La Nation Bénin...
L’adoption du décret portant création de la Commission chargée de la toponymie et de la mémoire nationale, en Conseil des ministres ce mercredi 3 décembre, constitue un nouveau tournant de la renaissance identitaire engagée par le gouvernement. Chargée de revisiter les noms des lieux, monuments et espaces publics, cette instance pluridisciplinaire aura pour mission de reconstruire une cartographie porteuse de sens, fidèle à l’histoire nationale et aux figures qui ont façonné la dignité du pays.
La reconstruction mémorielle engagée par le Bénin est à un niveau très avancé. Le projet de décret portant création de la Commission chargée de la toponymie et de la mémoire nationale a été adopté, mercredi 3 décembre en Conseil des ministres. Ce faisant, le gouvernement entérine une initiative structurante, destinée à réinventer la cartographie symbolique du pays, à restaurer la mémoire collective et à réaffirmer l’identité béninoise dans toute sa profondeur historique. Cette décision s’inscrit dans la continuité des grandes actions entreprises ces dernières années pour raviver la conscience nationale et offrir aux citoyens des repères nourris par les réalités, les luttes et les figures héroïques qui fondent la dignité des populations locales.
L’une des ambitions majeures de cette commission pluridisciplinaire réside dans la revisitation des noms des places, monuments, jardins, rues et espaces publics. Ceux-ci, en tant que marqueurs visibles de l’histoire d’une nation, participent directement à la construction de l’imaginaire collectif.
A travers une démarche scientifique, historique et inclusive, la commission aura pour mission de proposer une nouvelle cartographie du Bénin, une géographie de la mémoire, enracinée dans le vécu national et les valeurs qui ont façonné la société béninoise. Cette approche vise à renforcer la cohérence entre le territoire et l’histoire, en veillant à ce que chaque nom attribué raconte une part authentique du récit national.
Dans son mandat, la commission s’emploiera à identifier les lieux à rebaptiser et à constituer une base de données documentée des toponymes valorisant les grandes figures et les événements majeurs du pays. Il s’agira, entre autres, de redonner leur juste place aux héros nationaux, aux résistants, aux bâtisseurs, aux femmes et aux hommes qui ont marqué de manière indélébile l’évolution sociale, culturelle et politique du Bénin. Elle devra également accompagner les collectivités locales, impliquer les communautés culturelles, les institutions éducatives et les chefferies traditionnelles afin que le processus soit véritablement participatif et ancré dans la pluralité des mémoires locales.
Cette initiative intervient dans un contexte où le renouveau mémoriel du Bénin a déjà pris forme à travers plusieurs réalisations emblématiques. Le retour historique, en 2021, de biens culturels royaux depuis la France a revalorisé un pan essentiel du patrimoine national. L’érection des statues de Bio Guera et de l’Amazone, figures iconiques de courage et de résistance, témoigne également de la volonté du gouvernement d’offrir à la jeunesse des références positives et inspirantes. La construction du Monument aux Dévoués dans le Jardin de Mathieu, à Cotonou, s’inscrit dans la même dynamique : celle de célébrer le dévouement, le patriotisme et l’engagement citoyen.
Chose promise…
Déjà dans son discours d’investiture du 23 mai 2021, Patrice Talon, président de la République, avait clairement réaffirmé sa volonté de « révéler le Bénin» aux Béninois eux-mêmes et au reste du monde. Le pilier 1 du Programme d’action du gouvernement 2021-2026 met ainsi l’accent sur la construction d’un nouvel état d’esprit, favorisant l’unité nationale et la cohésion sociale. La mise en place de la Commission chargée de la toponymie et de la mémoire nationale s’inscrit logiquement dans cette vision, puisqu’elle vise à réconcilier les citoyens avec leur propre histoire, à mettre en lumière ce que le récit national a parfois laissé dans l’ombre et à rompre avec les clichés ou les fausses perceptions liés à l’identité béninoise.
Le processus de restauration de la mémoire historique a également été consolidé par l’adoption, en octobre 2021, de la loi n°2021-09 portant protection du patrimoine culturel en République du Bénin. Cette loi constitue un cadre juridique essentiel pour préserver, valoriser et transmettre aux générations futures les richesses culturelles du pays, qu’elles soient matérielles ou immatérielles. La création de la commission vient compléter ce dispositif, en permettant une mise en cohérence entre la protection du patrimoine et la valorisation de ce patrimoine dans l’espace public à travers les noms et les monuments.
La construction et la mise en exploitation des monuments dédiés à Bio Guera, à l’Amazone ou encore aux Dévoués matérialisent déjà la volonté politique de promouvoir une mémoire nationale forte, lucide et fédératrice. Ces symboles, désormais intégrés au paysage urbain, rappellent le courage et l’héroïsme qui ont jalonné l’histoire du Bénin, et participent à forger une fierté partagée chez les citoyens.
Au-delà de l’aspect mémoriel, la Commission porte également une dimension éducative et citoyenne. Elle proposera des programmes de sensibilisation autour de la signification des noms attribués aux lieux et aux monuments. En comprenant l’histoire derrière une rue, un jardin, une place ou une statue, chaque citoyen pourra s’approprier davantage son espace, percevoir la continuité entre passé et présent et contribuer à la préservation du patrimoine commun.