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Eric Gbeha à propos du secteur culturel béninois: « Nous nous battons pour écrire la Bible des solutions des Icc »

Culture
Eric Gbeha Eric Gbeha

Une conférence nationale des Industries culturelles et créatives au Bénin, pourquoi faire et pour quel but ? Comment conjurer le piteux sort du secteur culturel béninois ? Quelles solutions envisagent les acteurs? Autant d’interrogations auxquelles tentent, depuis quelques jours, de répondre les panélistes et intervenants sur cette conférence, mais encore plus l’un des initiateurs, Eric Gbeha. 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 09 août 2024 à 08h55 Durée 2 min.
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Les organisateurs de la Conférence nationale des industries culturelles et créatives du Bénin fondent leur initiative sur l’existant et l’état des lieux du secteur. Il est tout sauf reluisant, conviennent-ils, arguant d’une détérioration plus accrue ces dernières années. Mais ce qui se joue sous leurs yeux n’est pas de nature à leur plaire. Ils ont donc décidé d’agir et de se constituer en force alternative pour proposer des solutions. « Le Bénin ne dispose pas encore d'une industrie culturelle qui puisse véritablement être profitable à l'artiste, au créateur et au développement économique de notre pays… même s'il dispose d’importants atouts culturels offrant plusieurs opportunités aux acteurs pour la création d'industries culturelles avec l'engagement des artistes et créateurs ». Plus de 500 acteurs culturels de diverses catégories prennent une part active aux réflexions initiées à travers cette conférence organisée par Kultu Tv et ses responsables.

Voir aussi : Conférence nationale des industries culturelles et créatives : Le rendez-vous le plus important du mois d’Août au Bénin

L’objectif, selon les initiateurs, c’est de diagnostiquer les maux et les causes du sous-développement du secteur des Icc, proposer des solutions en tenant compte des pôles en interaction, lancer la plateforme des Icc béninoises www.kultubook.com qui permettra à chaque acteur des Icc d'ouvrir son espace culturel et créatif pour se faire connaître, créer la Maison des Icc du Bénin… Pour chaque pan du secteur, il sera organisé des rencontres/échanges avec des acteurs avisés. De leurs débats jailliront des propositions. Les premiers à y intervenir ont ouvert le bal en fin de semaine dernière. Le panel Film avait pour intervenants Christiane Chabi Kao, Tiburce Bocovo, King Gnaho et Marvine Oumeyouti. «Nous sommes certains que cette initiative apportera des solutions aux problèmes des Icc de notre pays», soutient Eric Gbeha, l’un des porteurs du projet. L’ambition, c’est que « tous les acteurs de cette industrie se prennent en charge désormais », explique-t-il. C’est pourquoi, « nous n’avons pas fait appel aux sponsors parce qu’il est temps que nous menions notre indépendance d’action », précise-t-il. « C’est un projet qui a pris corps pour écrire la Bible des solutions des Icc béninoises… Tout le monde s’est impliqué. Nous avons décidé de prendre notre destin et notre secteur en main», assure-t-il, non sans fierté. «C’est aux acteurs de prendre la main pour que l’Etat suive. Si nous ne faisons rien, l’Etat prendra notre place, organisera des festivals à notre place parce que nous serons inactifs ». Eric Gbeha et les siens entendent changer la donne à travers des lobbys et solutions qui permettront de drainer du monde et des investissements  vers le secteur culturel. «Nous n’avons pratiquement plus d’initiatives culturelles privées aujourd’hui. Tout est conclu par le gouvernement. Mais si les acteurs se structurent et pensent qu’ils peuvent se mettre ensemble, le gouvernement va laisser faire », exhorte-t-il au terme du premier panel de discussion qui semble attester de la justesse et de l’opportunité de cette conférence.

Au terme des échanges qui se déroulent suivant chaque pan des Icc, un rapport-diagnostic sera disponible avec une batterie de solutions pour le développement des Icc. Pour rappel, les Icc sont considérées comme le secteur de l'économie mondiale qui connaît la croissance la plus rapide, avec un taux de croissance estimé à 7 % du produit intérieur brut mondial. Les dernières données disponibles de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) montrent que les services créatifs ont représenté 21 % du total des exportations de services en 2020, soit un bond considérable par rapport aux 12 % enregistrés, dix ans plus tôt.