Pour une première médaille olympique du Bénin aux Jo: La jeune nageuse Nafissath Abèkè Radji propose

La Nation : Que retenir de votre parcours sportif ?

Nafissath Abèkè Radji : J'ai commencé à nager à l’âge de trois ans après avoir été diagnostiquée asthmatique. J’ai bénéficié de l'encadrement d'un coach privé jusqu’à mes huit ans et j’ai participé à ma première compétition au Ghana, où je vivais avec ma famille. Même si je n'étais pas au plus haut niveau, je savais que je pouvais encore m'améliorer. J'ai été approchée par l'entraîneur national ghanéen pour rejoindre son club, ce qui a considérablement élevé mon niveau. J’ai progressé, participé à diverses compétitions et amélioré ma technique. En 2016, j'ai participé au championnat de natation de la zone 2 africaine. J’ai représenté le Bénin pour la première fois et j'ai remporté une médaille de bronze au 100 m brasse. Ce jour-là, j'ai su qu'il y avait encore beaucoup à accomplir avec l'équipe de natation du Bénin. Au fil du temps, j'ai eu l'occasion de participer à des compétitions de plus en plus importantes telles que les Jeux olympiques de la jeunesse, les Jeux africains et les Championnats du Monde. Chaque compétition m'a permis de gagner en expérience et en confiance, tout en me motivant à viser toujours plus haut. Mon parcours sportif est marqué par la persévérance, la discipline et la passion. Chaque entraînement et chaque compétition ont été des étapes importantes dans mon développement en tant qu'athlète. Je suis fière de ce que j'ai accompli jusqu'à présent et déterminée à continuer à travailler dur pour atteindre de nouveaux objectifs. J'ai aussi eu la chance de rencontrer plusieurs personnalités influentes qui m'ont soutenue dès le début, notamment le président du Comité national olympique et sportif béninois (Cnos-Ben), Julien Minavoa et l’ancien ministre des Sports Oswald Homéky. C’est grâce à leur soutien, ainsi qu'à celui de ma famille et tant d’autres, depuis le début, que je suis là où j’en suis aujourd’hui. Il faut aussi ajouter qu’en dehors de mes études et de la natation, j'aime découvrir de nouvelles cultures, lire et passer du temps avec ma famille et mes amis. Mon objectif est de représenter fièrement mon pays, le Bénin, sur la scène internationale et de contribuer au développement du sport dans notre région. Je suis déterminée, ambitieuse et prête à relever tous les défis qui se présentent à moi.

Vous avez représenté le Bénin aux Jo Tokyo 2020. Racontez-nous…

Dès que j’ai reçu ma lettre d’invitation avec mon accréditation, j'étais remplie de joie. J'ai appris que j'étais sélectionnée pour participer à mon épreuve préférée, le 50 m nage libre. En arrivant au village olympique, j'ai eu le plaisir de rencontrer les autres athlètes béninois, ce qui m'a fait très plaisir car cela signifiait que je faisais partie des meilleurs athlètes du Bénin. J'étais ravie de voir à quel point le village olympique était impressionnant et de recevoir tous les petits cadeaux qu'on nous offrait. J'ai eu l'opportunité de voir certaines de mes idoles d'enfance, même si c'était de loin à cause de la distanciation sociale. La piscine était incroyable, et nager aux côtés des champions olympiques reste une expérience inoubliable.

La cérémonie d'ouverture était un autre moment mémorable pour moi. J'ai pu voir la beauté des Jo et comment ils réunissent des athlètes du monde entier. J'ai aussi eu l'honneur d'être porte-drapeau pour mon pays, je serai toujours reconnaissante pour cela. Une petite anecdote : à Tokyo, j'ai pris des photos et des selfies partout où je suis allée pour garder un souvenir de chaque moment. Certaines sont encore sur mon téléphone et j'aime les revoir de temps en temps. Le jour de ma compétition du 50 m nage libre était particulièrement mémorable. Je me souviens très bien, c'était le dernier vendredi de juillet (trois jours avant mon anniversaire), et dès que j'ai plongé dans la piscine, je savais qu'on ne peut m'arrêter. J'ai donné tout ce que j'avais et mon nom a été inscrit sur la liste des olympiens. Je ne pourrais jamais être assez reconnaissante. Après ma course, j’ai ensuite profité des derniers jours avec des séances photo autour du village olympique avec mes coéquipiers, j'ai pris des photos à côté des anneaux olympiques au village et j'ai acheté des souvenirs pour les partager avec mes amis et ma famille.

