La Nation Bénin...
Durant deux jours le Bénin a focalisé toutes
les attentions sur le Vodun. Le Vodun, socle de la culture béninoise, nous en
sommes tous fiers. Mais interrogeons-nous sur la place de la culture dans le
processus de développement des nations.
La culture contribue aux politiques, stratégies
et programmes qui ciblent le développement social et économique, la durabilité
environnementale, l'harmonie, la paix et la sécurité. La culture est à la fois
un moteur et un catalyseur du développement durable.
Elle est perçue comme une ressource permettant
d'atteindre des objectifs de développement nationaux et internationaux dans
bien de domaines de l'activité humaine, notamment la lutte contre la pauvreté
et l'exclusion sociale, la promotion de la santé et de l'éducation, et la
préservation de l'environnement.
La culture a en réalité deux fonctions, une
fonction ontologique qui permet à l'être humain de se signifier à lui-même et
aux autres, et une fonction instrumentale qui facilite l'adaptation aux
environnements en produisant des comportements, des attitudes, c'est-à-dire de
la culture.
Une culture est favorable au développement si
elle permet, premièrement, de diffuser le progrès technique et l'esprit
d'innovation, deuxièmement, de favoriser la mise en place d'institutions
politiques et sociales qui encouragent un haut degré de mobilité sociale.
Le patrimoine culturel et naturel riche et
diversifié de l'Afrique est important pour le développement durable, la
réduction de la pauvreté et le maintien puis la consolidation de la paix.
Le développement culturel se définit comme une
mise en valeur des ressources physiques et mentales de l'homme en fonction des
besoins de la personnalité et de la société. La culture joue sur les
performances économiques non par le contenu des valeurs collectives qu’elles
suscitent, mais par leur plus ou moins grande diversité. Cela signifie que des
valeurs collectives anti-économiques et favorables à une mentalité rentière
peuvent avoir des effets bénéfiques sur le développement économique et
l’activité productive des entrepreneurs uniquement parce qu’elles sont
partagées par tout le monde. Lorsque l’argument est présenté de cette manière,
on comprend, d’une part, qu’il demande à être mieux explicité et, d’autre part,
que les économistes s’interrogent sur le contenu des normes sociales, des
valeurs collectives, et des croyances des individus.
La culture dans ce cas se définissant comme un
système de croyances et de valeurs habituelles qu’une ethnie, une religion et
un groupe social transmettent de génération en génération à tous ses membres de
manière équitable, l’analyse entre dans le contenu des valeurs et des croyances
de chaque groupe. Elle différencie les pays en fonction de ce que la majorité
des individus d’un pays pense sur des sujets divers. Il est supposé que la
culture a des conséquences directes sur les performances d’un pays parce qu’elle
agit sur le sens du travail, le niveau de l’épargne (frugalité/prodigalité),
sur le sens de l’innovation, sur le niveau de confiance et/ou sur le niveau de
fertilité.
La culture est favorable au développement
économique si elle est favorable à l’innovation. Elle n’est favorable à
l’innovation que si elle entretient un rapport favorable à la science. Le
rapport à la science joue directement sur le prestige de l’innovateur. En
différenciant les sciences de la morale, certaines sociétés débouchent sur la
route du développement à travers l’innovation technique. Le rapport à la
science influe sur la dynamique du progrès technique parce qu’il donne aux
scientifiques un prestige social plus ou moins grand. La culture comme corps de
connaissance va être plus ou moins perméable aux résultats de la science, à sa
méthode et à son esprit. Le scientifique ne croit que ce qu’il peut démontrer.
Il exige une connaissance fondée sur une méthode systématique et contrôlée par
des données empiriques. Contrairement à la religion, la science refuse le
principe d’une parole révélée. Elle appelle l’homme à s’affranchir de ses
tabous, de ses craintes, pour aller au-delà de ce qui est permis et codifié. La
science naît comme la philosophie d’un esprit critique ou insatisfait des
explications avancées par les anciens, les grands prêtres ou les sages. Elle
est une forme de contestation de l’ordre moral établi par les grands prêtres.
Elle peut servir cet ordre si ses résultats le soutiennent ou contribuer à le
détruire. Tout ce qui affaiblit cet esprit et cette méthode expérimentale de la
science sape alors l’ordre de la science et du progrès. Les sociétés qui
donnent une place importante au savoir scientifique et qui différencient
fortement la morale de la science donneront plus de valeur à la nouveauté et à
l’innovation que les sociétés qui se réfèrent toujours au passé et à la
tradition pour juger de la désirabilité d’un bien ou d’une action.