Rencontre de la Cad avec le Cdcc dans le Mono: Des engagements pour une meilleure mobilisation des ressources propres

« En vue de créer davantage de synergie en matière d'actions de développement durable au niveau du département, le Conseil départemental de concertation et de coordination rencontre annuellement la Conférence administrative départementale pour débattre des questions touchant au développement des communes ». En respect de ces dispositions de l’article 10 du décret numéro 2022-113 du 16 février 2022 portant attributions, organisation et fonctionnement du Conseil départemental de concertation et de coordination, les deux instances du plus haut niveau du département du Mono ont tenu, vendredi 12 janvier dernier, à Possotomè dans la commune de Bopa, leur toute première rencontre. Laquelle a permis de faire le point, secteur par secteur, des activités majeures engagées pour l’amélioration des conditions de vie des populations.

En premier lieu, il a été question des actions phares de quelques services déconcentrés de l’Etat. Priorité a été donnée aux secteurs de la Santé, des Affaires sociales et de la Microfinance. Ensuite, il y a eu le rappel de ce qui a été fait pour le compte de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche ainsi que l’extension des services de fourniture de l’énergie électrique et d’eau, la construction des infrastructures, l’aménagement du cadre de vie. On pourrait retenir, outre la lutte contre les moyens prohibés de pêche et l’accompagnement des éleveurs, des producteurs et transformateurs des produits agricoles, des résultats élogieux pour la campagne de vaccination des animaux et volailles. Spécifiquement pour le compte des animaux de compagnie, ce sont en tout 5 283 chiens, chats et singes qui ont été vaccinés contre la rage dans le Mono. Concernant la fourniture d’eau, il y a eu la réception provisoire de trois postes d’eau autonomes démontables dans les écoles à cantines à Tohouin et à Doutou à Houéyogbé et un à Hountokpomè, dans la commune de Bopa. Sont en cours, les travaux de réalisation d’autres infrastructures de fourniture d’eau à Dahè et à Honhoué dans la commune de Houéyogbé ainsi qu’à Lobogo et à Yegodoe à Bopa. Le démarrage d’autres travaux du genre est imminent à Athiémé et à Lokossa où des sites ont été remis aux entreprises adjudicataires des marchés afférents. Il s’agit de dix forages dont sept sont destinés à Athiémé et les trois autres à Lokossa. Ils seront tous réalisés sur financement de l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers (Abegief). Sur le plan des Affaires sociales, il y a eu, en plus de l’accompagnement pour la mise aux normes des orphelinats, l’assistance aux personnes victimes des violences basées sur le genre, des actions de soulagement à l’endroit des familles frappées par l’indigence. Par commune, ce sont plus de trois millions francs Cfa soit un total de 19 200 000 francs qui sont allés aux familles et personnes en situation de vulnérabilité dans l’ensemble des six communes du Mono. Concernant la Microfinance, le programme gouvernemental microcrédit Alafia a impacté, selon les statistiques relevées au 30 novembre 2023 pour le compte du département, 7 643 bénéficiaires dont 3 091 à Lokossa, 1 654 à Comé et 1 075 à Bopa, pour un montant total de 527 140 000 francs Cfa.

Passer à un milliard de francs Cfa

A la suite des directeurs départementaux, membres de la Cad, les maires ont entretenu sur les diligences en cours en vue de doter leurs communes respectives du Plan de développement communal (Pdc) de la quatrième génération. De Saturnin Dansou, maire d’Athiémé, à Cyriaque Domingo de Houéyogbé en passant par Abel Djossou, édile de Bopa, Bernard Adanhokpe de Comé et Jocelyn Ahyi de Grand-Popo, les six maires du Mono ont rappelé leur ambition de développement et l’avancement du processus de mise en place du plan de développement communal. Le point à ce niveau fait état de ce que plusieurs collectivités territoriales ont déjà bouclé le processus et leurs documents n’attendent que l’approbation du préfet, l’autorité de tutelle des communes. Les secrétaires exécutifs de mairie ont pris le relai pour parler de la mobilisation des recettes fiscales et non fiscales. Ceci dans une approche d’analyse comparative avec les ressources propres des exercices de gestion de 2022 et 2023 en dégageant les forces, les faiblesses et les opportunités et en mettant en exergue les bonnes pratiques. D’une commune à l’autre, la tendance est la même : la mobilisation des ressources propres a évolué en dents de scie sur les trois années consécutives. En cause, selon les Se de mairie, la traque des exploitants informels des carrières de graviers et de sable. Les redevances perçues auprès des exploitants y compris chez les acteurs informels constituaient une bonne part dans la comptabilité des ressources propres. En fin de l’exercice 2023, Lokossa, par exemple, n’a pu mobiliser que 234 590 424 francs Cfa dont 51 634 818 francs de recettes non fiscales. Grand-Popo a mobilisé 442 037 889 francs Cfa dont 185 730 252 francs de recettes non fiscales. Comé a fait un grand bond par rapport à son exercice précédent en totalisant, en fin 2023, des ressources propres estimées à 461 880 626 francs Cfa dont 153 113 958 francs de recettes non fiscales.

