La Nation Bénin...
Restitué
au Bénin par une délégation finlandaise, mardi dernier, lors d’une cérémonie
symbolique au palais de la Marina, le Kataklè est désormais inscrit au
patrimoine culturel national. Il vient donc renforcer le patrimoine matériel du
pays déjà riche de plusieurs objets et sites.
Le
Kataklè, 27e trésor royal qui est retourné au pays 133 ans après le pillage
orchestré par le général français Dodds à la fin de la colonisation, est
désormais inscrit au patrimoine culturel national.
Le
patrimoine culturel national du Bénin désigne l’ensemble des biens matériels et
immatériels ayant une valeur historique, artistique, scientifique ou symbolique
pour le peuple béninois. Il comprend notamment les sites archéologiques, les
palais royaux, les objets rituels, les musiques, danses, langues, traditions
orales et savoir-faire artisanaux.
En
fait, le patrimoine culturel joue un rôle fondamental dans la préservation de
l’identité culturelle, la transmission des valeurs ancestrales et la cohésion
sociale. Il constitue également un levier de développement touristique,
économique et éducatif, en valorisant l’histoire et la créativité du Bénin.
Ce
patrimoine reflète l’âme des communautés béninoises et évolue avec le temps
tout en gardant un lien fort avec les ancêtres. Le Bénin s’investit dans sa
sauvegarde à travers des inventaires, des festivals culturels, des programmes
éducatifs et des collaborations avec l’Unesco.
En
termes de classification, on distingue le patrimoine matériel et le patrimoine
immatériel. Le patrimoine matériel du Bénin regroupe l’ensemble des biens
culturels tangibles ayant une valeur historique, artistique ou scientifique. Il
comprend notamment les palais royaux d’Abomey, classés au patrimoine mondial de
l’Unesco, les sites archéologiques de la vallée de l’Ouémé, les anciens
comptoirs coloniaux, ainsi que les objets cultuels et artisanaux tels que les
statues, masques, armes, trônes, etc. Ce patrimoine témoigne de la richesse des
civilisations passées, comme celle du royaume du Dahomey, et constitue un
héritage précieux pour la mémoire collective. Il est conservé dans les musées,
protégé par des lois nationales et valorisé pour son potentiel éducatif,
culturel et touristique. Sa préservation contribue à renforcer l’identité
nationale et à transmettre aux générations futures les fondements culturels du
Bénin.
Le patrimoine immatériel, quant à lui, englobe les pratiques, expressions, savoir-faire et traditions transmis de génération en génération. Il comprend les langues locales, les chants, danses, récits oraux, rituels religieux comme le culte vodun, les fêtes traditionnelles, ainsi que les connaissances liées à la médecine et à l’artisanat.
Assurance
L’inscription du Kataklè au patrimoine culturel national n’est pas fortuite. Elle lui offre une sécurité juridique. En effet, la protection du patrimoine culturel est définitivement une réalité au Bénin. Du moins, le cadre légal et règlementaire est désormais au complet avec la prise des décrets d’application de la loi n° 2021-09 du 22 octobre 2021 portant protection du patrimoine culturel en République du Bénin. Il s’agit du décret portant modalités de réalisation de l’inventaire, de classement et de prise en charge des dépenses de conservation et d’entretien des biens culturels, du décret portant création, organisation, gestion et contrôle des musées et du décret portant création et gestion de la plateforme numérique des biens culturels et des éléments du patrimoine culturel immatériel inventorié. Il y a également le décret portant attributions, composition et fonctionnement de la Commission nationale de protection du patrimoine culturel, celui portant attributions, composition et fonctionnement de l’Unité spéciale de protection des biens culturels, celui portant conditions et modalités de délivrance de la licence d’exportation des biens culturels, puis celui fixant la procédure d’autorisation des fouilles archéologiques. Ces sept textes règlementaires viennent favoriser une application complète et effective de la loi surtout avec le regain d’intérêt du gouvernement pour la valorisation culturelle. Cet état d’esprit se manifeste à travers plusieurs actions notamment le retour des biens culturels, l’organisation de l’exposition diptyque au palais de la Marina, les investissements du gouvernement, la construction de l’arène de la Gaani et du palais royal de Nikki, etc. Ces actes témoignent de la structuration, construction et consolidation par l’Etat d’un secteur qui doit contribuer à la création de la richesse, d’emplois et faire révéler le Bénin.
