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«Le retard des subventions est un problème mineur», selon Salifou Mama
Le directeur des Ressources financières et matérielles du ministère de l’Enseignement secondaire, Saliou Mama, s’est prononcé sur le retard qu’enregistrent les chefs d’établissement dans le transfert des subventions liées aux frais de scolarisation des filles. En tant qu’ordonnateur délégué du budget dudit ministère, il a donné les raisons qui justifient ce retard.
La Nation : Pourquoi le ministère a voulu étendre cette mesure de gratuité de la scolarisation aux filles jusqu’au second cycle alors qu’il accuse du retard dans le transfert des subventions ?
Salifou Mama : Je pense que la volonté de l’Etat d’étendre cette mesure jusqu’au second cycle ne devrait forcément pas être liée au fait qu’il y ait retard dans le paiement des subventions. Ce sont deux problèmes différents. Le retard dans le paiement s’explique par un seul fait. Nous sommes en 2015 et les subventions sont inscrites dans le budget de 2016 qui n’est pas encore voté. C’est le décalage entre l’année budgétaire et l’année scolaire qui justifie le retard qu’il y a dans le paiement. Déjà au niveau de l’année scolaire, pour 2015, ils feront déjà trois mois en fin décembre, c'est-à-dire le premier trimestre alors que le budget de 2016 n’est pas encore voté. Après son vote, les outils de gestion de ce budget seront mis en place courant janvier. Son exécution réelle commence vers février 2016. Ainsi, avant de mettre à disposition les ressources aux collèges, il faudra environ deux mois. pour suivre tout le processus. On se retrouvera en mars ou avril.
Etant donné qu’au début de la rentrée, les garçons payent, ils devraient planifier ces ressources en les utilisant d’abord avant que l’Etat ne leur envoie les subventions. L’Etat a régulièrement payé ses subventions. Le montant ne fait pas défaut jusqu’à présent. Si c’était le cas, on pourrait nous demander pourquoi on l’étend jusqu’au second cycle du secondaire.
Selon les directeurs des collèges, l’Etat ne paye pas la totalité de ses subventions. Confirmez-vous cela?
Il faut le reconnaître jusqu’ici, nos statistiques ne sont pas tout à fait fiables. Tout cela est lié à notre mentalité. Lorsque le directeur départemental demande aux directeurs d’établissements le nombre de filles par classes on lui communique un chiffre donné. Mais lorsque le DRFM appelle, ils lui communiquent un autre. Parce qu’on sait que le directeur départemental est sur le terrain et a la possibilité de le vérifier automatiquement, ce qui pourrait ne pas être le cas avec le DRFM. Ils se disent peut-être que derrière cette liste, il aura une incidence financière. Evidemment, nous utilisons les chiffres de la Direction de la Programmation et de la Prospective qui fait son travail de statistiques au milieu de l’année scolaire. Donc cela fait que le montant que nous avons au moment de la prévision, lorsqu’on le compare aux chiffres qu’on nous communique au début de la rentrée, ne sont pas les mêmes. Qu’à cela ne tienne. Je pense quand même que nous sommes en face d’un budget qui est une prévision. Aucun chef d’établissement ne peut démontrer qu’au cours d’une année, il a encaissé les 100% de la scolarité des élèves. Parce qu’il s’agit de l’Etat, on veut que ça soit à 100%. C’est vrai, si on arrivait à faire un travail de statistiques pour que les chiffres soient harmonieux, l’Etat pourrait payer la totalité. Moi, je pense que ce qui est payé aux établissements pourrait largement suffire pour faire face aux dépenses de l’année scolaire. Je leur ai souvent répété que personne ne dépense l’argent qu’il n’a pas dans sa poche.
Lorsqu’un gouvernement se penche sur un dossier, on ne regarde pas les petits problèmes autour. Mais on regarde beaucoup plus l’importance de la décision qu’on veut prendre. Si c’est une bonne décision on la prend et les petits problèmes qu’il y a autour, on les règle. C’est pourquoi les services techniques sont là.
Quelles solutions proposez-vous pour pallier ce phénomène de retard ?
Au niveau de notre cabinet, on n’est pas resté les bras croisés. On a déjà engagé une négociation avec le ministère de l’Economie et des Finances pour voir dans quelle mesure, peut-être par système d’avance, mettre à la disposition des établissements les ressources à temps. Par exemple dans le budget de 2015, la moitié des fonds et quand le budget proprement dit dans lequel sont inscrits les fonds des subventions sera disponible, payer la seconde moitié. C’est une proposition que nous avons faite au moment de l’élaboration du budget au ministère de l’Economie et des Finances. Il y a eu d’autres propositions qu’on pourrait aussi expérimenter. Lorsqu’un établissement connaît le nombre de filles inscrites on pourrait en début d’année scolaire émettre des titres à son profit. Et ces établissements pourraient encaisser au niveau des banques, peut-être perdre un peu, en payant des ajouts.
La scolarisation des filles dans l’enseignement technique est-elle subventionnée ?
Lorsque vous prenez les filles de l’Enseignement technique et professionnel, elles sont subventionnées à 1/3. Et vous savez bien que ces établissements sont spécifiques. Au niveau des lycées, vous avez soit des élèves boursiers que l’Etat prend en charge totalement. Donc à l’issue des concours d’entrée dans ces lycées, si une fille est admise, elle est prise en charge et empoche chaque année une bourse. Après ces filles, celles qui s’inscrivent à titre payant, sont exonérées d’un 1/3 des frais de scolarité. Ce qui est largement au-delà de ce que l’Etat donne pour les filles qui sont au niveau de l’enseignement général, parce que le taux de contribution le plus élevé c’est 15 000FCFA alors que dans les lycées techniques, ce taux va jusqu’à 300 000 FCFA. Donc si quelqu’un doit payer 300 000 FCFA et qu’il est exonéré d’un 1/3, ça veut dire que l’Etat a pris en charge 100 000 FCFA ¦