Au terme de cette présentation, une première du genre dans le département, le préfet Bienvenu Milohin qui a dirigé la séance retient que la marche du Mono vers le développement est irréversible. Le potentiel pour maintenir cette dynamique, faire davantage, est disponible, à en croire le coordonnateur de la Cellule de suivi et de contrôle de la gestion des communes. Landry Hinnou, invité à livrer ses appréciations sur la mise en œuvre des réformes de la décentralisation dans le Mono, souligne que l’implémentation va bon train malgré les grincements de dents qui sont parfois enregistrés par endroits au cours des descentes qu’effectue son équipe en charge du suivi et du contrôle de ce qui se fait en matière de gestion des affaires des collectivités territoriales. En général, soutient-il, les acteurs du Mono sont à féliciter, il y a la volonté de s’améliorer, de quitter les sentiers battus. Au regard de ses constats sur le terrain, dit-il, les mairies pourraient mettre le cap sur la mobilisation d’un milliard de francs Cfa de ressources propres. La présente rencontre, souligne le préfet Bienvenu Milohin, sonne la mobilisation afin que la barre du milliard soit effectivement franchie en matière de mobilisation des ressources propres.

Les meilleures communes gratifiées

La toute première rencontre statutaire de la Cad avec le Cdcc dans le Mono a pris fin par la gratification des communes ayant réalisé les meilleures performances en matière de mobilisation des ressources propres. Respectivement Comé, Grand-Popo et Bopa, classées en tête, se sont vues décerner des tableaux qui illustrent partiellement la vie dans les communes et le civisme fiscal attendu des citoyens.  Au nom de leurs communautés, les objets d’art ont été reçus par les maires et les Se de mairie. Secrétaire exécutif de mairie de Grand-Popo, Cyrillia Yêbê, dédie le prix de sa commune au conseil et à tous ses collaborateurs, acteurs sans lesquels, avoue-t-elle, les résultats n’auraient pas été au rendez-vous. Pour elle, le geste du préfet est galvanisant et pousse à se surpasser un peu plus. Sa surprise est d’autant plus grande que, dit-elle, quand la préfecture de Lokossa avait instruit « d’envoyer trimestriellement les rapports de nos activités», personne n’avait soupçonné son exploitation à des fins d’établir une hiérarchie des performances et d’honorer les acteurs. En effet, le préfet avait mis sur pied un comité avec à sa tête, le secrétaire général du département, Arnaud Agon, qui a été chargé de faire le suivi et d’étudier les rapports déposés en vue de procéder au classement suivant l’importance des ressources propres mobilisées dans chacune des six communes du département du Mono. L’édile de Comé, Bernard Coffi Adanhokpe, porte-parole des lauréats, s’est dit lui aussi satisfait de la transparence qui a caractérisé la délibération. Pour l’autorité préfectorale qui a eu à démontrer, à travers divers accompagnements et assistances aux communes, son attachement au relèvement des ressources propres, il s'agit d'un indicateur phare de l’adhésion des parties prenantes et de la qualité de l’implémentation des réformes introduites dans le processus de décentralisation au Bénin. « Nous avons pensé distinguer les trois premières communes à cette audience publique, se réjouit le préfet Bienvenu Milohin, pour leur montrer que nous sommes une tutelle qui sait reconnaître les efforts, mais également qui sait mettre la pression quand il le faut ». L’objectif de ce geste, dévoile le préfet, «c’est de stimuler davantage la compétition, le challenge au sein des secrétaires exécutifs de mairie et nous pensons, au regard de l'ambiance qui a régné tout au long du processus de distinction, que le pari est gagné et que 2024 s'annonce bien en termes de challenge pour la mobilisation des ressources propres ».