La Nation Bénin...
L’Agence des systèmes d’information et du numérique
(Asin) a lancé, lundi 16 juin dernier, une formation intensive en cybersécurité
destinée à 100 jeunes filles sur l’étendue du territoire. A l’Université
d’Abomey-Calavi, 30 jeunes filles ont pu bénéficier de cette formation,
clôturée hier mercredi 18 juin, et qui a permis aux participantes d’acquérir
des compétences pratiques et théoriques en cybersécurité.
Elles sont jeunes, motivées et décidées à faire tomber
les barrières de genre dans un domaine encore largement masculinisé. Du 16 au
18 juin, à l’Université d’Abomey-Calavi, trente jeunes filles ont pris part à
une formation intensive en cybersécurité. 70 autres sur le territoire
bénéficient de cette opportunité.
Pendant trois jours, les participantes ont acquis les
bases de la cybersécurité. Pour beaucoup, cette immersion a été une véritable
révélation. Christmiel Djohi, développeuse web et participante, confie :
« Cette formation m’a donné les fondements nécessaires pour progresser. Je
comprends mieux l’importance de l’hygiène numérique et sais désormais protéger
mon identité en ligne ». Islamia Alli, également développeuse, est fière des
acquis. « J’ai énormément appris sur les cyberattaques, les vulnérabilités des
sites web et les méthodes de prévention. Je ne pensais pas être retenue comme
boursière, mais cette reconnaissance me motive à devenir ingénieure en
cybersécurité », a-t-elle déclaré.
Au cœur de cette initiative, l’Agence des systèmes
d’information et du numérique (Asin) affiche sa détermination à déconstruire
les stéréotypes de genre qui limitent l’accès des femmes aux métiers
techniques. Roland Aïkpé, responsable du département cybersécurité à l’Asin,
félicite les participantes. « Vous avez été choisies parmi de nombreuses
candidates. Notre objectif est de réduire l’écart de genre dans la
cybersécurité. Vous prouvez que les jeunes filles ont toute leur place ici »,
a-t-il déclaré. Il précise que 40 jeunes filles parmi les 100 bénéficiaires sur
le territoire, dont dix participantes issues du département de l’Atlantique,
accéderont à une formation d’un an entièrement financée à l’École des métiers
du numérique. Ce cursus les préparera aux métiers de la réponse aux incidents
et à l’intégration professionnelle dans ce domaine.
Ouanilo Fagla Medegan, directeur du Centre national
d’investigation numérique (Cnin), souligne que, au-delà des blocages sociaux,
c’est aussi l’autocensure qui freine la participation des femmes. « Trop
souvent, on imagine que ce n’est pas un métier pour les femmes. Beaucoup se
sentent illégitimes. Pourtant, il n’y a aucune limite liée au genre », a-t-il
fait savoir. Il insiste sur l’importance de telles formations pour changer les
mentalités et donner aux femmes les clés de leur réussite dans ce secteur
stratégique.
Ecosystème solide
Au-delà de l’aspect inclusif, cette formation répond
également à un besoin urgent de renforcement des compétences en cybersécurité.
Le directeur du Cnin rappelle que, dans le cadre de la vision de transformation
numérique du Bénin, plusieurs actions sont en cours : protection des
infrastructures critiques, réponse aux incidents, renforcement des capacités
institutionnelles. « Nous avons besoin de professionnels qualifiés pour
renforcer les cellules de surveillance dans les secteurs clés tels que la
finance, les universités et la défense », explique-t-il en ajoutant : « Vous
n’êtes peut-être pas encore expertes, mais vous avez désormais une première expérience.
C’est à vous de décider de poursuivre et de vous positionner. Nous serons là
pour vous accompagner »
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale de sécurité numérique du Bénin, qui vise à bâtir un écosystème solide et inclusif. Avant la session d’Abomey-Calavi, des formations ont déjà eu lieu à Panhouian dans le département des Collines et à Pobè dans le Plateau. D’autres sont programmées à Parakou dans le département du Borgou et à Natitingou dans l’Atacora. Au total, 40 bourses seront distribuées à l’échelle nationale, permettant aux bénéficiaires de suivre une formation d’un an à l’École des Métiers du Numérique. Au terme de la formation à Abomey-Calavi, les 30 bénéficiaires ont reçu des attestations de participation.