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Éditorial de Paul AMOUSSOU : Le temps de l’alternative

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Par   Paul AMOUSSOU, le 09 mai 2022 à 11h18
Guerre ou « opération spéciale », l’absurde dramatique qui a actuellement lieu en Ukraine interpelle toutes les consciences. Que l’on prétende ne pas se mêler de politique ou que l’on se targue de ne rien savoir de la géopolitique. Si loin, mais si piquant dans nos portemonnaies, du fait de la surenchère que connaissent certains produits de grande consommation, ce conflit frappe le monde entier autant que les missiles russes sèment la désolation dans les contrées et familles ukrainiennes. C’est l’effet papillon, suivant lequel, lorsque le Masso Grosso éternue, c’est toute la planète qui s’enrhume. Il n’y a pas meilleure conceptualisation de la mondialisation, qui fait tout s’enchevêtrer, d’un bout de la terre à l’autre. Ce principe d’un monde solidaire, ou à tout le moins lié, est porteur de dépendance ou plus précisément d’interdépendance. Aussi, lorsqu’un acteur de ce chaînon en vient à être grippé, tout le monde en ressent les effets. Qui, mieux que les Européens, tenus par le gaz et le pétrole russes, en ressentent les effets, y compris dans tout ce qu’il peut y avoir de pervers ? Qui, mieux que l’industrie agroalimentaire, liée par les productions agricoles ukrainiennes et russes, en mesure les contours et revers aujourd’hui, et par ricochet leurs clients dont les bourses sont davantage sollicitées? Mais « c’est pas tout, c’est pas tout », comme dirait Bourvil. Pour leur part, les Européens œuvrent ardemment à changer leur fusil d’épaule, et à moins être dépendants du gaz et du pétrole russes. Et, comme sortis de leur stupeur, les acteurs de l’industrie agroalimentaire travaillent à s’émanciper, à se soustraire à leur dépendance de la production agricole russe ou ukrainienne qu’ils semblent avoir appréhendée à l’avènement de cette guerre absurde à laquelle nous assistons tous, médusés. A quelque chose, malheur est bon, dit-on. Est, semble-t-il, donc venu le temps de faire les comptes et d’un repositionnement stratégique, qu’impose ce monde dans lequel le pacifisme devrait l’emporter sur toute autre considération. Du moins le croyait-on, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale qui n’en est pas la seconde. Il faut se rendre à l’évidence que le blé, à la base d’une large palette de notre alimentation, fait appel à une alternative à laquelle il faut ici et là se résoudre. La solidarité de cœur avec l’Ukraine n’exclut pas la raison cartésienne à laquelle nous invite la realpolitik.