Bénédiction des couples de même sexe: Les précisions du Vatican
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La bénédiction ne confère pas la légitimité
« Fiducia supplicans », c’est-à-dire la confiance suppliante, publié par le dicastère pour la Doctrine de la foi, qui autorise la bénédiction des couples homosexuels et des couples en situation irrégulière, vivant en dehors du cadre traditionnel du mariage, a évoqué la signification pastorale des bénédictions, et en appelle à la sensibilité des ministres ordonnés.
Par
Arnaud DOUMANHOUN, le 03 janv. 2024
à
05h48
Durée 3 min.
#Bénédiction des couples de même sexe
« Il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage». Telle est la substance du « Fiducia supplicans » (la confiance suppliante) publié le 18 décembre, par le dicastère pour la Doctrine de la foi avec l’approbation du Pape François. Dans ces cas, indique le document, la bénédiction n’a pas seulement une valeur ascendante, mais est aussi l'invocation d'une bénédiction descendante de Dieu lui-même sur ceux qui, se reconnaissant indigents et ayant besoin de son aide, ne revendiquent pas la légitimité de leur propre statut, mais demandent que tout ce qui est vrai, bon et humainement valable dans leur vie et dans leurs relations soit investi, guéri et élevé par la présence de l'Esprit Saint. Selon le « Fiducia supplicans » du dicastère pour la Doctrine de la foi, d’un point de vue strictement liturgique, la bénédiction exige que ce qui est béni soit conforme à la volonté de Dieu telle qu'elle est exprimée dans les enseignements de l'Église. Mais il faut aussi éviter le risque de réduire le sens des bénédictions à ce seul point de vue, car cela conduirait à exiger pour une simple bénédiction les mêmes conditions morales que celles qui sont exigées pour la réception des sacrements. Ce risque exige que nous élargissions encore cette perspective.
En effet, le danger existe qu'un geste pastoral, si aimé et si répandu, soit soumis à trop de conditions morales préalables qui, sous prétexte de contrôle, pourraient obscurcir la force inconditionnelle de l'amour de Dieu sur lequel se fonde le geste de la bénédiction. Selon le « Fiducia supplicans », la grâce de Dieu agit dans la vie de ceux qui ne se prétendent pas justes mais se reconnaissent humblement pécheurs comme tout le monde. La grâce est capable de tout orienter selon les desseins mystérieux et imprévisibles de Dieu. C’est pourquoi, avec une sagesse et une maternité inlassables, l’Église accueille tous ceux qui s’approchent de Dieu avec un cœur humble, en les accompagnant avec ses aides spirituelles qui permettent à tous de comprendre et de réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leurs vies. Ainsi, la bénédiction des couples en situation irrégulière et des couples de même sexe, bien qu’elle ne fasse pas partie d’un rite liturgique, « unit la prière d’intercession à l’invocation de l’aide de Dieu par ceux qui s’adressent humblement à lui. Dieu ne rejette jamais celui qui s’approche de lui ! Au fond, la bénédiction offre aux personnes un moyen d’accroître leur confiance en Dieu ».
Une semence de l’Esprit Saint
Le dicastère pour la Doctrine de la foi précise à travers ce document que la demande de bénédiction exprime et nourrit l’ouverture à la transcendance, la piété, la proximité de Dieu dans les mille circonstances concrètes de la vie, et « cela n’est pas rien dans le monde où nous vivons. C’est une semence de l'Esprit Saint qu'il faut nourrir et non entraver ». Il rappelle que la liturgie de l’Église elle-même invite à une attitude de confiance, même au milieu des péchés, des manques de mérite, des faiblesses et des confusions, comme en témoigne cette collecte tirée du Missel romain: « Dieu éternel et tout-puissant, dans ta tendresse inépuisable, tu combles ceux qui t'implorent bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs ; répands sur nous ta miséricorde en délivrant notre conscience de ce qui l’inquiète et en donnant plus que nous n’osons demander» (XXVIIe Dimanche du Temps ordinaire) ».
Combien de fois, en effet, à travers une simple bénédiction du pasteur qui, par ce geste, ne prétend pas sanctionner ou légitimer quoi que ce soit, les personnes peuvent-elles faire l'expérience de la proximité du Père, « bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs»? s’est interrogé le dicastère pour la Doctrine de la foi qui va interpeller la sensibilité pastorale des ministres ordonnés, qui doivent également être éduqués à effectuer spontanément des bénédictions qui ne se trouvent pas dans le Rituel des bénédictions.
Cœur maternel de l'Église
« Par ces bénédictions, qui ne sont pas données selon les formes rituelles propres à la liturgie, mais plutôt comme une expression du cœur maternel de l'Église, semblables à celles qui jaillissent des profondeurs de la piété populaire, on n'entend pas légitimer quoi que ce soit, mais seulement ouvrir sa vie à Dieu, lui demander son aide pour mieux vivre », précise le dicastère qui indique qu’il ne faut ni promouvoir ni prévoir un rituel de bénédiction des couples en situation irrégulière, mais il ne faut pas non plus empêcher ou interdire la proximité de l'Église avec toute situation où l'on recherche l'aide de Dieu au moyen d'une simple bénédiction. Dans la courte prière qui peut précéder cette bénédiction spontanée, le ministre ordonné pourrait demander pour eux la paix, la santé, un esprit de patience, de dialogue et d'entraide, mais aussi la lumière et la force de Dieu pour pouvoir accomplir pleinement sa volonté. « En tout état de cause, précisément pour éviter toute forme de confusion ou de scandale, lorsque la prière de bénédiction, bien qu'exprimée en dehors des rites prescrits par les livres liturgiques, est demandée par un couple en situation irrégulière, cette bénédiction ne sera jamais accomplie en même temps que les rites civils d'union, ni même en relation avec eux. Ni non plus avec des vêtements, des gestes ou des paroles propres au mariage. Il en va de même lorsque la bénédiction est demandée par un couple de même sexe ».