Fridole Tobossou, karatéka ceinture noire 2e dan : « Je ne me préoccupe pas des stéréotypes qui empêchent d’évoluer »
Sports
Par
Christian HOUNONGBE, le 27 avr. 2022
à
12h07
Tout le monde peut pratiquer le karaté et bénéficier de ses vertus physiques et mentales. Karatéka, ceinture noire 2e dan, Fridole Tobossou, consciente de l’importance de cette discipline, s’y adonne depuis son enfance. A 22 ans, cette jeune béninoise ne se préoccupe pas des stéréotypes et fait la fierté de son pays sur les scènes continentale et internationale.
La Nation : Qu’est-ce qui vous a poussée en tant que jeune fille à choisir le karaté, un sport de combat ?
Je pense qu’il n’y a pas que les hommes qui savent se battre dans la vie. Toute la vie est un combat et j’estime que j’ai quelque chose à vendre aussi en karaté. Pour moi, le karaté est un sport destiné à tout le monde et chacun à son niveau doit essayer d’en tirer le meilleur.
Quel regard la société porte-t-elle sur vous ?
Il est dit souvent que la femme est un être faible incapable d’exercer certaines fonctions destinées aux hommes, qu’elle est faite pour des tâches précises et patati et patata. Ayant débuté toute petite cette discipline, je ne me préoccupe pas des stéréotypes et critiques qui empêchent d’évoluer. Ma carrière est tout pour moi. Je me bats au même titre que les hommes. Je ne me laisse pas battre ni par les hommes ni par mes semblables femmes. Quand je suis face à un homme, je donne le maximum de moi-même pour remporter.
Depuis que vous pratiquez cet art martial, avez-vous été victime des préjugés et comment les avez-vous surmontés ?
Bien sûr. Avec le temps, mon physique paraissait de plus en plus comme celui d’un homme. Certains amis sont allés jusqu’à me conseiller d’abandonner le sport. Ils disent que je finirai par devenir comme un garçon, qu’aucun homme n’accepterait de m’épouser. Bref, j’ai vécu beaucoup de choses. De la même manière, j’ai eu des gens qui m’ont soutenue et encouragée. Et mon amour pour cette discipline a surpassé tout cela. Ma mère reste mon plus grand soutien. Elle me motive à aller de l’avant. Et là, je souris et je continue mon chemin.
Beaucoup de filles ont quitté le milieu sportif à cause du harcèlement sexuel. Comment avez-vous pu résister à ce phénomène?
Il n’y a pas de formule magique mais je pense qu’il faut être sur ses gardes afin de ne pas se laisser avoir facilement. Il faut éviter les harceleurs ou les dénoncer quand vous sentez qu’ils influent sur votre carrière. J’invite les filles au courage et au travail afin de défier les prédateurs.
Selon vous, quels sont les défis auxquels sont confrontées les femmes dans le milieu sportif?
Elles doivent se dire que leur expérience n’est pas unique et faire comme les hommes. Il est important que les athlètes de sexe féminin travaillent à impacter le monde. Les jeunes femmes et filles doivent changer de vision en mettant le travail et le don de soi au cœur de leur carrière pour réussir.
Y a-t-il des femmes béninoises ou étrangères qui ont impacté durablement votre carrière ?
Oui, il y a eu des femmes étrangères comme Leila Heurtault, Gwendoline Philippe, Alexandra Recchia et Emily Thouy qui ont impacté positivement ma carrière sportive. A ce beau monde, j’ajoute la Béninoise Océanne Ganiero qui a activé encore plus la flamme et m’a donné envie de toujours bien faire.
Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui commencent une carrière sportive?
Je dirai simplement que toute femme est brillante. Il faut seulement qu’elle décide à être objective et qu’elle ne tienne pas compte des mauvaises langues. La femme peut tout quand elle est déterminée.