L’éditorial de Paul AMOUSSOU: L’État-lard
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Par
Paul AMOUSSOU, le 23 sept. 2022
à
08h44
L’Etat serait comme un gros lard sur lequel chacun entend prélever sa part. Vérité martelée alors en boutade, mais le plus sérieusement, en langue fon par le président Talon face à un auditoire hilare et n’en pouvant plus de retenir sa rigolade. Si d’ordinaire c’est le bouffon qui trolle le roi pour mieux lui asséner des vérités, se faisant l’écho de la Vox populi, cette fois-là, ce fut un renversement de valeur incroyable, car c’est le roi qui se livre à une satire du peuple pour mieux lui dire ses vérités et surtout mieux lui faire comprendre pourquoi les us et pratiques dolosives doivent changer désormais. Et faire place aux vertus républicaines.
C’est quasiment anecdotique de le dire, car de penser que l’État est un buffet reste encore un état de fait largement partagé au sein du fonctionnariat béninois et même de la société. Et partant, on attend tout de l’État que l’on cultive le vice à voler, de l’aménagement des rues à leur entretien y compris leur simple balayage. Une grosse connerie que les militaires sous l’ère de la Révolution ont tenté de corriger par les fameuses campagnes de salubrité publiques, qui avaient à tout le moins le chic de favoriser un vivre-ensemble dans les quartiers urbains et communautés rurales, sur un fond patriotard qui avait aussi son chic ou paraît agaçant selon que l’on y adhère ou pas. Mais qu’importe, car la mise en synergie des forces locales pour la salubrité participe aussi au principe du pollueur payeur et surtout à forger les âmes à l’union pour ‘’ construire sans relâche ‘’ selon l’exhortation de l’hymne national.
Ce coup de fouet patriotard, à tout le moins écologique ou d’assainissement ne serait pas de trop aujourd’hui encore et a besoin même d’être sublimé, afin que chacun prenne sa part dans l’accomplissement de l’œuvre de développement au lieu que l’on pense à prendre sa part du bifteck étatique suivant cette considération absurde et aliénante qui n’a que trop gangrené les esprits au Bénin.
Complètement contreproductive, cette approche forge en effet un mauvais état d’esprit qui n’est pas sans desservir l’œuvre d’édification du pays, et grever notre bien-être en général. Chose que différentes lois, ces dernières années contribuent à davantage nous faire prendre conscience. Au-delà de la législation, sans devoir engager un débat d’idéaux, il apparaît que les contours du Bénin dont nous voulons prennent ainsi forme l