La Nation Bénin...
Président
de l’Union nationale de la jeunesse béninoise (Unajeb), Anatole Ouinsavi se
prononce, dans cette interview, sur la gouvernance Talon, le débat autour du
Code électoral et les défis de la jeunesse. Il plaide pour davantage d’actions
et d’opportunités en faveur de la jeunesse béninoise et exhorte cette dernière
à continuer à faire preuve de courage et à entreprendre pour un avenir
meilleur.
Anatole Ouinsavi : Depuis sa réélection en 2021, le président Patrice Talon a manifestement poursuivi une dynamique de développement qui, certes, présente des insuffisances, mais mérite une appréciation objective.
Le
« hautement social » que le chef de l'État a promis s'est traduit par des
efforts notables, notamment l'augmentation du Salaire minimum
interprofessionnel garanti (Smig) et la revalorisation des salaires dans la
fonction publique. Ces initiatives témoignent d'une volonté manifeste
d'améliorer les conditions de vie de nos concitoyens.
Ces
investissements sont cruciaux, car ils créent un environnement propice à
l'épanouissement économique et social. La construction et la rénovation de
diverses infrastructures sont également au rendez-vous. En effet, des routes
bien entretenues facilitent le commerce tandis que des infrastructures
hospitalières modernes améliorent la qualité des soins.
A mi-chemin de 2026, les fruits tiennent-ils la promesse des fleurs, selon vous ?
À mi-chemin de 2026, il est encore tôt pour tirer des conclusions définitives. Cependant, il est indéniable que les réformes engagées, bien qu'elles ne soient pas exemptes de critiques, posent les bases d'un avenir prometteur.
Les
fruits de ces initiatives pourraient bien tenir la promesse des fleurs, à
condition que les efforts se poursuivent et que l'engagement pour le
« hautement social » se renforce.
Nous,
jeunes de l'Unajeb, appelons à une continuité de cette dynamique, tout en
invitant à un dialogue constructif et inclusif afin d'identifier et de corriger
les éventuelles insuffisances.
La route vers un véritable développement social est encore semée d'embûches, mais nous avons espoir que ces efforts porteront leurs fruits dans un avenir proche et que chaque citoyen pourra en bénéficier pleinement.
Vous n’êtes pas sans savoir que notre jeunesse affronte aujourd'hui des enjeux cruciaux. L’avenir d'un pays repose indubitablement sur sa jeunesse. Or, il est alarmant de constater que de nombreux jeunes, malgré un potentiel indéniable et des diplômes en poche, se retrouvent marginalisés, souvent confrontés à des choix tragiques en raison du chômage et de l'oisiveté.
Le
principal aspect que j'aimerais que le président de la République renforce
encore plus, concerne la question du chômage des jeunes. La réalité est que,
face à l'absence d'opportunités d'emplois à grande échelle, certains d'entre
nous, jeunes béninois, se voient contraints de recourir à des activités
illicites, telles que l'escroquerie ou la cybercriminalité, dans une quête
désespérée d'un mieux-être. Il est donc essentiel d'agir avec rapidité et
détermination pour pallier cette situation préoccupante.
À
cet égard, je plaide pour une campagne d’orientation massive de la jeunesse
vers le secteur agricole, qui regorge de potentialités inexploitées. Nos terres
offrent des ressources inestimables, et il serait judicieux de mettre en place
des programmes d'incitation et de formations spécifiques pour les jeunes en
plus du travail que feront les lycées techniques existants ou en construction.
En
outre, il conviendrait de considérer la réinsertion sociale des jeunes
actuellement incarcérés en leur offrant des opportunités de reconversion vers
l'agriculture. Avec un accompagnement adéquat, ces jeunes pourraient non
seulement trouver une voie de rédemption, mais également contribuer activement
à la prospérité de notre pays.
Il
est donc crucial que le président de la République porte une attention
particulière à ces défis, afin de garantir un avenir radieux à notre jeunesse.
En investissant dans leur épanouissement et en leur offrant des perspectives
concrètes, nous pourrons bâtir une société plus juste et inclusive, où chaque jeune
pourra aspirer à un avenir meilleur.
Le débat autour du nouveau Code électoral est d'une importance capitale et mérite une réflexion approfondie. Toutefois, il est primordial de rappeler que c'est le Parlement, représentant le peuple, qui a voté cette loi presque à l'unanimité. Par conséquent, il serait inapproprié de parler d'exclusion au sujet d'un projet de loi qui a été validé dans l'intérêt supérieur de notre nation par des élus conscients de leurs responsabilités.
Au-delà des émotions et des contestations qui sont tout à fait compréhensibles dans un processus démocratique, il est essentiel de considérer les motivations qui sous-tendent les dispositions de ce Code, notamment l'exigence des 20 % par circonscription électorale et le nombre de parrainages. Sur le parrainage, la mesure vise à limiter les candidatures fantaisistes et à garantir que seuls des candidats ayant réellement le soutien d'une majorité de la population puissent prétendre à diriger le pays. En effet, il est important que les candidats soient en adéquation avec les attentes et aspirations du peuple qu'ils souhaitent gouverner.
A
titre illustratif, dans des systèmes démocratiques solides, comme aux
États-Unis, bien que plus de 50 États s'y retrouvent, les élections ont souvent
lieu in fine entre deux candidats majeurs. Cela témoigne d'une volonté de
rationaliser le processus électoral et d'éviter une fragmentation excessive qui
pourrait nuire à la clarté et à l'efficacité du système politique.
Cependant,
il est crucial que cette réforme s'accompagne d'un dialogue constructif prenant
en compte les réalités actuelles tout en anticipant les défis futurs.
L'objectif ultime doit être de s'assurer qu'aucun acteur politique ne se sente
exclu, tout en préservant l'intégrité et la viabilité de notre système
démocratique.
En
somme, plutôt que de revendiquer une révision hâtive, je pense qu'il serait
judicieux d'expérimenter ce Code tel quel, tout en restant ouvert à des
ajustements basés sur des retours d'expériences concrètes. Cela pourrait
permettre d'évaluer son impact sur le paysage politique à court, moyen et long
termes, et d'apporter les modifications nécessaires dans un cadre de dialogue
dynamique, constructif et soucieux de l'avenir de notre chère patrie commune.
Pour conclure, je tiens à appeler notre jeunesse à une prise de conscience profonde et à un sens accru de responsabilité. Il est essentiel de ne pas céder à des actes qui pourraient les priver de leur liberté et entraver leur avenir. Je les exhorte à faire preuve de courage et à continuer d'entreprendre, car leurs efforts, même s'ils semblent parfois vains, seront un jour récompensés.
En
cette période charnière, je demande également au président de la République, le
Père de la nation, de continuer à garder la jeunesse au cœur de ses
préoccupations. Il est important qu'il continue à penser aux défis et
aspirations des jeunes Béninois.
Ensemble,
nous pouvons bâtir un avenir meilleur, où chaque jeune a la possibilité de
s'épanouir et de contribuer au développement de notre nation. Soyons unis dans
cet engagement pour l'avenir de notre pays et pour le bien-être de notre
jeunesse■