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Secteur bancaire au Bénin: Les crédits s’envolent, les taux reculent

Economie
Le secteur bancaire du Bénin a triplé ses crédits en cinq ans, passant de 851 milliards F Cfa  en 2020 à environ 1 930 milliards en 2024 Le secteur bancaire du Bénin a triplé ses crédits en cinq ans, passant de 851 milliards F Cfa en 2020 à environ 1 930 milliards en 2024

Les banques au Bénin ont prêté davantage en 2024, tout en baissant légèrement leurs taux d’intérêt. C’est ce que révèle le dernier rapport de la Bceao qui souligne aussi une forte progression des dépôts. Cette évolution confirme la solidité du système bancaire national et son rôle accru dans le financement de l’économie.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 17 juil. 2025 à 08h51 Durée 3 min.
#secteur bancaire au Bénin

Crédits bancaires en hausse, taux en baisse ! le secteur bancaire a connu un double souffle en 2024, dans un contexte régional marqué par une stabilisation monétaire et une inflation maîtrisée. Selon le Rapport sur les conditions de banque dans l’Uemoa en 2024 de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao, juillet 2025), les crédits bancaires mis en place au Bénin ont atteint 1 929,6 milliards F Cfa en 2024, contre 1 729,8 milliards en 2023, soit une hausse notable de 11,6 %, supérieure à la moyenne régionale qui est de 8,4 %. Cette performance place le pays parmi les plus dynamiques de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), derrière la Guinée-Bissau, le Burkina Faso et le Mali.

Cette croissance est portée par une demande accrue de financements d’équipement, de consommation et d’immobilier, dans un contexte de reprise économique nationale. Elle traduit également une amélioration de l’accès au crédit, notamment pour les micro, petites et moyennes entreprises (Mpme) qui captent désormais 52 % (contre 49 % en 2023) des crédits accordés aux personnes morales dans l’Union.

Forte progression des dépôts à terme

Autre indicateur clé de la vitalité du secteur bancaire : les dépôts à terme ont progressé de 18,3 % au Bénin, passant de 1 455,6 milliards à 1 721,4 milliards F Cfa entre 2023 et 2024. Ce rythme de croissance est l’un des plus soutenus dans l’Union, signe d’un regain de confiance des épargnants envers les institutions bancaires.

Cette dynamique reflète également une préférence accrue pour les placements à court terme qui représentent 77,3 % des nouveaux dépôts à terme constitués dans l’Uemoa. Le Bénin n’échappe pas à cette tendance, dans un environnement où les taux d’intérêt créditeurs moyens demeurent relativement bas mais stables : 5,30 % en 2024 contre 5,25 % en 2023 dans l’Union.

Le secteur bancaire béninois confirme ainsi sa trajectoire ascendante, dans un cadre monétaire stable et un environnement de plus en plus favorable à l’investissement. L’augmentation des crédits, la baisse relative des taux et la confiance renouvelée des épargnants placent le pays parmi les économies les plus dynamiques de l’Union.

Coût du crédit légèrement en baisse

Sur le plan des taux, la Bceao note une baisse du taux d’intérêt débiteur moyen au Bénin de 6 points de base (7,24 % en 2024 contre 7,30 % un an plus tôt), alors que la tendance régionale reste globalement stable. Cette légère décrue contraste toutefois avec la hausse du coût du crédit observée chez les ménages dans la zone, lesquels subissent désormais les taux les plus élevés (8,88 % en moyenne dans l’Uemoa).

Au Bénin, les taux appliqués aux Mpme ont reculé de 6 points de base pour se chiffrer à 7,36 % (contre 7,42 % en 2023), à la faveur d’une concurrence bancaire accrue et d’un encadrement plus rigoureux des conditions de prêt. Les grandes entreprises, quant à elles, ont bénéficié d’une baisse de 3 points de base (6,82 % en 2024 contre 6,85 % un an plus tôt).

Par ailleurs, le rapport de la Bceao indique que le nombre d’établissements bancaires au Bénin est resté stable, avec 14 banques et 1 établissement financier recensés en 2024. Cette stabilité institutionnelle s'accompagne d'une amélioration de la qualité du portefeuille de crédits dans l’ensemble de l’Uemoa : le taux de créances déclassées est passé de 8,7 % à 4 %, suggérant un environnement plus favorable pour les investisseurs, les entrepreneurs et les ménages.

Des tendances régionales entre consolidation et disparités

A l’échelle de l’Uemoa, le volume global des crédits a atteint 21 558,2 milliards F Cfa en 2024, enregistrant une hausse de 8,4 %. La dynamique est particulièrement forte en Guinée-Bissau (+205,9 %) et au Burkina Faso (+29,6 %), alors que le Niger enregistre un recul notable (-17,5 %), dû à une contraction du crédit aux entreprises privées.

Sur le plan des taux, l’intérêt débiteur moyen dans l’Uemoa s’est légèrement replié à 6,76 %, sous l’effet d’une politique monétaire prudente de la Bceao. Toutefois, de fortes disparités subsistent selon les pays, les clientèles et les objets de crédit. Les Mpme, par exemple, continuent de se voir appliquer des taux plus élevés (7,07 %) que les grandes entreprises (6,06 %), creusant l’écart d’accès au financement.

Enfin, les dépôts à terme dans l’Union ont bondi de 11,6 %, atteignant 10 695,8 milliards F Cfa, avec une dominance marquée des dépôts de court terme. Le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo figurent parmi les moteurs de cette dynamique.