La Nation Bénin...
La mise à la retraite d’office des agents des
Forces de défense et de sécurité n’est pas liée à des raisons punitives ni à
des difficultés financières. Cette mesure vise plutôt à favoriser une plus
grande efficacité des hommes en uniforme au service de la population.
Le gouvernement a pris récemment une décision
de mise à la retraite d’office d’agents des Forces de défense et de sécurité.
D’aucuns pensent qu’il s’agit d’une décision punitive, ce qui n’est pas le cas
puisque les personnels militaires en attente d’un conseil de discipline ne sont
pas concernés par cette décision. S’il est vrai que les textes régissant les
Forces de défense et de sécurité prévoient la mise à la retraite d’office comme
sanction de 2e degré, elle n’est punitive que lorsqu’elle découle d’une procédure
disciplinaire. Ce qui n’est pas le cas dans le présent dossier.
La mesure concerne globalement des agents qui
ne sont plus en capacité de travailler efficacement (blessés graves, mutilés et
autres), des agents qui, en raison du caractère fortement hiérarchisé des
Forces de défense et de sécurité, ne sont plus objectivement employables. C’est
le cas de certains hauts gradés qui, après avoir occupé de hautes fonctions, ne
sauraient être remis dans l’organigramme sous des gens qu’ils avaient déjà
commandés ou dirigés. La mesure vise aussi une plus grande efficacité de ces forces.
En effet, la pyramide des Forces de défense et de sécurité (Fds) montrait une
situation incohérente, avec les corps d’officiers et de sous-officiers
supérieurs pléthoriques et dépassant largement les normes requises en la
matière. De fait, bon nombre d’entre eux ne peuvent plus avoir de position de
commandement. De même, ils ne peuvent être employés aux tâches incombant aux
subalternes.
Une décision responsable s’imposait donc,
surtout dans un contexte où il se pose de plus en plus un besoin d’agents sur
le terrain pour garantir la sécurité des personnes et des biens, et lutter
efficacement contre le terrorisme. Or, il est admis ici comme ailleurs que ce
ne sont pas les gradés qui sont envoyés en majorité sur le terrain. C’est
d’ailleurs pourquoi le gouvernement a mis en œuvre un plan de recrutement
massif de jeunes au profit des Fds. Des milliers de jeunes ont ainsi été
recrutés dont la dernière vague porte sur 5 000 personnes. La même politique de
recrutement a démarré à la Douane ainsi qu’aux Eaux, Forêts et Chasse.
Accompagnement
Il convient de souligner que cette décision de
mise à la retraite d’office est sous-tendue par des mesures d’accompagnement inédites. Pas de
perte de revenus sur les deux premières années grâce à une allocation complémentaire.
Non seulement les personnels concernés touchent l’intégralité de leur pension,
mais en plus ils perçoivent, pendant les premières années, une allocation
complémentaire qui fait qu’ils conservent pendant un moment les salaires qu’ils
percevaient au moment de la mise à la retraite d’office. L’article 166 de la
loi 2020-19 du 03/07/2020 portant statut spécial des Forces armées béninoises
stipule : «Nonobstant les limites d'âge fixées aux articles 168 à 170 de la
présente loi, tout militaire des Forces armées béninoises peut exceptionnellement
être mis à Ia retraite d'office après vingt (20) années de services. La mise à
la retraite d'office d'un militaire conformément aux dispositions de l'alinéa
premier du présent article est proposée par le chef d’Etat-major général, qui
soumet à cet effet un rapport de proposition au ministre chargé de la Défense
pour décision en Conseil des ministres. Tout militaire mis à la retraite
d'office bénéficie d'une allocation, sans préjudice de la jouissance immédiate
de la pension de retraite. Un décret pris en Conseil des ministres fixe les
modalités d'octroi de cette allocation ». Même si la présente loi date de 2020,
la mesure de mise à la retraite d’office n’est pas nouvelle. Elle a toujours
existé dans les textes régissant les Fds. Les lois récentes n’ont fait que la
reprendre.
Les personnels de défense et de sécurité appelés à plus d'efficacité dans leurs missions