La Nation Bénin...

Editorial: Bye bye années folles !

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Par   Paul AMOUSSOU, le 10 déc. 2018 à 07h14

Lorsqu’on s’essaye à réaliser le trombinoscope des personnalités qui composent les deux blocs que sont l’Union progressiste et Les Républicains, on ne peut qu’être impressionné, pour peu qu’on a été observateur averti du paysage politique ces trente dernières années. Ces années furent les années folles du multipartisme intégral instauré au Bénin suite au Renouveau démocratique. Certains s’en réjouissent dont un père/pair de la Constitution, estimant que c’est une émulation congénitale à la démocratie libérale que le Bénin a adoptée. D’autres pensent qu’il est temps de mettre un terme à cette joyeuse pagaille.
Le président Patrice Talon est de ceux-là. L’avoir pensé et l’avoir réalisé, est une prouesse de ce dernier que certains de ses compatriotes appellent « agbon-non » c’est-à-dire «celui qui en a la capacité » en français de chez nous, et ceci à juste raison, semble-t-il. Car il faut avoir du courage et une capacité hors-pair pour entreprendre de mettre un terme à une pratique aussi fortement ancrée dans les habitudes et mettre sous la même coupole tant d’egos affirmés, voire assumés. Certes, ils sont peu ou prou convaincus de la nécessité de fédérer les énergies, mais en tenanciers jaloux de leurs petites boutiques que les mauvaises langues qualifient de clubs électoraux, non sans raison, ils n’étaient pas pour autant décidés tous à franchir le pas, à faire le grand saut ! Certains d’entre eux en ont fait leur religion, d’autres par faiblesse (humaine) auraient bien aimé continuer d’être curés de leurs paroisses, plutôt que de devenir, comme c’est le cas avec l’avènement des grands blocs politiques, pasteurs parmi tant d’autres pasteurs, fût-ce pour la bonne nouvelle de faire franchir un palier supplémentaire au système partisan béninois. Chacun devra cependant ravaler son ego, s’asseoir sur son orgueil pour ce qui est d’évidence une cause de félicité. Pour ceux d’entre les politiciens, qui seraient tentés de pleurnicher, car amenés à prononcer le requiem de leurs partis, ils ont une bonne consolation : celle d’avoir cessé d’être des rois borgnes de cours d’aveugles !
En effet, ce serait faire preuve de myopie que de perdre de vue le fait que la plupart des partis, ou ce qui tenait lieu de partis politiques au Bénin, étaient sous les influences de maîtres absolus, les fameux fondateurs, ‘’guides éclairés’’, comme on appelle les potentats des régimes dictatoriaux, de disciples asservis à qui ils imposaient quasiment tout, en véritable général Tapioca qui dicte sa loi à ses satrapes ! Ce temps de président-fondateur est révolu, avec les nouvelles dispositions du système partisan béninois! C’est incontestablement une avancée. Car, au sein des grands blocs nés ou qui naîtront, qu’il s’agisse de ceux de la mouvance ou de l’opposition, la démocratie participative sera le maître-mot ! Il n’y aura plus de décision verticalement imposée, mais de choix opérés en toute collégialité. Il n’y a pas meilleure expression démocratique. Et, de la pratique vertueuse qu’il y aura au sein de ces viviers, dépendra l’avancée démocratique sur le plan national.