La Nation Bénin...
Le
Bénin excelle dans la mise en œuvre de son programme d’alimentation scolaire
avec des résultats qui forcent l’admiration. Le Programme national
d’alimentation scolaire intégré (Pnasi) qui sert de support à ces performances
est en évaluation. Les parties prenantes sont en atelier de capitalisation
avant de passer la main à l’Agence nationale de l’alimentation et de la
nutrition (Anan) qui en poursuivra la mise en œuvre.
L’atelier
de capitalisation des acquis du Programme national d’alimentation scolaire
intégré (Pnasi) est organisé avec l’appui du Programme alimentaire mondial
(Pam) et Catholic Relief Services (Crs), deux partenaires dont l’apport a été
déterminant pour donner corps à la vision du gouvernement pour l’alimentation
scolaire.
Une
vision qui, rappelle Alain Hinkati, directeur général de l’Anan, prévoit de
donner chaque jour un repas chaud, équilibré et nutritif à chaque enfant à
l'école. « Un impératif pour améliorer la fréquentation scolaire, renforcer la
rétention, stimuler la réussite éducative et garantir un meilleur avenir à
notre jeunesse »,
apprécie-t-il.
Cette vision née d’un regard lucide porté sur les limites des approches
précédentes et de l’analyse des expériences passées, notamment celles initiées
sous les régimes antérieurs et qui n'ont pas permis d'atteindre l'impact
souhaité, a conduit le gouvernement à repenser entièrement le modèle,
rappelle-t-il.
C’est
dans cette dynamique qu’a été lancé le Pnasi appuyé, dès ses débuts, par deux
partenaires techniques majeurs que sont le Pam et le Crs. Lesquels,
apprécie-t-il, « ont non seulement assuré la mise en œuvre dans des conditions
souvent complexes, mais ont su expérimenter des approches, et créer des
mécanismes d'implication communautaire ». A l’heure du transfert du programme à
l'Anan, il est crucial de capitaliser cette riche expérience, d’où
l’organisation de cet atelier qui permettra de parcourir les difficultés
rencontrées, les erreurs à éviter, les leviers de succès et les bonnes
pratiques qui ont fait leurs preuves. L’objectif est de consolider les acquis
pour renforcer la gouvernance du programme, mais aussi que les bonnes pratiques
tirées de ces années de mise en œuvre puissent éclairer les approches de
gestion des défis futurs notamment celui ayant rapport à l'extension du
programme d'alimentation scolaire aux milieux urbain et périurbain », expose
Alain Hinkati. « Nous voulons que rien ne se perde de ce qui a été construit,
que toutes les innovations testées et éprouvées puissent nourrir les stratégies
de demain », c’est à ces défis qu’il appellera aussi l’ensemble des acteurs
impliqués dans l’alimentation scolaire, pour ensuite réitérer son appel en
faveur d’un modèle béninois d'alimentation scolaire plus fort, plus inclusif,
et plus résilient.
Impacts…
Ali
Ouattara, représentant du Pam au Bénin, perçoit l’atelier de capitalisation
comme un moment de partage, de réflexion collective et d'analyse, permettant de
tirer des enseignements de l'expérience enregistrée dans la mise en œuvre du
programme d'alimentation scolaire intégré, de 2017 à 2024. Ce sera aussi,
précise-t-il, le moment d’examiner les résultats atteints, l'évolution des
mécanismes de mise en œuvre, notamment les outils, les systèmes, les procédures
et leur adaptation aux contextes changeants, les difficultés rencontrées, les
leçons apprises et les perspectives d'avenir. Sur chaque segment du déploiement
du projet en tout cas, le Pam a non seulement été présent, mais a également
joué sa partition, malgré les défis, les contraintes logistiques et de
disponibilité de produits.
Ce
qui le réjouit aussi, c’est le caractère fédérateur du modèle du Bénin qui allie
les secteurs de l'éducation, la nutrition, la santé, l'agriculture, les
affaires sociales… « Tout ceci fait du Bénin un modèle tant au niveau
continental qu'international, en témoigne la longue liste de pays qui ont déjà
visité et souhaitent visiter le Bénin pour s'inspirer de notre expérience
exemplaire», apprécie Ali Ouattara. L’autre point fort qu’il relève dans
l’option béninoise, c’est la création de l’Anan à qui revient dorénavant la
responsabilité de la mise en œuvre du Pnasi.
