La Nation Bénin...
Au Bénin, le capital des entreprises qui intègre
plusieurs dimensions de productivité est supérieur à la moyenne africaine.
Toutefois, il demeure encore peu mobilisé, en raison notamment de la
prédominance du secteur informel et des contraintes structurelles qui freinent
l’essor des entreprises de taille intermédiaire et des grandes entreprises.
Le capital des entreprises constitue un levier
fondamental pour stimuler la transformation économique d’un pays. Selon le
rapport sur les Perspectives économiques africaines (Pea) 2025 de la Banque
africaine de développement, ce capital ne se limite pas aux ressources
financières. Il englobe aussi bien le capital financier et non-financier, les
systèmes technologiques, l’image de marque, les actifs corporels et
incorporels, le capital humain, le capital naturel que le capital social.
Autant de dimensions qui, combinées, peuvent améliorer significativement la
productivité du secteur privé, moteur de croissance et d’emplois. Le cas du
Bénin, selon les données du rapport pays 2025 de la Banque africaine de
développement, illustre bien ce potentiel, mais aussi les défis à relever pour
le concrétiser pleinement. D’après ces données, le capital des entreprises
béninoises affiche des indicateurs au-dessus de la moyenne continentale. Sur la
période 2000-2023, l’investissement privé représentait en moyenne 27,8 % du
Pib, contre seulement 14,8 % pour la moyenne africaine.
De même, le pays comptait en 2023 plus de 252 000
entreprises, soit environ 2 000 entreprises pour 100 000 habitants, une densité
bien supérieure à la moyenne africaine estimée à 203 entreprises pour 100 000
habitants. Ces chiffres témoignent d’un dynamisme entrepreneurial remarquable
et confirment l’importance du secteur privé dans l’économie nationale. En 2024,
ce secteur contribuait à près de 90 % des emplois créés, générait 78 % du Pib
et recevait plus de 80 % des investissements réalisés.
Mais derrière cette vitalité apparente, une réalité
persiste : la fragmentation extrême du tissu entrepreneurial. Le rapport révèle
qu’environ 98 % des entreprises sont de très petite taille, avec seulement 2 %
d’entreprises de taille moyenne et une proportion infime de grandes
entreprises, qui ne représentent que 0,4 % de l’ensemble.
À cela s’ajoute la forte existence du secteur informel.
En 2023, près de 86 % des entreprises évoluaient encore hors du cadre formel,
contribuant à hauteur de 65 % au Pib. Cette prévalence de l’informalité limite
l’exploitation du capital des entreprises à son plein potentiel. En cause, un
environnement des affaires encore marqué par des défis structurels, des coûts
de production élevés, une fiscalité perçue comme complexe et un accès au
financement limité.
Freins majeurs
Le rapport de la Bad pointe notamment le manque d’accès à
un financement à long terme abordable comme un frein majeur au développement
des entreprises. L’accès au marché boursier reste également restreint pour la
grande majorité des Pme, qui peinent à remplir les critères de cotation et à
supporter les coûts y afférents. S’y ajoute une offre encore insuffisante de
services financiers adaptés aux besoins spécifiques des Tpe et Pme, couplée à
des taux d’intérêt souvent prohibitifs. Sur le plan des infrastructures, malgré
des avancées notables, le rapport note que des déficits persistent et impactent
directement la compétitivité des entreprises. La connectivité des transports et
des Tic demeure aussi perfectible. On note également une pénurie de
main-d’œuvre qualifiée qui plombe l’accroissement du capital humain, pourtant
essentiel pour renforcer la productivité.
Face à ces contraintes, le rapport de la Bad met en avant
plusieurs leviers de transformation. La numérisation figure parmi les pistes
prometteuses pour alléger les contraintes réglementaires, faciliter la
formalisation et simplifier la conformité. Elle pourrait aussi contribuer à
mieux intégrer les petites entreprises dans des chaînes de valeur structurées.
La promotion du contenu local et l’émergence de champions nationaux dans des
secteurs stratégiques sont également identifiées comme des voies de sortie pour
rompre avec la domination du secteur informel et favoriser l’agrégation des
acteurs autour de pôles de compétitivité.
La Bad appelle aussi à une politique industrielle
cohérente et des mécanismes incitatifs pour intégrer les Pme dans les chaînes
de valeur, stimuler l’innovation et accroître leur accès à la commande
publique. En encourageant l’accès aux financements adaptés, en améliorant
l’environnement des affaires et en renforçant les capacités humaines, le Bénin
pourrait transformer son capital d’entreprises en un véritable moteur de
croissance durable et inclusive.
Si le capital des entreprises béninoises se situe au-dessus de la moyenne africaine, son potentiel reste encore largement sous-exploité. L’enjeu pour les années à venir sera donc de lever les freins structurels, de consolider le tissu formel et de stimuler l’émergence de champions économiques capables de tirer vers le haut l’ensemble de l’économie nationale. Une ambition à la mesure de la dynamique entrepreneuriale dont le Bénin peut s’enorgueillir.