Réforme du code électoral au Bénin: Une nouvelle pierre à l’édifice démocratique
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La réforme du code électoral cherche à placer les partis au centre de l’échiquier politique pour en faire des acteurs à part entière de la gouvernance du pays et de son développement
Le 5 mars dernier, l’Assemblée nationale du Bénin, réunie en plénière, a voté une réforme du code électoral visant à assainir les pratiques politiques du pays et à favoriser l’unité nationale. La Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays en la matière, avait poussé cette réforme pour trancher la question des parrainages.
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Paul AMOUSSOU, le 11 mars 2024
à
06h45
Durée 4 min.
#Réforme du code électoral au Bénin
La réforme du code électoral, adoptée par une large majorité de 79 voix pour, 28 contre et une abstention, cherche à placer les partis au centre de l’échiquier politique pour en faire des acteurs à part entière de la gouvernance du pays et de son développement. Pour ce faire, les partis politiques qui voudront obtenir des sièges de députés devront réunir sous leur étiquette au moins 20 % des suffrages dans chacune des circonscriptions électorales du pays, qui sont au nombre de 24. Cette nouveauté devrait accorder aux partis politiques une réelle envergure nationale qui leur permette de défendre l’intérêt général.
C’est le propre d’une démocratie. Trop souvent dans la région, les partis politiques sont pris en otage par des intérêts particuliers, qu’ils soient ethniques ou religieux. Cette réforme électorale vise à dépasser ces clivages, s’inspirant notamment des exemples nigérian ou ghanéen. Ces deux pays de la région peuvent se targuer d’avoir des partis bien implantés sur l’ensemble du territoire national, malgré des particularismes forts. Cela se traduit par des bases démocratiques plus solides et des alternances électorales plus sereines. C’est le cas au Nigeria, où les changements de majorité depuis 2021 ne remettent pas durablement en cause la paix civile.
Légitimité nationale et transparence
Les règles d’accession à la magistrature suprême sont aussi modifiées par cette réforme. Chaque candidat à l’élection présidentielle devra réunir sous son nom 15 % du total des parrainages. Règle supplémentaire : les parrainages obtenus devront provenir de 3/5e des circonscriptions électorales législatives, soit 15 circonscriptions sur les 24 que compte le pays. Là encore, ce changement devrait se traduire par un approfondissement de l’unité nationale, le président ne pouvant pas être vu comme le chef d’un clan, mais bien comme un chef de l’Etat disposant d’un soutien populaire réparti sur l’ensemble du territoire national.
Les députés et les maires, qui fournissent les parrainages, ne pourront soutenir que les candidats appartenant à leur parti, pour éviter le débauchage de parrainages dans d’autres partis. Cette pratique, appelée transhumance politique, donne une image particulièrement cynique du jeu politique auprès des citoyens, et sape la confiance dans le modèle démocratique.
Elle est désormais révolue.
Un contexte politique apaisé
Cette réforme du code électoral ne va pas se traduire par l’éviction de la scène politique béninoise de mouvements de premier plan. Les trois partis représentés actuellement au Parlement, dont principal parti d’opposition Les Démocrates, disposent du nombre suffisant de parrains pour briguer le mandat de président de la République. A l’approche du triple scrutin municipal, législatif et présidentiel de 2026, le contexte électoral du pays semble pacifié. Le Bénin tourne aujourd’hui la page d’une histoire politique troublée. Cette séquence politique des débats – parfois vifs - entourant la réforme du code électoral montre un fonctionnement institutionnel normalisé digne d’une démocratie authentique.