Partenaire
majeur dans le déploiement du programme de l’alimentation scolaire, Catholic
relief services invite à une pause pour réfléchir ensemble sur une décennie
d'actions concertées, d'innovations et de résultats au service des enfants
béninois. Katherine Overcamp, la représentante résidente, reconnaît les efforts
déployés depuis plus de vingt ans par son institution aux côtés des autorités
béninoises pour renforcer l'accès à l'éducation, améliorer la nutrition des
enfants et promouvoir des systèmes alimentaires durables à travers des
programmes d'alimentation scolaire multisectoriels.
Grâce à des initiatives comme Keun Faaba (soutien à l'éducation) et Besen Dianou (notre repas), elle a impacté plus de 60 000 enfants par an dans les départements de l'Alibori et du Borgou. Ces projets ont intégré non seulement l'alimentation, mais aussi l'eau, l'hygiène, la santé, et surtout l'engagement communautaire. « Nous savons aujourd'hui que l'alimentation scolaire n'est pas une simple distribution de repas. Elle est un levier puissant de transformation sociale », reconnait-elle. Elle réduit les inégalités, favorise la fréquentation et la rétention scolaires, améliore les performances cognitives, soutient les producteurs locaux, et stimule l'économie rurale, poursuit-elle. « L'un des éléments majeurs de réussite, que nous devons aujourd'hui reconnaître et consolider, est la synergie entre gouvernement, partenaires techniques et financiers, Ong, communautés locales», apprécie Katherine Overcamp pour qui, cette synergie d'actions se matérialise en partie par le transfert réussi au Pnasi de 80 écoles en 2020 puis 152 écoles en 2023, soit 232 écoles aguerries pour poursuivre la mise en œuvre de la cantine scolaire. Pour ce qui est des infrastructures, 14 logements enseignants, 176 magasins, 65 cuisines, 58 forages à pompe à motricité humaine, 309 cabines de latrines améliorées à fosse ventilée, 84 dispositifs de lave-mains, 48 cabines d'urinoirs constituent entre autres l’héritage cédé à l’heure du transfert. Aucun acteur ne peut, seul, répondre durablement aux défis de la sécurité alimentaire scolaire. Cet atelier est, selon elle, une opportunité de faire le point sur les résultats concrets atteints, les leçons tirées de la mise en œuvre à grande échelle, les défis à surmonter et les perspectives d'extension, notamment en milieux urbain et périurbain.
Dèwanou Avodagbé, directeur de cabinet du ministre en charge des Enseignements maternel et primaire reconnaît que de nombreuses stratégies ont été déployées pour aboutir à ces résultats. Il salue « une expérience salvatrice » qui permet de faire lever une aube nouvelle en faveur de l’alimentation scolaire sous l’étendard de l’Anam.
Des chiffres qui témoignent…
Des progrès remarquables ont été accomplis par le Bénin dans le cadre de l’alimentation scolaire. L’impact des cantines scolaires ne se limite plus à nourrir les apprenants. C’est un impératif dont la finalité est d’améliorer la fréquentation scolaire, renforcer la rétention, stimuler la réussite éducative et garantir un meilleur avenir à notre jeunesse. L’ambition, c’est de construire un modèle béninois d'alimentation scolaire plus fort, plus inclusif, et plus résilient. Dans sa mise en œuvre, le Pnasi a connu une expansion significative au fil des années, passant d'un taux de couverture de 31 % des écoles primaires publiques en 2017-2018 à plus de 75 % au cours de l'année scolaire 2023-2024. L'extension du programme a ainsi permis d'atteindre un peu plus de 1,4 million d'élèves en 2024. Les achats directs effectués auprès des petits producteurs sont passés de 300 tonnes en 2021 à plus de 8 000 tonnes en 2024, soit une augmentation de plus de 800 % entre 2022 et 2024. Ces acquisitions représentent une valeur globale de plus de 5,3 milliards de francs Cfa, dont plus de 284 millions de francs ont été versés directement aux coopératives féminines. Parallèlement, la proportion des achats de produits locaux, comparée à l'ensemble des acquisitions du programme, a connu une progression significative. Ainsi, le volume d'achat des produits locaux est passé de 7 038 tonnes en 2021 à plus de 27 000 tonnes au moment du transfert du programme au gouvernement, pour un montant total de plus de 24 milliards de francs Cfa injectés dans l'économie nationale. La part des produits issus de la production locale pour le fonctionnement des cantines scolaires a, elle aussi, suivi une évolution remarquable de 24 % en 2021 à 34 % en 2022, 53 % en 2023, pour atteindre plus de 80 % au cours de l'année 2024.