Restitution
Attendue
depuis quelques mois par le monde culturel et tous les citoyens béninois, la
restitution du Kataklè a été officiellement effective, mardi 13 mai dernier au
palais de la Marina, en présence d’une délégation finlandaise conduite par le
ministre des Sciences et de la Culture. Il s’agit d’un tabouret sculpté dans un
seul morceau de bois qui représente un attribut royal utilisé comme trône
portatif par le roi Béhanzin.
Avant
le Kataklè, le Bénin avait réceptionné en novembre 2021, 26 trésors royaux
venus de la France. Les biens culturels restitués étaient constitués entre
autres de trônes et de statues anthropomorphes qui appartenaient aux rois
d’Abomey. La plupart ont été pillés par les troupes françaises à la chute du
roi Béhanzin, dernier souverain ayant lutté contre la pénétration coloniale, en
1892. Le musée du Quai Branly les présente d’ailleurs comme issus de la
collection privée du général Alfred Dodds, le chef de l’expédition militaire
française qui fit tomber Abomey.
La
réception du Kataklè a été un précieux moment. « C’est envahi par une forte
émotion, que j’ai admiré en fin de matinée du mardi 13 mai 2025 au palais de la
Marina, le Kataklè du roi Béhanzin qui vient d’être restitué au Bénin par la
République de Finlande. Ce siège royal, un des symboles de notre riche histoire
et de notre fierté était logé au sein du musée national de Finlande depuis 1939
à la faveur d’un échange international de collections opéré avec la France », a
publié Patrice Talon, président de la République sur ses canaux digitaux
officiels. Fin connaisseur de l’histoire du pays, le chef de l’Etat a précisé
dans sa publication le rôle et l’importance de ce trésor royal qui a rejoint
son pays après 133 ans. « Symbole marquant du royaume de Danxomè, le Kataklè
était utilisé uniquement lors de l’intronisation du roi. Bien plus qu’un simple
retour d’objet, cette restitution marque la réaffirmation du droit de notre
peuple à se réapproprier son histoire et à réinscrire dans son quotidien les
témoins matériels de sa mémoire », a poursuivi Patrice Talon avant d’exprimer
sa gratitude à la République de Finlande qui a su, d’une part, conserver ce
précieux trésor et, d’autre part, œuvré avec le gouvernement à son retour sur
sa terre d’origine.
«
Il vient ainsi y rejoindre, trois années plus tard, les 26 trésors royaux déjà
restitués par la France, marquant ainsi un autre tournant symbolique pour la
souveraineté culturelle du Bénin, fer de lance des processus de restitution
d’œuvres sur le continent. Merci à tous les acteurs qui ont rendu ce nouveau
pas possible. Un pas de fierté et de dignité, qui n’est qu’un nouvel épisode du
feuilleton qui nous conduira, j’en suis persuadé, à la restitution progressive
de nombreuses autres œuvres de notre patrimoine, dispersées ici et là dans le
monde », a conclu le président de la République.
Même
appréciation pour la délégation finlandaise qui s’est réjouie de
l’aboutissement du processus. « Le retour de cette œuvre est une reconnaissance
de la valeur historique que cela revêt pour le Bénin », avait déclaré
Mari-Leena Talvitie, ministre finlandaise des Sciences et de la Culture, lors
de la remise du trésor royal à la partie béninoise. Avec pédagogie, elle avait
rappelé l’histoire du Kataklè et les conditions de son arrivée en Finlande. «
Nous reconnaissons la valeur culturelle et historique de cet événement pour le
Bénin. Nous sommes reconnaissants de l’excellente coopération avec les
autorités du Bénin dans la préparation de ces représentations importantes. Le
Kataklè est venu au Musée national de la Finlande pour un échange de
collections avec la France en 1939.
L’histoire du Kataklè a été inconnue pendant des décennies, jusqu’à ce que le Kataklè soit confirmé comme l’un des trésors pris du palais royal de Perpignan... Cette œuvre porte les relations entre nos deux pays à un autre niveau», avait détaillé la ministre finlandaise.