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Création de la Société béninoise d’infrastructures maritimes et fluvio-lagunaires: Une révolution dans le monde du transport

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La création de la Société béninoise d’infrastructures maritimes et fluvio-lagunaires ouvre la voie à l’exploitation des richesses maritime et fluvio-lagunaire pour des services de transport modernes. Une révolution qui s’organise avec minutie sur la base d’études qui laissent entrevoir d’heureuses perspectives.

 

Par   Joël C. TOKPONOU, le 05 juin 2025 à 07h32 Durée 3 min.
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La Société béninoise d’infrastructures maritimes et fluvio-lagunaires est désormais effective. Ses statuts ont été formellement appouvés. Par cet acte, le gouvernement engage une profonde révolution dans le secteur du transport. Les impacts de cette innovation se déclineront sur plusieurs années avec des avantages multiples pour les populations.

En effet, cette société aura pour mission d’élaborer et de mettre en œuvre les stratégies, à long terme, de protection de la côte béninoise, qui peuvent combiner les dragages des fonds marins ou lagunaires, la recomposition du territoire, et la préservation des espaces naturels.

Elle s’occupera, par ailleurs, de la construction et de l’exploitation d’un chantier naval, avec pour responsabilité d’entretenir les engins flottants nationaux et d’assurer leur navigabilité.

Des études menées par des chercheurs ont établi que le transport fluvial a été longtemps utilisé comme voie de pénétration des territoires et mérite aujourd'hui une attention en tant que future voie de développement des communes et voie de l'avenir dans le transport des biens et personnes au Bénin. Fort de cela, le gouvernement s’est engagé dans cette dynamique pour faciliter la mobilité urbaine. En témoigne le Cadre de politique de réinstallation (Cpr) du Projet de mobilité urbaine durable du Grand Nokoué (Pmud-Gn), un projet de transport fluvio-lagunaire dans la plus grosse agglomération du pays regroupant les villes de Cotonou, Abomey-Calavi, Sèmè-Podji et Porto-Novo. Ce dernier vise à doter l'agglomération du Grand Nokoué d'un système de déplacement multimodal, intégré et durable, au service du bien-être des populations. Son instruction par la Banque mondiale impose l’élaboration d’une série de documents de sauvegarde environnementale et sociale, dont le Cadre de politique de réinstallation (Cpr) suivant le standard de la Banque.

Des enjeux majeurs

Le développement du transport maritime et fluvio-lagunaire au Bénin constitue une stratégie à fort potentiel pour stimuler la croissance inclusive, renforcer l'intégration territoriale et répondre aux enjeux climatiques. Grâce à sa façade maritime et à un réseau hydrographique dense, notamment les fleuves Ouémé, Mono, Couffo, les lagunes côtières, le pays dispose d’atouts naturels favorables à une mobilité alternative, complémentaire au transport routier.

Sur le plan économique, ce mode de transport contribue à la réduction des coûts de logistique et à la fluidification des échanges commerciaux, en particulier pour les marchandises en vrac ou à faible valeur ajoutée. Il facilite l’approvisionnement des zones enclavées et renforce le rôle stratégique du port autonome de Cotonou comme porte d’entrée commerciale de la sous-région. De plus, il favorise la création d’emplois directs et indirects dans les domaines de la navigation, de la manutention, de la construction navale artisanale et des services portuaires.

Sur le plan environnemental, le transport fluvial et maritime est moins énergivore que le transport routier et émet significativement moins de gaz à effet de serre par tonne transportée. Il contribue ainsi à la réduction de l’empreinte carbone du secteur des transports, à la préservation des routes soumises à de fortes dégradations et à une meilleure planification territoriale en limitant les pressions sur les infrastructures terrestres.

De la même manière, sur le plan social, la relance de la navigation intérieure permet de mieux intégrer les communautés riveraines dans les dynamiques économiques régionales. Elle facilite l'accès aux marchés, à l’emploi et aux services essentiels, en particulier dans les zones lacustres et rurales. Par ailleurs, les activités induites- commerce fluvial, petits transports, tourisme lacustre-offrent des opportunités aux jeunes et aux femmes, renforçant ainsi la cohésion sociale et la résilience locale.

De fait, la promotion du transport maritime et fluvio-lagunaire au Bénin s'inscrit dans une logique de développement durable alliant efficacité économique, sobriété écologique et justice sociale. Sa valorisation exige toutefois des investissements structurants, une gouvernance adaptée et une sécurisation des voies navigables pour assurer sa pérennité.

Le Crp, une base solide

Dans le document du Crp publié en janvier 2025 par la Société des infrastructures routières et de l’aménagement du territoire, la sous-composante intitulée Aménagement pour le développement du transport en commun sur voies navigables (transport lacustre) évoque quelques axes du transport lagunaire. Selon le document, le service de transport public en commun sur voies navigables (transport lacustre) est l’une des solutions envisagées pour la modernisation et la gestion de la mobilité urbaine dans le Gn. Le lac Nokoué a été retenu comme le plan d’eau le plus indiqué pour abriter ce mode de transport et les deux (02) axes prioritaires identifiés sont Cotonou - Porto-Novo et Cotonou - Abomey-Calavi.

A en croire les études, de façon informelle, le transport lacustre se pratique actuellement sur ces axes. Il n’est pas structuré, avec des embarcations peu capacitaires, ne respectant aucune norme, et des gares de fortune. Tous les aménagements projetés dans le cadre du projet de mobilité urbaine durable dans le Grand Nokoué sont globalement présentés.

Par ailleurs, le service du transport public routier en commun tel qu’il est projeté, sera déployé sur les corridors prioritaires du territoire du Grand-Nokoué. Deux (02) axes principaux des routes nationales inter Etats (Rnie) sont retenus à cet effet. Il s’agit de l’axe 1 des corridors prioritaires qui est la section nord-sud des Rnie 2 et Rnie 1, qui part de Glo-Djigbé (carrefour Gdiz) et échoue au carrefour Agblangandan (Sèmè-Podji) en passant par l’échangeur de Godomey, le carrefour Cica Toyota, le marché Dantokpa et le carrefour Ciné Concorde, y compris ses bretelles. L’axe 2 des corridors prioritaires est la section de la Rnie 1 partant de Pahou (Ouidah) à l’échangeur Godomey d’une part, puis de carrefour Agblangandan (Sèmè-Podji) à Porto-Novo d’autre part. Ces deux axes sont des voies aménagées existantes, globalement en 2x2 voies + Terre-plein central + trafic local, sauf les sections de carrefour Gdiz au carrefour Missessinto sur la Rnie 2 d’une part et Carrefour Sèmè – Porto-Novo sur la Rnie 1 actuellement en cours de réhabilitation également en 2x2 voies.

Selon ce document, il n’y aura donc pas d’interventions lourdes sur les corridors prioritaires dans le cadre du Pmud-Gn. Les interventions sur les axes des corridors prioritaires porteront sur la réalisation de travaux confortatifs pour améliorer le trafic. Il s’agit, entre autres, des travaux de type réaménagement de carrefours, réhabilitation par resurfaçage de chaussée sur des Accès et Traversées de Cotonou (Atc), aménagement ou réaménagement de trottoirs et de contre-allées, aménagement de cheminements piétons, réhabilitation et renforcement des équipements de sécurité routière, réhabilitation des signalisations horizontales, réhabilitation et centralisation des feux tricolores (Slt/Pcrt), rétablissement de l’éclairage public, etc.