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2 000 entreprises pour 100 000 habitants au Bénin: Une densité bien supérieure à la moyenne africaine

Economie

Au Bénin, le capital des entreprises qui intègre plusieurs dimensions de productivité est supérieur à la moyenne africaine. Toutefois, il demeure encore peu mobilisé, en raison notamment de la prédominance du secteur informel et des contraintes structurelles qui freinent l’essor des entreprises de taille intermédiaire et des grandes entreprises.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 04 juil. 2025 à 08h52 Durée 3 min.
#secteur informel #Bénin #création d’entreprises

Le capital des entreprises constitue un levier fondamental pour stimuler la transformation économique d’un pays. Selon le rapport sur les Perspectives économiques africaines (Pea) 2025 de la Banque africaine de développement, ce capital ne se limite pas aux ressources financières. Il englobe aussi bien le capital financier et non-financier, les systèmes technologiques, l’image de marque, les actifs corporels et incorporels, le capital humain, le capital naturel que le capital social. Autant de dimensions qui, combinées, peuvent améliorer significativement la productivité du secteur privé, moteur de croissance et d’emplois. Le cas du Bénin, selon les données du rapport pays 2025 de la Banque africaine de développement, illustre bien ce potentiel, mais aussi les défis à relever pour le concrétiser pleinement. D’après ces données, le capital des entreprises béninoises affiche des indicateurs au-dessus de la moyenne continentale. Sur la période 2000-2023, l’investissement privé représentait en moyenne 27,8 % du Pib, contre seulement 14,8 % pour la moyenne africaine.

De même, le pays comptait en 2023 plus de 252 000 entreprises, soit environ 2 000 entreprises pour 100 000 habitants, une densité bien supérieure à la moyenne africaine estimée à 203 entreprises pour 100 000 habitants. Ces chiffres témoignent d’un dynamisme entrepreneurial remarquable et confirment l’importance du secteur privé dans l’économie nationale. En 2024, ce secteur contribuait à près de 90 % des emplois créés, générait 78 % du Pib et recevait plus de 80 % des investissements réalisés.

Mais derrière cette vitalité apparente, une réalité persiste : la fragmentation extrême du tissu entrepreneurial. Le rapport révèle qu’environ 98 % des entreprises sont de très petite taille, avec seulement 2 % d’entreprises de taille moyenne et une proportion infime de grandes entreprises, qui ne représentent que 0,4 % de l’ensemble.

À cela s’ajoute la forte existence du secteur informel. En 2023, près de 86 % des entreprises évoluaient encore hors du cadre formel, contribuant à hauteur de 65 % au Pib. Cette prévalence de l’informalité limite l’exploitation du capital des entreprises à son plein potentiel. En cause, un environnement des affaires encore marqué par des défis structurels, des coûts de production élevés, une fiscalité perçue comme complexe et un accès au financement limité.

Freins majeurs

Le rapport de la Bad pointe notamment le manque d’accès à un financement à long terme abordable comme un frein majeur au développement des entreprises. L’accès au marché boursier reste également restreint pour la grande majorité des Pme, qui peinent à remplir les critères de cotation et à supporter les coûts y afférents. S’y ajoute une offre encore insuffisante de services financiers adaptés aux besoins spécifiques des Tpe et Pme, couplée à des taux d’intérêt souvent prohibitifs. Sur le plan des infrastructures, malgré des avancées notables, le rapport note que des déficits persistent et impactent directement la compétitivité des entreprises. La connectivité des transports et des Tic demeure aussi perfectible. On note également une pénurie de main-d’œuvre qualifiée qui plombe l’accroissement du capital humain, pourtant essentiel pour renforcer la productivité.

Face à ces contraintes, le rapport de la Bad met en avant plusieurs leviers de transformation. La numérisation figure parmi les pistes prometteuses pour alléger les contraintes réglementaires, faciliter la formalisation et simplifier la conformité. Elle pourrait aussi contribuer à mieux intégrer les petites entreprises dans des chaînes de valeur structurées. La promotion du contenu local et l’émergence de champions nationaux dans des secteurs stratégiques sont également identifiées comme des voies de sortie pour rompre avec la domination du secteur informel et favoriser l’agrégation des acteurs autour de pôles de compétitivité.

La Bad appelle aussi à une politique industrielle cohérente et des mécanismes incitatifs pour intégrer les Pme dans les chaînes de valeur, stimuler l’innovation et accroître leur accès à la commande publique. En encourageant l’accès aux financements adaptés, en améliorant l’environnement des affaires et en renforçant les capacités humaines, le Bénin pourrait transformer son capital d’entreprises en un véritable moteur de croissance durable et inclusive.

Si le capital des entreprises béninoises se situe au-dessus de la moyenne africaine, son potentiel reste encore largement sous-exploité. L’enjeu pour les années à venir sera donc de lever les freins structurels, de consolider le tissu formel et de stimuler l’émergence de champions économiques capables de tirer vers le haut l’ensemble de l’économie nationale. Une ambition à la mesure de la dynamique entrepreneuriale dont le Bénin peut s’enorgueillir.