La Nation Bénin...
La Commission des lois, de l'administration et
des droits de l'Homme de l'Assemblée nationale a rejeté, après étude, ce
mercredi 3 janvier, la proposition de loi spéciale portant amnistie et/ ou
abandon des poursuites judiciaires au profit de certaines personnalités
politiques pour des faits criminels, délictuels et contraventionnels mis à leur
charge de 2017 à nos jours. Le dossier,
selon des sources parlementaires, a été rejeté par 17 voix contre et 6 pour.
Tous les députés de la majorité présidentielle ont voté contre l'initiative de
cette proposition de loi introduite courant avril 2023 par leurs collègues du
parti Les Démocrates. Les six voix en faveur du texte émanent naturellement des
députés de l'Opposition parlementaire membres de la commission des lois.
L'adoption du rapport sanctionnant les travaux de cette commission est attendue
pour ce jeudi. Les regards seront ensuite tournés vers la plénière des 109
députés, qui décidera en dernier ressort du sort de cette proposition de loi
qui tient à cœur à l'Opposition parlementaire.
La plénière va-t-elle entériner l'avis de la
majorité des députés de la commission recommandant le rejet pur et simple du
texte ? La réponse devrait couler de source, sauf miracle. D'autant que la
majorité présidentielle contrôle le Parlement avec 81 députés contre 28 pour
l'Opposition. Mieux, le président de la République, Patrice Talon, chef de file
de la majorité présidentielle, a été on ne peut plus clair sur la
question. Le chef de l'État a dit devant
micros et caméras qu'il ne soutiendra pas cette proposition de loi spéciale
d'amnistie pour laquelle le président du parti Les Démocrates, l'ex-chef de
l'État, Boni Yayi lui a demandé de faire bouger les lignes. Ceci, en donnant
des instructions aux députés du camp présidentiel pour faire aboutir l'initiative.
Le président Patrice Talon a fait savoir clairement son avis lors de la
rencontre qu'il a eue, le 29 novembre dernier, au palais de la Marina, avec une
délégation des hauts responsables du parti Les Démocrates. Pour lui, le dossier
est techniquement insoutenable. Dans la même veine, le président du groupe
parlementaire Bloc républicain (Br), Assan Séibou a publié une tribune dans la
presse la semaine dernière. L'élu du peuple n'est pas allé du dos de la
cuillère pour désapprouver et dénoncer la démarche cavalière de ses collègues
de l'Opposition qui ont introduit la proposition de loi sans consultation ni
concertation des autres forces politiques du Parlement.
Avec toutes ces
positions tranchées, le rejet du texte intervenu, hier, en commission ne
devrait surprendre personne. Reste maintenant la décision de la séance plénière
des députés sur le texte. Lequel comporte deux titres. Le titre premier aborde
l'amnistie des personnalités dites politiques en prison ou en liberté
provisoire. Le second titre concerne l'amnistie ou l'abandon des poursuites
judiciaires contre des personnalités dites politiques en exil.