La Nation Bénin...
Ecoliers
et étudiants de Dassa-Zoumè, Glazoué et Savalou ont été sensibilisés, du 19 au
22 mai dernier, par le Haut-commissariat à la prévention de la corruption
(Hcpc) en vue de leur implication dans la lutte contre ce fléau.
La
campagne de formation à l’intégrité en milieu scolaire a débuté de manière
percutante par l'Ecole primaire publique de Moumoudji, à Dassa-Zoumè, où un
sketch saisissant d'enfants a mis en lumière l'utilisation des pots-de-vin pour
réussir aux examens. Cette approche participative adoptée par la délégation du
Haut-commissariat à la prévention de la corruption (Hcpc) a permis, au cours
des échanges à bâtons rompus, de « mettre le doigt » sur une longue liste de
manifestations du fléau à l’école, allant de la tricherie et la manipulation
des notes, aux pots-de-vin pour la désignation des responsables de classe, en
passant par les dons à ces derniers pour éviter des sanctions.
La
délégation conduite par Charles-Olivier Attindéhou, secrétaire général, a
souligné les conséquences dévastatrices de la corruption : rupture de l'équité,
entrave à l'excellence et frein au développement national. La sensibilisation a
mis en avant l'importance d'un changement de comportement, non seulement à
l'école, mais aussi à la maison, prévenant que les habitudes de corruption
acquises jeunes risquent de suivre leurs auteurs dans la vie active. « La loi
qui punit le corrompu sanctionne aussi sévèrement le corrupteur et leur
facilitateur », a rappelé la délégation, composée également de Charles Codjia,
Étienne Badou et Carlos Gbodo.
Le
message central transmis aux enfants ainsi qu’à leurs parents et enseignants,
tous mobilisés à l’Epp Moumoudji, est clair: «Apprendre avec intégrité, c’est
bâtir son avenir avec dignité». Ce leitmotiv a résonné ensuite à l'École
nationale supérieure des biosciences et biotechnologies appliquées et au Ceg1
de Dassa-Zoumè où se sont rendus successivement les émissaires du
Haut-Commissaire à la prévention de la corruption. D’une commune à l’autre, les
activités et le message n’ont pas varié.
Comme
ce fut le cas à Glazoué où la campagne s'est poursuivie avec le même succès,
touchant l'Ecole primaire publique d'Akpikpi et le Ceg 1 de Glazoué. Malgré la
tenue du grand marché local, la mobilisation des parents aux côtés des élèves
et enseignants a été remarquable, témoignant de l'intérêt général pour la
thématique. La grande salle de réunion du collège a d'ailleurs rejeté du monde,
signe de l'engouement pour comprendre la problématique de la corruption.
Dans la même veine, s’est déroulée la dernière étape de la campagne, à Savalou, ciblant les apprenants du groupe pédagogique C, au quartier Zongo. Outre les enfants, le chef de l’établissement Rodolphe Nonvidé Nouatin et ses collaborateurs ont pris part avec enthousiasme à la rencontre avec le Hcpc. La séance, très animée, a été conclue par l’engagement de Dieunedort Soukpon et de ses condisciples à adopter des comportements vertueux et à propager les notions reçues auprès de leurs congénères et parents. Ensemble, ils ont promis que la corruption ne passera pas par eux.
Relais de conscience
La
descente dans les Collines s'inscrit dans la première phase d'une tournée
nationale du Hcpc, qui a déjà couvert les départements du Plateau et de
l'Ouémé. Charles-Olivier Attindéhou a expliqué que l'objectif poursuivi à
travers cette initiative est la création de « relais de conscience », des
acteurs clés de l'intégrité au sein de la jeunesse. En ciblant les jeunes
apprenants, soutient-il, le Hcpc est convaincu de pouvoir inculquer « une
nouvelle compréhension du bien public » à une génération malléable.
Étienne
Badou a appuyé cette approche en précisant qu'« il est plus facile d'éduquer un
enfant que de redresser un adulte». Toutefois, le Hcpc ne perd pas de vue que
les efforts en cours sont comme une graine semée, dont la germination et la
croissance vers un « arbre d'intégrité » nécessiteront du temps. C’est
pourquoi, Charles Codjia, coordonnateur des actions au niveau des départements,
a projeté sur une dizaine d'années l’espoir de voir émerger le modèle de
citoyen dont rêve le Hcpc pour le Bénin, des citoyens plus respectueux du bien
public et davantage impliqués dans les questions de développement. Sur
l'accueil réservé à leur message dans les Collines, il estime que l'institution
était « attendue sur le terrain » mais aussi que la jeunesse du département
semble désormais prête à être le fer de lance de la lutte contre la corruption.
Et pour faciliter la dénonciation de tout acte de corruption, le Hcpc a encouragé les citoyens à composer le numéro vert 155 ou à se rendre directement dans les commissariats.