La Nation Bénin...
Si le président Boni Yayi échappe à une fronde sociale pour les quelques jours qui lui restent à passer à la tête de l’Etat, son successeur lui a des chances de la subir en guise d’héritage. Sauf si, entre temps, le nouveau décret portant réaménagement des avantages et autres indemnités octroyés à certains cadres politiques était rapporté. Cet engagement sur fond de menaces a été pris lundi 14 mars à la Bourse du Travail de Cotonou par plusieurs responsables d’organisations syndicales au cours d’un point de presse.
Si le Bénin a autant de richesses et de ressources financières, au point d’octroyer des avantages faramineux à certains cadres de l’administration avec effet rétroactif sur de nombreuses années, c’est qu’il a aussi les moyens de satisfaire aux exigences des travailleurs et aux nombreuses doléances en souffrance des travailleurs. Cette analyse, Dieudonné Lokossou, secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin) l’a faite lundi 14 mars au cours d’un point de presse organisé par lui et certains de ses pairs pour décrier le nouveau décret portant régime indemnitaire applicable aux directeurs de cabinet des ministres, aux secrétaires généraux des ministères et à leurs adjoints.
« C’est un décret provocateur qui incite à la violence », commente Noël Chadaré, secrétaire général de la Confédération des syndicats indépendants du Bénin (Cosi-Bénin). Dieudonné Lokossou dit ne pas comprendre dans le contexte de raréfaction de ressources qui est celui du Bénin actuellement, que le gouvernement fasse l’option d’un décret discriminatoire. Selon lui, on a exploité un personnel politique depuis dix ans et on a attendu d’être en fin de mandat pour le récompenser avec des avantages faramineux au détriment de la grande majorité des travailleurs.
Eviter le trouble social
« Nous ne pouvons pas accepter des promotions de faveurs basées sur la discrimination», s’offusque le secrétaire général de la Csa-Bénin. Décelant des germes de tension à travers le décret querellé, il invitera le gouvernement à le rapporter purement et simplement pour éviter d’en faire un objet de trouble social. « Nous allons réveiller tous les travailleurs qui ont des droits acquis » si ledit décret était maintenu, prévient-il déjà. Dieudonné Lokossou s’étonne aussi de ce que le Premier ministre qui aspire prendre la gouvernance du pays à la suite du chef de l’Etat sortant puisse apposer sa signature sur un tel document qui, de son avis, n’est pas de nature à permettre au prochain président de la République de gouverner dans la quiétude. Il a ensuite soutenu sans ambages que le maintien du décret constituera la première pomme de discorde entre le futur président et la classe ouvrière.
L’analyse juridique du même texte, fait par le secrétaire général de la Confédération général des travailleurs du Bénin (Cgtb), Pascal Todjinou révèle que le champ d’application du texte est exposé en premier lieu bien avant le contenu. Ce qui, relève ce dernier, dénote d’une certaine impréparation et d’une précipitation autour du texte. La rétroactivité du décret portant régime indemnitaire applicable aux directeurs de cabinet des ministres, aux secrétaires généraux des ministères et à leurs adjoints est la preuve, pense le secrétaire général de la Cgtb, que les moyens existent pour la satisfaction des revendications des travailleurs. ¦