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Enseignement supérieur au Bénin: La fin de la supercherie

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Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 08 nov. 2018 à 06h52
[caption id="attachment_31357" align="alignnone" width="1024"]les explications du DAC-MESRS[/caption]

Fini le désordre dans les établissements privés d’enseignement supérieur ! Ceux qui ne sont pas en règle sont proposés à la fermeture ou à la suspension.

Avec une formation professionnelle au rabais et inadaptée au marché de l’emploi et des diplômes, parfois négociés, l’enseignement supérieur dans certains établissements privés a été pendant longtemps une supercherie à laquelle parents et apprenants ont succombé. Beaucoup de jeunes impétrants - diplômes en main, mais mal instruits –ne sont pas en mesure de s’insérer immédiatement dans la vie active à la fin de leurs études comme proposé par les établissements dans les parcours de formation.

Bon nombre n’offrent pas les infrastructures adéquates : les cours se déroulent souvent dans des bâtiments implantés sans aucun respect des normes et les équipements font cruellement défaut. A cela s’ajoute la faible capacité de planification, de mise en œuvre et de suivi des modules de formation et des emplois du temps. Ainsi, les parcours et curricula annoncés à grand renfort médiatique ou écrits noir sur blanc sont bâclés, faute de moyens financiers conséquents et de ressources humaines qualifiées. Au finish, la formation prétendue professionnelle ne l’est finalement que de nom.
Pourtant, dans leurs publicités, les établissements promoteurs de BTS, de licences et masters universitaires font la fine bouche, s’engageant à former pour l’emploi des cadres professionnels de haut niveau, immédiatement exploitables sur le marché du travail et avec possibilité d’insertion professionnelle. Ils s’arrangent même pour que les diplômes de leurs écoles soient co-signés par l’Etat et reconnus par le Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (Cames). Quoiqu’insatisfaits, parents et étudiants s’échinent à payer les frais de formation parfois exorbitants, sans se préoccuper des réelles performances. Les victimes ne se rendent compte que plus tard de la supercherie orchestrée par ces écoles techniques, professionnelles et les universités privées qui poussent tels des champignons aux coins de la rue.
Le gouvernement a décidé de mettre fin à la pagaille qui a assez duré, notamment dans la formation post-bac. Suite au rapport de la session du Conseil consultatif national de l’enseignement supérieur, certains établissements sont proposés à la fermeture en raison de l’absence de preuve de fonctionnement correct, d’autres sont suspendus et ne peuvent recruter en première année, au titre de la rentrée universitaire 2018-2019. Un ature groupe dont les promoteurs n’ont pas cru devoir présenter leurs dossiers de demande d’agrément ne peut plus y postuler. Le ton est ferme, si l’on s’en tient au compte rendu du Conseil des ministres en date du mardi 6 novembre dernier.
En effet, les ministres concernés sont instruits à « veiller scrupuleusement » à la mise en œuvre des conclusions du rapport. Quoi de plus normal dans un contexte où il est flagrant que l’offre éducative reste en inadéquation avec les besoins d’emplois, et les perspectives pour les jeunes de s’insérer dans la vie active sont floues? Il était temps que les véreux cessent de jouer avec l’avenir de toute une génération, en appliquant des parcours conçus ailleurs, sans tenir compte des débouchés sur le marché de l’emploi et de la qualité des contenus des modules.
Il convient, de même, de maintenir le cap de la salubrité en arrimant la formation technique et professionnelle à l’évolution des métiers et les attentes pour une mise en adéquation des offres et des demandes de l’emploi dans chaque domaine. C’est à ce prix donc que les diplômés cesseront de gonfler inutilement chaque année les rangs des chômeurs et des sous-employés.