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Dynamisation des chaînes de valeur du textile au Bénin: La Bad explore les alternatives avec les acteurs

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Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 10 mars 2023 à 09h02
Le bureau pays du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) a organisé un atelier de réflexion sur les défis de l’industrie du textile au Bénin et la manière de renforcer les capacités des acteurs pour mieux développer les chaînes de valeur du secteur. Les échanges ont mobilisé les différents maillons de la chaîne, ce jeudi 9 mars à Cotonou. Identifier les défis et mieux appréhender les besoins et attentes de l’écosystème de la confection textile, dans la perspective de la mise en œuvre d’une solution mutualisée pour la confection textile en série, au sein d’une chaîne de mise en valeur inclusive pour les acteurs locaux. Tel est l’objectif visé par le bureau pays du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad), en initiant, ce 9 mars à Cotonou, un atelier sectoriel pour la collecte des données. Plusieurs acteurs ont pris part aux échanges. Outre les producteurs de tissus, les teinturiers, les stylistes, les modélistes, les brodeurs, les couturières et couturiers, les consommateurs, les professionnels des fonctions support, et de la chaîne de valeur de la confection textile, les représentants des organisations faîtières ainsi que ceux de l’État directement concernés par le secteur ont salué cet engagement de la Bad, et exprimé leur vision. « Cet atelier s’insère parfaitement dans la dynamique de renforcement structurel de l’industrie textile au Bénin et dans la logique du consommons local », a déclaré Dario G. Ebo Sacramento, directeur adjoint de cabinet du ministre de l’Industrie et du Commerce. Au cours de cet atelier, les participants ont été édifiés sur l’intérêt des Béninois pour le prêt-à-porter de confection locale, donc sur l’existence d’un marché potentiel non satisfait à l’étape actuelle de la production. « Le nombre de prêts-à-porter de consommation locale ne cesse d’augmenter. C’est dire qu’il y a une très forte demande. Mais les prix de nos articles ne sont accessibles qu’à la couche supérieure de la classe moyenne, qui ne représente qu’à peine 10% de la population », a souligné Eric Huannou, créateur de mode. Il va expliquer que faute de moyens, les acteurs sont limités dans la production, et estimer que l’appui de la Bad pourrait changer la donne. « Il s’agit d’un secteur qui offre de nombreuses opportunités à toutes les étapes de la chaîne de valeur. Ce projet d’industrialisation de l’habillement en petite série au Bénin proposé par la Banque africaine de développement s’imbrique dans ce mouvement d’innovation à forte valeur ajoutée pour le consommateur béninois, que le gouvernement s’efforce d’impulser au sein de l’industrie béninoise », a indiqué Dario G. Ebo Sacramento. En effet, le développement du secteur privé fait partie des domaines prioritaires de la stratégie de développement du Groupe de la Bad au Bénin pour la période 2022-2026, qui vise à soutenir la transformation de l’agriculture et le développement industriel du pays. Outre la mobilisation des parties prenantes pour collecter des données qualitatives sur les besoins réels des opérateurs privés et publics, l’atelier de Cotonou a également permis de proposer un modèle industriel local alternatif face à des solutions traditionnelles de niche ou des produits importés de moindre qualité. « Nous sommes dans une société où nous travaillons prioritairement de façon traditionnelle et cette approche ne permet pas une production d’échelle. Si nous voulons effectivement percer des marchés sur le plan régional, voire international, nous nous devons de nous ajuster », a déclaré Mondukpè Faridatou Yekini, promotrice du pagne Kanvo, un patrimoine culturel du Bénin. L’industrie du textile au Bénin a le potentiel de devenir un des principaux employeurs du pays. Le marché local devrait connaître une croissance remarquable dans les prochaines années, si de meilleures politiques sont adoptées, selon les participants à l’atelier de Cotonou. L’enjeu de cette initiative de la Bad est qu’à côté de la production massive de produits textiles, d’aboutir à la mise en place d’un modèle de production mutualisé, accessible et rentable financièrement pour le consommateur local mais également pour satisfaire la demande extérieure. « Il est de l’intérêt de toutes les parties prenantes de cette industrie béninoise du vêtement, que le secteur du textile soit régi par des normes et standards internationaux de sorte que la production soit attractive et réponde aux besoins des consommateurs locaux ainsi qu’à la demande de plus en plus pressante qui vient non seulement de l’extérieur du pays mais aussi en dehors du continent», a déclaré Nadia Adanlé, membre de la Chambre des métiers du Bénin et fondatrice de Couleur Indigo - une entreprise de teinture à l’indigo selon le procédé traditionnel, dont le personnel est à 25 % composé de personnes handicapées ■