Le 11 octobre 2019, la grande loterie du Nobel de la paix a tiré le Premier ministre d’Éthiopie Abiy Ahmed «pour ses efforts en vue d’arriver à la paix et en faveur de la coopération internationale…», se targue le comité Nobel. Peu après, pourtant, Abiy Ahmed s’est retrouvé au cœur d’un conflit armé sanglant au sein de ses propres frontières.
Partant rien que de ces deux exemples, on admet facilement l’usage de la force ou d’armes létales, lorsqu’il vient à s’imposer, et qu’on peut difficilement y déroger, même si les histoires personnelles ou les préférences philosophiques n’y prédisposent. C’est bien la conclusion à laquelle est parvenue la conférence des chefs d’État de la Cedeao face à l’entêtement des putschistes au Niger. Cela ne rend pas pour autant inéligibles au Nobel de la paix, on l’aura compris, Patrice Talon, Alassane Ouattara, Macky Sall ou Ahmed Tinubu, qui ne sont pas de fait non plus les va-t-en-guerre pour lesquels certaines opinions tendent à les faire passer.
L’émotion, forte, sur le continent, l’aura emporté, il est vrai, sur la raison, face à l’option retenue par la conférence des chefs d’État de la Cedeao de devoir, le cas échéant, intervenir militairement contre ces putschistes, afin de rétablir la légalité.
Cependant, la toile (la nouvelle masse populaire, virtuelle, Dieu seul sait pourtant que la masse n’a pas de cerveau) s’enflamme, se prend de commisérations extrêmes et d’empathie pour ‘’le peuple frère’’ nigérien! Déjà si pauvre, et ne devant pas ajouter l’instabilité politique à ses déboires. Chose que beaucoup perdent de vue !
Penser, quitte à dire qu’il est impérieux de mettre un terme à cette vague pagailleuse de coups d’État dans la sous-région, un facteur d’instabilité institutionnelle, est aujourd’hui politiquement incorrect ! Tenir une telle position, assurément, c’est s’exposer à la foudre des bien-pensants, cœur en main et du pacifisme chevillé à la bouche, celle d’une opinion toute dévouée aux banalités consensuelles.n