La Nation Bénin...
Une
conférence nationale des Industries culturelles et créatives au Bénin, pourquoi
faire et pour quel but ? Comment conjurer le piteux sort du secteur culturel
béninois ? Quelles solutions envisagent les acteurs? Autant d’interrogations
auxquelles tentent, depuis quelques jours, de répondre les panélistes et
intervenants sur cette conférence, mais encore plus l’un des initiateurs, Eric
Gbeha.
Les
organisateurs de la Conférence nationale des industries culturelles et
créatives du Bénin fondent leur initiative sur l’existant et l’état des lieux
du secteur. Il est tout sauf reluisant, conviennent-ils, arguant d’une détérioration
plus accrue ces dernières années. Mais ce qui se joue sous leurs yeux n’est pas
de nature à leur plaire. Ils ont donc décidé d’agir et de se constituer en
force alternative pour proposer des solutions. « Le Bénin ne dispose pas encore
d'une industrie culturelle qui puisse véritablement être profitable à
l'artiste, au créateur et au développement économique de notre pays… même s'il
dispose d’importants atouts culturels offrant plusieurs opportunités aux
acteurs pour la création d'industries culturelles avec l'engagement des
artistes et créateurs ». Plus de 500 acteurs culturels de diverses catégories
prennent une part active aux réflexions initiées à travers cette conférence
organisée par Kultu Tv et ses responsables.
L’objectif,
selon les initiateurs, c’est de diagnostiquer les maux et les causes du
sous-développement du secteur des Icc, proposer des solutions en tenant compte
des pôles en interaction, lancer la plateforme des Icc béninoises
www.kultubook.com qui permettra à chaque acteur des Icc d'ouvrir son espace
culturel et créatif pour se faire connaître, créer la Maison des Icc du Bénin…
Pour chaque pan du secteur, il sera organisé des rencontres/échanges avec des
acteurs avisés. De leurs débats jailliront des propositions. Les premiers à y
intervenir ont ouvert le bal en fin de semaine dernière. Le panel Film avait
pour intervenants Christiane Chabi Kao, Tiburce Bocovo, King Gnaho et Marvine
Oumeyouti. «Nous sommes certains que cette initiative apportera des solutions
aux problèmes des Icc de notre pays», soutient Eric Gbeha, l’un des porteurs du
projet. L’ambition, c’est que « tous les acteurs de cette industrie se prennent
en charge désormais », explique-t-il. C’est pourquoi, « nous n’avons pas fait
appel aux sponsors parce qu’il est temps que nous menions notre indépendance
d’action », précise-t-il. « C’est un projet qui a pris corps pour écrire la
Bible des solutions des Icc béninoises… Tout le monde s’est impliqué. Nous
avons décidé de prendre notre destin et notre secteur en main», assure-t-il,
non sans fierté. «C’est aux acteurs de prendre la main pour que l’Etat suive.
Si nous ne faisons rien, l’Etat prendra notre place, organisera des festivals à
notre place parce que nous serons inactifs ». Eric Gbeha et les siens entendent
changer la donne à travers des lobbys et solutions qui permettront de drainer
du monde et des investissements vers le
secteur culturel. «Nous n’avons pratiquement plus d’initiatives culturelles
privées aujourd’hui. Tout est conclu par le gouvernement. Mais si les acteurs
se structurent et pensent qu’ils peuvent se mettre ensemble, le gouvernement va
laisser faire », exhorte-t-il au terme du premier panel de discussion qui
semble attester de la justesse et de l’opportunité de cette conférence.
Au
terme des échanges qui se déroulent suivant chaque pan des Icc, un
rapport-diagnostic sera disponible avec une batterie de solutions pour le
développement des Icc. Pour rappel, les Icc sont considérées comme le secteur
de l'économie mondiale qui connaît la croissance la plus rapide, avec un taux
de croissance estimé à 7 % du produit intérieur brut mondial. Les dernières
données disponibles de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement (Cnuced) montrent que les services créatifs ont représenté 21 %
du total des exportations de services en 2020, soit un bond considérable par
rapport aux 12 % enregistrés, dix ans plus tôt.