La Nation Bénin...
Cotonou
abrite du 25 au 27 juin, un colloque international sur les « Cultures
politiques en Afrique : militantisme, civisme et citoyenneté face aux défis de
la consolidation démocratique ». Occasion pour des enseignants chercheurs,
personnalités politiques, décideurs et société civile de dialoguer sur certains
enjeux et la consolidation démocratique en Afrique.
350 personnes dont 108 chercheurs et experts en provenance de 31 universités d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, 53 députés, 20 responsables de partis politiques et une centaine de jeunes, prennent part aux travaux du colloque international sur les cultures politiques en Afrique. Le débat s’ouvre à l’heure où le continent connaît diverses fortunes résultant de la mise en œuvre de la pratique démocratique. Sans être parfaite, cette forme de gouvernance a livré des indices qu’il convient d’analyser, ont implicitement reconnu les intervenants à l’ouverture. Dr Azizou Chabi Imorou, président du comité d’organisation et directeur de l’Institut pour la gouvernance démocratique (Igd) note une ambivalence entre l’offre et la demande de démocratie. L’observation de la vie démocratique ces dernières décennies dans plusieurs pays africains permet de constater, selon lui, « un processus complexe, un chantier presque toujours inachevé ». Dans le même temps, précise-t-il, « l’actualité de la sous-région permet de constater des ruptures dans les trajectoires démocratiques de certains pays » mais aussi des actes de défiance et de méfiance à la démocratie, à ses normes et institutions. Situation qui oblige donc spécialistes des sciences sociales, politiques et juridiques à des réflexions autour des cultures politiques. Le directeur de l’Igd salue donc ce cadre de réflexion qui se propose d’analyser les mécanismes d´énonciation et d’émergence des cultures politiques africaines. Ceci, autour de cinq axes à savoir « civisme et incivilités», « citoyenneté participative », « culture politique et culture démocratique», « Parlement et consolidation démocratique » et enfin « militantisme politique et social ».
L’Institut
parlementaire du Bénin (Ipad) activement au cœur de l’organisation dudit
colloque, par le biais de sa directrice, Sèdami Mèdégan Fagla, note « une
faible participation citoyenne dans les processus démocratiques, un mépris pour
ceux qui s’y intéressent, une perception erronée des droits et devoirs du
militant, un désintérêt affiché par les citoyens pour la chose politique ».
Pour elle, cette rencontre, «donne l’occasion aux participants de croiser les
fruits des réflexions menées par la communauté scientifique sur la
problématique avec les expériences, pratiques et réalités vécues par les
différents acteurs ». Le colloque est financé par l’ambassade royale des
Pays-Bas à travers le programme Renforcement et appui pour des partis
politiques inclusifs et démocratiques (Rappid).
Partage d’expériences
Hans Christiaanse, responsable de la Netherlands institute for multiparty democracy appelle pour sa part, à « reconnaître que la démocratie est complexe et qu'elle nécessite une capacité d'adaptation dans le temps et des stratégies appropriées pour tenir compte des évolutions contextuelles ». Il entrevoit le colloque comme « un exemple louable » et une aubaine pour partager des points de vue sur les défis actuels de la démocratie. L’université d’Abomey-Calavi y apporte aussi son appui et son expertise. Son recteur, Félicien Avlessi, rassure qu’elle « se dégage de tout parti pris politique, voire politicien» pour n’endosser que « son seul rôle d'institution publique à caractère scientifique et culturel, habilitée à étudier les systèmes politiques ».
Avant la présentation de sa conférence plénière sur « le Parlement béninois dans la longue marche de consolidation démocratique », le président Louis Vlavonou, en ouvrant le colloque, s’est félicité de son organisation, l’inscrivant dans le sillage des rencontres entre scientifiques et acteurs politiques, chose toujours voulue par lui. « L’Afrique, riche de sa diversité culturelle et de ses expériences politiques variées, se trouve à un carrefour décisif », indique-t-il. « Face aux défis de la consolidation démocratique, nous devons être réalistes mais également optimistes», suggère-t-il. Qu’il s'agisse de l'instabilité politique, de la corruption, des inégalités économiques ou des tensions ethniques et religieuses, les défis sont nombreux, reconnait-il. Ce colloque constitue de son point de vue, « une plateforme précieuse pour discuter, échanger et apprendre les uns des autres». Il plaidera alors pour « une approche intégrée et pluridisciplinaire » pour aborder la question. Ceci, à travers le partage des expériences, des réussites, mais aussi des échecs■