Belén Teresa Orsini Pic, ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de la république Bolivarienne du Venezuela près le Bénin : « Le président Patrice Talon a conduit des changements majeurs… »
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Joel TOKPONOU, le 05 juil. 2022
à
04h43
A l’heure du bilan, après 31 ans de coopération diplomatique entre le Bénin et le Venezuela, Belén Teresa Orsini Pic, ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de la République Bolivarienne du Venezuela près le Bénin, se confie à La Nation. Elle ne manque pas de se prononcer sur la gouvernance sous le régime de la Rupture. Selon la diplomate qui se révèle une fine observatrice de la vie institutionnelle au Bénin, cette gouvernance se manifeste par une nouvelle orientation qui s’appuie sur le développement de toutes les potentialités du Bénin.
La Nation : Il y a 31 ans, le Bénin et le Venezuela ont noué des relations diplomatiques. Quel a été l'élément déclencheur de cette coopération ?
Belén Teresa Orsini Pic : Comme vous l'avez dit, les relations entre les deux pays en sont à leur 31e année. Mais le déclic s'est produit en 2006 avec l'ouverture de l'ambassade à Cotonou, dans le cadre de l'impulsion donnée par le président Hugo Chávez aux relations Sud-Sud et à l'expansion de la présence vénézuélienne sur le continent africain, dans le cadre de la reconnaissance historique des contributions de l'Afrique à la formation de notre société nationale.
Quelles sont les principales réalisations générées par cette relation?
Faisant un bilan sommaire, nous sommes heureux de dire que nous avons travaillé dans des domaines que nous considérons comme prioritaires pour le bien-être et le développement de la population. Au cours des 16 dernières années, nous avons eu l'occasion de construire des infrastructures scolaires et universitaires, de former des professionnels de la santé qui servent aujourd'hui dans différentes communautés du pays et de fournir des logements sociaux. Nous avons également coopéré dans le domaine de l'agriculture en partenariat avec l’Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (Fao), dans le cadre d'un projet sur les systèmes de riziculture durable qui a très bien réussi à intégrer les femmes impliquées dans toute la chaîne de valeur de ce secteur, en plus des femmes béninoises qui sont devenues une référence de bonnes pratiques pour les femmes de Côte d'Ivoire venues à Glazoué pour apprendre les processus d'étuvage et de conditionnement du riz.
Un autre domaine d'importance vitale est la sensibilisation et la formation sur les droits humains. A cet égard, de janvier à juin, le Bureau du Défenseur du peuple vénézuélien, conjointement avec le Médiateur de la République, a réalisé diverses expériences de formation auxquelles ont déjà participé plus de 600 citoyens béninois, dans le cadre du Mémorandum d’entente signé entre les deux institutions à Caracas le 7 janvier de cette année.
Au cours de ces années, nous avons également encouragé les échanges culturels et éducatifs, importants pour la construction d'une humanité émergente entre les mains des jeunes. Je fais référence aux échanges d'appréciation du cinéma à travers les Semaines du cinéma vénézuélien organisées conjointement avec l'Université d'Abomey-Calavi, ainsi qu'aux cours de photographie, de percussion, de traditions vénézuélienne et béninoise, de visions connectées des artisans, sans oublier le cours d'espagnol que l'ambassade ouvre chaque année gratuitement et auquel, depuis 2007, plus de 3 000 Béninois ont participé et ont bénéficié de l'apprentissage de la langue espagnole, qui se distingue comme l'une des plus parlées au monde.
Au fil du temps, les relations se sont certainement renforcées. Aujourd'hui, quels sont les domaines de coopération entre le Bénin et votre pays ?
L’éducation, la sensibilisation et la formation sur les droits humains, la culture et le tourisme sont désormais entre autres nos principaux axes de coopération.
Peut-on conclure que les relations diplomatiques sont bénéfiques pour les deux Etats ?
Oui, absolument. Nos relations sont très bonnes parce que nous nous voyons et nous traitons d'égal à égal. Nous partageons les mêmes valeurs de défense du droit international, de multilatéralisme, de respect de la souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures, et surtout, le privilège du dialogue comme mécanisme de résolution pacifique des conflits. La consolidation d'un monde multicentrique et pluri polaire, libre de tutelles et d'impositions sont des valeurs intrinsèques de la diplomatie bolivarienne pour la paix. Et c'est à partir de ces valeurs que nous nous rapprochons du Bénin.
Le Venezuela est toujours sous embargo. Quelles sont les nouvelles mesures prises par le président de la République vénézuélienne pour une coopération étroite avec les autres pays du monde ?
Le Venezuela continue de subir l'effet dévastateur des mesures coercitives unilatérales imposées par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, un embargo qui a été atroce pour l'économie du Venezuela. A cet égard, le gouvernement bolivarien a pris des mesures fermes pour promouvoir le dialogue pour la paix. Nous avons réitéré à l'opposition vénézuélienne l'importance de développer les questions sociales qui sont d'un intérêt primordial pour notre peuple. Simultanément, le président Nicolás Maduro a développé un agenda de gestion visant la diversification économique, la consolidation de la croissance et la stabilité, en réorientant les priorités et les lignes stratégiques pour poursuivre l'étape de reprise que nous connaissons depuis 2021. Un signe de cette reprise est la récente tournée des pays Eurasiatiques et d'Afrique effectuée par le président Maduro pour renforcer les liens de coopération, notamment dans le domaine énergétique, avec des pays alliés tels que la Turquie, l'Algérie, le Qatar, l'Iran, le Koweït et l'Azerbaïdjan.
En ce qui concerne la coopération avec d'autres pays dans le monde, il est important de souligner que le Venezuela a plus de 100 missions diplomatiques dans les 5 continents, et en Afrique, nous avons déjà atteint 18 missions. Avec chaque pays, nous maintenons des schémas ouverts qui vont au-delà de l'aspect financier, permettant une coopération technique pour l'échange et le soutien de projets dans des domaines prioritaires, le transfert de ressources techniques, la mobilisation de talents humains, les alliances interinstitutionnelles, ainsi que le dynamisme et la participation de la République bolivarienne du Venezuela dans les différents organismes multilatéraux.
Le Venezuela continuera à promouvoir sans relâche un dialogue fructueux au niveau national et international, ainsi que la fraternité entre les nations. Cette année, le gouvernement américain a autorisé les compagnies pétrolières américaines et européennes à négocier et à reprendre leurs activités au Venezuela. Nous réitérons que nous sommes un pays de paix. Aussi, nous espérons que ces actions marquent le début du chemin vers la levée définitive et absolue de ces sanctions qui affectent notre peuple.
Globalement, quelle appréciation faites-vous de la gouvernance du président Patrice Talon ?
Le président Patrice Talon a conduit des changements majeurs pour le Bénin et s'est engagé à développer le potentiel de sa nation. Cela se manifeste dans les domaines des infrastructures, des services publics, du tourisme, de la culture, de la promotion de l'industrie, du commerce et de l'économie numérique, entre autres. Mais son gouvernement a également eu pour objectif de relever la fierté des Béninoises et des Béninois à l'égard de leur patrie, comme en témoigne l'exposition réussie de trésors royaux avec des artistes contemporains, révélant la grandeur de son peuple et ouvrant les portes aux transformations qui s'opèrent aujourd'hui pour poursuivre sa bonne marche?