Campagne électorale des législatives 2023 : L’achat de conscience comme sport favori de tous
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Par
Claude Urbain PLAGBETO, le 06 janv. 2023
à
18h11
Dons et libéralités, c’est la chose la mieux partagée dans cette campagne électorale qui s’achève. Si officiellement les candidats se disent contre l’achat de conscience, ils ne manquent pas de justifier leurs gestes débonnaires.
Que le parti politique qui n’a fait aucun don dans le but de déterminer les électeurs à lui accorder leurs suffrages, dimanche prochain, lève le petit doigt sous le cocotier ! Partout où notre équipe de reportage est passée, les candidats ont offert des enveloppes financières aussi modiques soient-elles, au cours de la campagne électorale qui s’achève. Au vu et au su de tous !
Coïncidant avec la période des fêtes de fin d’année, elle a rimé avec dons et libéralités de toutes sortes. Si certains candidats se trouvent l’excuse d’avoir toujours fait œuvre utile en ces circonstances par le passé, d’autres justifient leur générosité spontanée par la « fête » que constituent les élections en elles-mêmes. Un alibi pour le moins grossier, en ce sens que l’achat de conscience, pourtant proscrit par le Code électoral, a été toujours la chose la mieux partagée lors des campagnes électorales au Bénin.
Cette fois-ci, la tradition est encore respectée. Malheureusement ! « Nous ne pouvons pas réunir tout ce monde, leur parler sans donner au moins de l’eau ; des gens ont quitté loin pour venir ici », justifie un candidat de la dix-septième circonscription électorale. Un autre de la même région se montre bien indélicat vis-à-vis des adversaires : « Ceux qui viennent raconter leur vie ici n’ont rien à vous offrir, mais nous autres allons vous laisser quelque chose et vous verrez avec vos coordonnateurs ». Curieusement, cette déclaration du candidat est applaudie par les femmes mobilisées par dizaines avec la promesse que le « déplacement » est assuré.
Le mode opératoire est connu de tous. Sur des feuilles de papiers empilées les unes sur les autres et qui continuent de recevoir des lignes supplémentaires avant, pendant ou après le discours de campagne, sont cochés les noms de ceux et celles qui ont droit au « butin » électoral. Quand vient le moment de partage, de grandes personnes se déchaînent, telles des fauves, autour de la pitance. A Awamè, un quadragénaire est pris à partie par un groupe de femmes à l’issue d’un meeting. Le pauvre se démène comme un diable dans le bénitier, justifiant en vain que le geste de « L’Honorable » n’est pas à la hauteur des attentes. Comme dans ces genres de situation, les mécontents lui garderont une dent pendant des lustres. Car, comme le dit Samuel Eboua, « La rancune, en politique, peut avoir la peau dure » (Ahidjo et la logique du pouvoir).
Un candidat s’est fait huer à Athiémé parce qu’à la fin de son meeting, il a déposé une enveloppe de 50 000 F Cfa au groupe de gens venus l’écouter, alors qu’une équipe de campagne d’un parti apparemment plus modeste avait offert la veille 60 000 F Cfa à distribuer. Si la distribution de sandwichs, de tee-shirts et autres gadgets n’est plus tellement à la mode, la gratification de vivres et surtout d’espèces sonnantes et trébuchantes a toujours cours, en toute méconnaissance des textes en vigueur. Comme quoi, la démocratie fait son petit bonhomme de chemin mais certaines mauvaises habitudes perdurent.
Mais les dons et libéralités déterminent-ils vraiment le vote des électeurs ? C’est une autre paire de manches.