Boni Yayi
« C’est avec beaucoup de consternation que nous avons appris la disparition du professeur Paulin Hountondji. En tant qu’homme de foi, je puis vous dire qu’il s’agit d’un enlèvement parce qu’il était un grand homme de foi…
Notre destin s’était croisé, il y a plusieurs années. Il a servi la République au cabinet du président Nicéphore Dieudonné Soglo en tant que ministre ; il a travaillé avec moi au moment où j’étais aux affaires puisque je lui avais confié le secteur de l’Education, il présidait le Conseil national de l’éducation.
A travers son parcours, il a été un grand homme de sagesse, de savoir et de connaissance. Tout le monde l’admire pour son talent et ses compétences. La République le connait très bien pour sa participation à la Conférence nationale et il a servi le pays durant toute sa vie, il était omniprésent et au service de la République jusqu’à ce que cet événement malheureux arrive.
Donc, je puis vous dire que c’est une grande perte pour la République… Il a allumé une flamme aux côtés de la République et la jeunesse béninoise doit en tenir compte. Une flamme pour dire qu’on peut être homme de foi, grand homme de connaissance, de sagesse et grand homme d’Etat. Homme politique, il a contribué au renforcement de la démocratie dans notre pays… »
Félicien Avléssi
« C’est avec tristesse, grand regret et les larmes aux yeux que nous avons appris la mauvaise nouvelle. Ce professeur que nous avions connu même quand nous étions encore au cours secondaire, dont on a entendu parler des œuvres, des démarches, de la sagesse et tout, avant de venir à l’université rencontrer cet aîné qui nous a donné beaucoup de conseils. On ne cesse jamais de tirer leçon de ses œuvres. Malheureusement, il est parti et c’est dans l’ordre des choses que nous venions ici avec toute la délégation de l’université: des professeurs, les vice-recteurs et moi-même, pour présenter nos condoléances et celles de la communauté universitaire à la famille éplorée.
Nous comptons lui rendre un hommage bien mérité et pour le faire, nous sommes en train d’échanger avec notre ministère de tutelle et l’Académie nationale où il est le plus resté. »
Candide Azannaï
« Ici, c’est une maison familière à moi parce que j’ai fait mon séminaire de Dea de Philosophie les samedis ici, il y a longtemps, 12 ou 13 ans. Je suis venu ici en franchissant une maison de savoir. Il y avait un homme, un intellectuel, un combattant sur le terrain intellectuel et qui s’est positionné sur l’angle très difficile de la question de la souveraineté intellectuelle de l’Afrique. Il fait partie des précurseurs qui ont compris que le savoir ‘‘géographisé’’, régionalisé et localisé n’est pas le savoir. Il faut faire l’effort de pousser le savoir à l’universel, il faut qu’on comprenne que le vrai combat de la souveraineté intellectuelle de l’Afrique passe par le fait d’élever le savoir et la connaissance africaine au statut de l’universel. Il fait partie incontestablement des précurseurs en Afrique et dans le monde sur cette question.

Pour moi, je viens dans une maison où quelqu’un a disparu mais c’est un immortel sur le terrain de la connaissance et du savoir. Il entre dans la même catégorie que Cheikh Anta Diop…
Donc, je suis venu ici m’incliner devant la mémoire d’un grand maître. A la famille, j’ai dit d’être heureuse de savoir que celui qui est parti a au moins deux dimensions incontestables : la foi parce que c’est un croyant qui entre dans l’éternité de la foi et du créateur. Donc, c’est un immortel sur ce plan. Secundo, c’est un immortel parce que sur le terrain du savoir, de la connaissance et de la raison qui est l’élément supérieur qui nous identifie comme humain, il a fait ce combat, il est entré dans cela et il ne peut qu’en sortir. Et comme la raison, le savoir, les idées participent de l’immortalité (…), de savoir que sur ce plan aussi, c’est un immortel, un éternel (…) »
Désiré Mindégnon, maître de conférences, enseignant au département de Philosophie de l’Uac
« J’étais à la maison quand mon chef de département m’a appelé tout hésitant parce qu’il sait les liens que j’ai avec le professeur Hountondji, en me disant qu’il semble que ça ne va pas. J’ai appelé son numéro, ça ne fonctionnait pas. J’ai appelé son fils aîné qui m’a confirmé que le professeur n’est plus. Vous imaginez le choc ?
Le premier lien entre le professeur et moi, c’est celui de l’étudiant que je suis pour lui et que je resterai à vie. L’autre lien, c’est une certaine proximité qu’il m’a fait la faveur de créer entre lui et moi. J’ai fait ma thèse sous sa direction.
Ce que je retiens de lui, ce qui le fait grand à mes yeux, c’est son humanité, c’est sa fragilité assumée, le fait que pour Paulin Hountondji il est impossible de voir l’autre souffrir. Ce qu’il supporte le moins, c’est de ne pouvoir rien pour sortir l’autre de la souffrance. C’est ce que je garde de lui au-delà de ce qu’il sait, au-delà de sa culture immense et reconnue par tous. »