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Femme soudeur, active dans son atelier à Kantaborifa: Hermine Klikpézo, un parcours inspirant

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Hermine Klikpézo invite les femmes à s’intéresser  aux métiers dits d’homme Hermine Klikpézo invite les femmes à s’intéresser aux métiers dits d’homme

Femme soudeur installée dans son atelier depuis des années à Kantaborifa, un quartier de la ville de Natitingou, Hermine Klikpézo fait profiter de son art aux  populations. Inspirée par son géniteur pour apprendre la soudure, elle l’exerce avec enthousiasme. Elle vit de son art qui lui assure son autonomie. À l’occasion de la Journée internationale de la femme, elle souhaite voir le cercle des femmes exerçant les métiers dits réservés aux hommes s’agrandir. 

Par   Alexis METON A/R Atacora-Donga, le 11 mars 2025 à 07h07 Durée 3 min.
#Journée internationale de la Femme 2025

Focus sur Hermine Klikpézo, ce 8 mars, Journée internationale de la femme. Soudeur de profession depuis des années au quartier Kantaborifa à Natitingou où elle a son atelier, Hermine Klikpézo s’est intéressée à ce métier dit d’homme, inspirée par son géniteur. Ce dernier, n’ayant pas eu la chance de fréquenter ni d’aller en apprentissage, rêve de voir l’une de ses filles exercer le même métier que les hommes. Inscrite chez un maitre-soudeur à Savalou en 1998, elle y a fait son apprentissage sanctionné par un diplôme en 2002, soit quatre ans plus tard, se souvient-elle. 

Aujourd’hui patronne avec plusieurs initiatives à son actif, Hermine Klikpézo se souvient d’avoir fait des aventures au sud notamment à Godomey et Dékoungbé où elle a travaillé comme ouvrière chez d’autres soudeurs pour gagner sa vie. Elle a posé ensuite sa valise à Natitingou dans l’Atacora tout en renouant avec sa profession, qui fait d’elle la seule femme soudeur de la ville, avec de bons souvenirs. « Je peux dire que c’est grâce à moi que beaucoup de filles s’intéressent aux métiers dits d’homme aujourd’hui », révèle-t-elle. Bénéficiaire d’une formation de la Giz sur la fabrication des foyers améliorés, dans le cadre de la mise en œuvre du projet Endev, elle s’est engagée à en produire pour que la population bénéficie de ce qu’elle a appris au cours de la formation. « Je ne regrette pas d’avoir appris ce métier. Je ne me suis pas trompée en faisant carrière dans la soudure », indique Hermine Klikpézo.

L’expérience du foyer amélioré a porté à Natitingou. Elle reste la seule détentrice du process de fabrication dans cette ville dudit foyer qui contribue à réduire la consommation du charbon de bois. « L’expérience a marché. Les gens s’y intéressent. Il faut dire qu’au début, on était nombreux dans cette activité. Mais aujourd’hui, je suis pratiquement la seule simplement parce que j’ai découvert l’opportunité qu’il y a dedans, au moins pour aider les femmes. Je dois dire que le foyer amélioré m’a plus révélée. En faisant ça, j’ai aussi mis au point le kit d’étuvage que les gens utilisent pour cuire le riz », détaille dame Klikpézo. À part les petits foyers utilisés dans les ménages, il y a les gros foyers pour ceux qui transforment le beurre de karité, le riz, et autres produits. « C’est grâce au foyer amélioré que j’ai collaboré avec plusieurs Ong et projets. J’ai beaucoup de connaissances pour avoir parcouru plusieurs villes pour des formations. Aujourd’hui, je suis devenue formatrice en matière de foyer amélioré dans l’Atacora », se félicite-t-elle. 

Une loi pour protéger les femmes artisanes

Les parents peuvent aimer un métier et les enfants vont en choisir un autre, selon ses explications. Elle suggère aux parents de ne pas imposer un métier aux enfants. « ça me gêne un peu d’être la seule femme soudeur qui travaille à Natitingou. Je demande à celles qui ont leurs diplômes d’ouvrir des ateliers pour que nous-mêmes puissions mettre sur pied une association des femmes qui font le travail d’homme », suggère-t-elle. Les difficultés rencontrées dans sa carrière l’obligent à solliciter des autorités une loi qui protège les femmes artisanes. Elle raconte ses déboires avec les entrepreneurs, dont certains sont des débiteurs insolvables. Un état de choses qui peut faire chuter la femme.

« S’il peut y avoir une loi qui protège les femmes qui font le travail d’homme, ce serait bien. Et en cas de difficulté avec les entrepreneurs, la loi va les protéger. Je remarque qu’il y a des gens qui abusent de la faiblesse de la femme artisane pour la faire échouer», plaide dame Klikpézo. Il faut dire qu’elle participe aux différentes éditions de la foire de Natitingou avec ses différents fourneaux. Si les ménages adoptent ce type de foyer, ils réduiraient leur consommation de charbon de bois et par ricochet contribueront à atténuer la déforestation.