contrer les fausses nouvelles, le Code du numérique est plus sollicité, créant un environnement jugé trop répressif, selon les acteurs. Tiburce Adagbè en appelle à la responsabilité du journaliste. « Si vous êtes vraiment journaliste, vous ne devez pas avoir l’œil sur la répression pour faire ce que vous avez à faire. Je n’ai pas le sentiment que le médecin a l’œil sur ce qui pourrait lui arriver devant un juge. Pour quelle raison, c’est le journaliste qui doit avoir la répression comme indicateur pour fonctionner? C’est comme si nous sommes potentiellement des hors-la-loi qui ne peuvent évoluer qu’en ayant comme repère le tribunal », a-t-il fustigé. Un défi pour les régulateurs Le contexte de développement des médias en ligne et les menaces liées aux fausses nouvelles forcent les régulateurs à redoubler de vigilance, voire à changer de paradigme. Serge Adjovi, directeur général de l'Agence des Services et Systèmes d'information (Assi), propose une synergie d’actions. « Ça demande des outils technologiques importants pour jouer le rôle de régulateur désormais. C’est pour ça que beaucoup de pays vont dans la direction de fusionner leurs régulateurs. C’est le cas du Rwanda », a-t-il souligné. Dans le même temps, les médias sont appelés à mieux s’organiser pour combattre les fausses nouvelles. « Il faut que dans un pays comme le Bénin, chaque média ait son propre mécanisme de vérification d’information. Cela peut être aussi un effort commun à l’ensemble des médias pour offrir aux lecteurs ce support où l’on est sûr que c’est vrai ou non », a insisté Serge Adjovi. D’où le besoin de faire ancrer le fact checking dans le fonctionnement des médias.