La Nation Bénin...
Le débat sur l’examen et l’adoption du projet
de loi portant autorisation de ratification de l’accord de coopération
monétaire signé à Abidjan, le 21 décembre 2019, entre les gouvernements des
Etats membres de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa) et le gouvernement de
la République française, a achoppé, ce jeudi 11 janvier, à l’Assemblée
nationale à Porto-Novo.
Les députés ne comptent pas expédier le projet
de loi portant autorisation de ratification de l’accord de coopération
monétaire signé à Abidjan, le 21 décembre 2019, entre les gouvernements des
Etats membres de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa) et le gouvernement de
la République française. Ils sont décidés à examiner et à voter le dossier en
toute connaissance de cause au regard de sa sensibilité. La plénière a jugé
utile la suspension des travaux. Le temps pour les députés de s’imprégner des
tenants et des aboutissants du projet de loi. Un séminaire atelier
d’imprégnation est envisagé à cet effet pour mercredi 17 janvier prochain. Ce
qui permettra aux députés d’aborder conséquemment le texte.
Le projet de loi a été transmis au Parlement
par le gouvernement par décret n°2022-387 du 13 juillet 2022. Le rapport de la
commission en charge des Finances examiné, ce jeudi, renseigne sur l’historique
de l’accord. Lequel accord est né en 2019 de la volonté des autorités de l’Umoa
de faire progresser le fonctionnement de leur coopération monétaire avec la
France. Les discussions entre la France et ses partenaires africains ont abouti
à une proposition commune de réforme des instances et du fonctionnement de la
zone franc Umoa. Ceci suivant quatre axes à savoir : le changement de nom de la
devise en passant du «Franc Cfa » à la monnaie unique « Eco » ; la suppression
en 2020 de l’obligation de centralisation des réserves de change sur le compte
d’opérations au Trésor; le retrait de la France des principales instances de
décisions de la Zone et la mise en place concomitante de mécanismes de dialogue
et de surveillance des risques ad hoc. La concrétisation de ces propositions a
été matérialisée par la signature d’un nouvel accord de coopération monétaire
entre la France et les pays membres de l’Umoa, le 21 décembre 2019 à Abidjan en
Côte d’Ivoire, en remplacement de l’accord de coopération datant du 04 décembre
1973.
Des avancées mais...
L’accord de coopération en examen par les
députés a pour objectif de parvenir à un ensemble de réformes modernisant
l’Umoa en vue de faciliter son extension progressive à d’autres pays de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Le nouvel
accord, en termes de nouveautés, contient trois principales décisions. Il y a
l’arrêt de la centralisation des réserves de change au Trésor français, la
fermeture du compte d’opération et le transfert à la Banque Centrale des Etats
de l’Afrique de l’Ouest, des ressources disponibles dans le compte ; le retrait
de tous les représentants français des organes de décision et de gestion de
l’Umoa tels que le Conseil d’administration de la Banque centrale des Etats de
l’Afrique de l’Ouest (Bceao), la Commission bancaire et le Comité de politique
monétaire. La troisième et dernière décision a trait au changement du nom de la
monnaie Franc Cfa en Eco lorsque les pays de l’Union intègreront la nouvelle
zone Eco. La ratification de l’accord témoigne de la volonté du Bénin de
poursuivre la coopération avec les Etats de la sous-région et de promouvoir
l’intégration régionale. Mieux, le nouvel accord préserve les paramètres
économiques clefs de stabilité monétaire et de résilience de la monnaie de
l’Umoa à savoir : le maintien de la parité fixe à l’Euro et la garantie de
convertibilité illimitée de la monnaie par la France.
Dossier sensible
Seulement le débat général sur le dossier a
achoppé. Tout en relevant certaines avancées dans l’accord, les députés, tous
bords politiques confondus, ont relevé des points d’ombre et émis des réserves.
L’essentiel des préoccupations porte sur les mesures envisagées pour gérer au
mieux, les points de divergences entre le Nigeria et la Côte d’Ivoire dans le
cadre de l’avènement de la monnaie unique Eco ; l’effectivité du retrait de la
France, des principales instances de décisions de la zone Umoa ; les raisons
qui justifient le retard observé dans le processus de création de la monnaie
unique Eco ; le sort des réserves des pays de la zone franc au Trésor français,
après la création de la monnaie unique Eco ; les dispositions prises pour
assurer une bonne gestion des réserves monétaires, après le retrait de la
France ; les clarifications sur la gestion de devises dans les banques
centrales ; les dispositions prises pour assurer la résilience des politiques
économiques et financières de la Cedeao face à d’éventuelles tentatives de
déstabilisation de la monnaie Eco. A ces préoccupations, les députés ajoutent
le bilan en termes de volume et d’intérêt, des réserves de change détenues par
le Trésor français ; les raisons qui justifient le choix de la parité fixe entre
l’Eco et l’Euro ; la nouvelle appellation de la Banque centrale devant gérer la
monnaie unique et les précisions sur le terme Eco ; les dispositions prises
pour la réussite de la transition du franc Cfa à l’Eco et le point des pays
ayant ratifié le nouvel accord.
Le ministre en charge de la Justice, Yvon
Détchénou, a apporté des éléments de réponses. Mais ces réponses n’ont pas pour
autant éclairé la lanterne des députés sur leurs réserves par rapport au
dossier. Les regards sont tournés vers l’atelier d’imprégnation prévu pour
mercredi prochain. Les députés pourront être édifiés sur tous les contours du
projet de loi.
Une minutieuse étude du nouvel accord de coopération souhaitée par les députés