Comment avez-vous vécu ces Jo auxquels vous aviez pris part ?

C'était exceptionnel. J'étais bien encadrée depuis mon départ de chez moi jusqu'à mon arrivée au village olympique. Étant la plus jeune de l'équipe, on a veillé à ce que je sois en sécurité et bien guidée tout au long du voyage. Nous avions la chance d'avoir une équipe formidable autour de nous, provenant du Cnos-Ben, qui s'assurait que nous ne manquions de rien. J'étais bien équipée de la tête aux pieds, des maillots de bain pour la compétition, des bonnets de bain béninois, des sacs à dos, etc. Les installations étaient incroyables, que ce soit la piscine olympique, les salles de sport ou les espaces de détente. Le village olympique était comme une petite ville, avec tout ce dont nous avions besoin à portée de main. C'était fascinant de voir des athlètes du monde entier se préparer, chacun avec ses propres rituels et techniques. J'ai particulièrement apprécié la diversité culinaire du village, où nous pouvions goûter des plats de différents pays. Cela m'a permis de découvrir de nouvelles cultures à travers leur cuisine. Le soutien et l'amitié entre les athlètes étaient palpables, malgré la compétition. Nous avons partagé des moments de camaraderie et de solidarité, ce qui a renforcé mon sentiment d'appartenance à une grande famille sportive mondiale. L'atmosphère était électrique, et chaque jour apportait son lot de surprises et de moments mémorables. Que ce soit lors des entraînements, des compétitions, ou simplement en explorant le village olympique, chaque instant était chargé d'émotions et d'apprentissage. Participer aux Jo a été un honneur immense et une expérience qui a profondément marqué ma vie, tant sur le plan personnel que professionnel. Si quelqu'un me demandait, je dirais que ce sont les moments les plus incroyables qu'un athlète puisse vivre.

Quels sont les meilleurs souvenirs que vous gardez de votre participation à ces Jeux ?

Juste quelques jours avant ma course aux Jo, j'ai eu une belle surprise. J'ai reçu un message vocal d'Angélique Kidjo, la célèbre chanteuse béninoise, qui me félicitait pour ma sélection et qui me souhaitait bonne chance pour ma compétition. J'étais tellement heureuse et surprise ! Savoir que même des personnes célèbres d'autres domaines m'apportaient leur soutien était vraiment spécial. Ce geste m'a beaucoup touchée et m'a donné une grande confiance. C'était un rappel poignant de l'importance du soutien et de l'unité, même au-delà du monde du sport.

Rencontrer de nouveaux athlètes et nageurs, découvrir de nouveaux pays et sports, observer comment d'autres athlètes se préparent pour leurs compétitions, échanger des souvenirs avec eux, prendre des photos avec des superstars internationales, comme Simone Biles et Naomi Osaka, et partager des moments de camaraderie dans le réfectoire avec d’autres athlètes que je connaissais, ont été des moments inoubliables pour moi. Ces souvenirs resteront gravés dans ma mémoire comme une période extraordinaire de ma carrière sportive et de ma vie personnelle.

Que faire pour permettre au Bénin de décrocher sa première médaille olympique ?

Avec le soutien que nous avons de notre gouvernement, des fédérations et du Cnos-Ben, je suis sûre que nous sommes plus proches de cet objectif que nous ne le pensions. Il y a de nouveaux athlètes prometteurs que nous découvrons progressivement et je suis certaine qu'avec suffisamment de motivation, nous pourrons un jour voir le drapeau béninois se hisser aux Jo. Pour atteindre cet objectif, il est crucial d'investir davantage dans les infrastructures sportives et les programmes de formation dès le plus jeune âge. Encourager une culture de l'excellence et de la persévérance chez nos jeunes athlètes est essentiel. En outre, il est important de renforcer les partenariats internationaux pour offrir à nos athlètes des stages et des compétitions de haut niveau à l'étranger. Enfin, le soutien de la population béninoise et de la diaspora est un facteur de motivation puissant. En créant une communauté soudée autour de nos athlètes, nous leur donnons la force et la détermination nécessaires pour se surpasser et viser l'excellence