La Nation Bénin...
Renvoyée
au mardi 08 avril 2025, l’audience du Tribunal de première instance de Cotonou
relative au dossier Pierre Urbain Dangnivo, s’est déroulée comme prévu. Le
tribunal a écouté Julien Pierre Akpaki, ancien Dg de l’Ortb, témoin dans le
dossier, et Dr Ghislain Akabassi, un sachant. Pour son master, ce dernier avait
étudié les propriétés du «Ayokpè», un produit qu’aurait utilisé Codjo Alofa
pour endormir Dangnivo avant son assassinat supposé. Mais coup de théâtre,
Alofa dit n’avoir jamais parlé du «Ayokpè» mais plutôt de «Sokpakpè ».
«
Ayokpè » ou «Sokpakpè», quel produit aurait servi à endormir Dangnivo avant son
assassinat supposé ? Alors que le tribunal cherche à cerner les composés
phytochimiques de la plante « Ayokpè » (Picralima nitida) qu’aurait utilisé
Codjo Alofa pour maîtriser sa victime, celui-ci affirme à la surprise générale
qu’il avait parlé de «Sokpakpè», qui serait de couleur rouge, et non de «
Ayokpè ».
En
effet, pour comprendre le mécanisme par lequel la plante «Ayokpè » aurait
permis d’endormir Pierre Urbain Dangnivo, la cour a fait appel à un sachant,
intervenu en distanciel. Le Dr Ghislain Akabassi, spécialiste de la
biodiversité, qui a une connaissance de la plante en question pour avoir étudié
ses propriétés dans le cadre de son mémoire de master, il y a quelques années.
Dans sa présentation liminaire, il explique que les graines de la plante
dénommée « Ayokpè » sont utilisées, entre autres, pour soigner l’angine.
Toutefois, précise-t-il, une forte dose du produit pourrait être nocive voire
fatale. Son travail n’a pas déterminé la dose minimale du « Ayokpè » qui
pourrait tuer un homme.
«
Dr Ghislain Akabassi, quel goût le Ayokpè a : sucré, amer?», demande Me Olga
Anassidé, avocate de la partie civile, après les questions du procureur. « Très
amer », répond le scientifique. L’écorce et les graines sont aussi amères,
informe-t-il. « Le goût amer peut-il être dissimulé dans de l’eau?», demande
encore l’avocate. Dans sa réponse, Dr Ghislain Akabassi explique que même un
talokpémi d’«Ayokpè » dans un litre d’eau ne permettrait pas de dissimuler le
goût amer, car le produit est très amer. Une fois encore, Dr Ghislain Akabassi
dit ne pas savoir si la consommation du « Ayokpè » peut causer la mort
sur-le-champ, précisant que tout dépend de la dose et de la concentration. Il
ajoute qu’il s’agit d’un produit naturel et que son effet est progressif et non
instantané, comme dans le cas d’un produit synthétisé.
Pendant
la discussion, Codjo Alofa s’impatientait de parler. Le président de céans lui
demande d’attendre un instant. Quand la parole lui a été donnée, il affirme
qu’il n’a jamais parlé de « Ayokpè». « J’avais parlé de Sokpakpè qui est de couleur
rouge », affirme-t-il, prenant toute l’assistance à contrepied.
Le
procureur le relance encore sur le type de produit qu'il aurait utilisé. « Moi
je n'ai pas parlé de Ayokpè à l'époque mais plutôt de Sokpakpè. Ce sont deux
choses différentes », insiste Codjo Alofa, ajoutant qu’il ne connait pas du
tout Dangnivo. Alofa rappelle que tout ce qu’il disait lui avait été dicté et
qu’il complétait certaines choses puisqu’on lui avait promis de l’argent et sa
libération dans un bref délai. Après l’intervention de Dr Ghislain Akabassi,
l’audience a été suspendue et renvoyée à ce mercredi.
Julien Akpaki et Donatien Amoussou en désaccord
Directeur
général de l’Ortb au moment de la disparition de Dangnivo, Julien Pierre Akpaki
a été longuement cité par le coaccusé Donatien Amoussou. Il en est de même pour
les témoins Auguste Amoussou, frère aîné de Donatien, et Sévérin Koumassegbo
qui était le chargé de sécurité privée du président de la République à
l’époque.
A
la barre, Julien Pierre Akpaki reconnait Donatien Amoussou. Mais les deux ne
s’accordent pas sur les circonstances de leur première rencontre. Dans sa
déclaration, Julien Pierre Akpaki affirme que Auguste Amoussou est venu le voir
dans son bureau pour lui dire qu'il a des personnes qui ont des informations
sur la disparition du véhicule appartenant à Dangnivo. Et que sa démarche fait
suite à un communiqué diffusé sur l'Ortb invitant toute personne ayant des
informations sur la disparition du véhicule, à se manifester. C’est alors que
l’ancien Dg dit les avoir réorientés vers le chef de la sécurité privée du chef
de l’Etat.
Après
le juge-président, le procureur demande à l’ancien Dg s’il a mis Amoussou en
relation avec les services de renseignements dirigés à l'époque par Enock
Laourou. Julien Akpaki répond non. Son rôle a été d'avoir mis Amoussou en
contact avec le colonel Koumassegbo, confie-t-il, ajoutant qu’il ne connaissait
pas Auguste Amoussou. A la demande du procureur, Julien Pierre Akpaki affirme
n’avoir pas connaissance de l'ouverture d'une commission d'enquête.
Mais Donatien Amoussou conteste des séquences de la déclaration de l’ancien Dg, notamment le fait qu’il ne connait pas son grand-frère Auguste Amoussou et que c’est plutôt ce dernier qui le connait en tant que Dg Ortb et serait porté à son bureau où il s’est présenté comme un journaliste. Donatien Amoussou avait aussi signifié qu’il a partagé un repas avec l’ancien Dg à la place des Martyrs. Le Dg a balayé cette affirmation d’un revers de la main mais Donatien Amoussou est revenu à la charge affirmant que Julien Pierre Akpaki n’était pas resté longtemps à ce repas.