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Mouvance présidentielle: Adrien Houngbédji en rupture de ban

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Adrien Houngbédji Adrien Houngbédji

Me Adrien Houngbédji affiche de plus en plus et clairement son intention de prendre ses distances avec la mouvance.  A cet effet, ce mercredi 4 juin, il a surpris plus d’un en défendant, à travers une lettre adressée au ministère de l'Intérieur, la légalité continue de son parti, le Parti du Renouveau Démocratique (Prd).

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 05 juin 2025 à 07h18 Durée 2 min.
#Prd #Adrien Houngbédji

En août 2022, la fusion entre le Prd et l’Up a été présentée comme un acte historique visant à renforcer le système partisan. Me Adrien Houngbédji avait alors salué cette union, déclarant : « Jo-Nous l’avons fait ! Un acte historique. Pour la première fois, deux grands partis fusionnent, non pas par l’absorption de l’un par l’autre, mais par la création d’une nouvelle entité, respectueuse de ce que chacun a d’essentiel ». Mais depuis, l’eau a coulé sous le pont.

Tant et si bien que ce mercredi 4 juin, Adrien Houngbédji a surpris en défendant la légalité continue de son parti, le Parti du renouveau démocratique (Prd), auprès du ministère de l'Intérieur. Une démarche qui soulève des interrogations sur ses intentions politiques avec ce qui semble être un nouveau revirement, après avoir salué tambour battant la réforme du système partisan, qui a conduit à cette fusion, aujourd’hui remise en cause,  avec l'Union Progressiste (Up) pour former l'Union Progressiste le Renouveau (Upr). Si l’on suit le raisonnement développé, tout indique qu’il prend au piège et l’administration du ministère de l’Intérieur et les dirigeants du parti Upr. Il s'appuie, en effet, sur le récépissé définitif délivré au Prd le 26 août 2022, postérieurement à la signature de l’accord de fusion, pour soutenir que le parti continue d'exister légalement. En attendant de démêler l’echeveau et savoir comment un tel récépissé a pu être délivré,  il apparaît clairement que le mariage pourtant consenti sans contrainte ne reposait pas sur une base saine venant du Prd qui revendique après coup sa faculté  à pouvoir continuer d’exister.

 

Désaccord

Puisque après avoir joui des fruits de ce lien politique, à travers la nomination et l’élection de caciques de l’ex-Prd, grâce  à l’affiliation à la mouvance, voilà Adrien Houngbédji qui souligne que, selon les statuts du Prd, une fusion ne peut entraîner sa dissolution sans un congrès extraordinaire voté à la majorité des trois quarts. Ce qui n’aurait jamais eu lieu, à l’en croire.

Cette prise de position contraste avec les déclarations antérieures de Houngbédji,  qui s’illustre ces derniers jours par des propos acerbes contre la mouvance à laquelle il est censé appartenir.

En 2018 pourtant, il saluait la gouvernance de Patrice Talon, “un bâtisseur” selon lui, qui avait hérité d'un pays "fragmenté, descendu de son piédestal" et qu'il fallait un État fort pour engager les réformes nécessaires. Ce soutien affiché au régime en place semblait alors indiquer une alliance solide dont l’Upr paraissait aux yeux de l’opinion comme l’une des suites logiques. Erreur ?

A la vérité, la missive de Me Adrien Houngbédji adressée au ministre de l’Intérieur, n’est que l’ultime acte consécutif aux prises de position déconcertantes  de l’homme d’Adjina vis-à-vis du régime depuis le début de cette année. Le 1er février 2025, lors d'une cérémonie de présentation de vœux à Porto-Novo, il annonçait les couleurs de sa rupture avec la mouvance, car il avait insisté sur le fait que le Prd demeure une sensibilité au sein de l’Upr, symbolisée par la présence de l'arc-en-ciel et du mot « Renouveau » dans le logo du parti. Cette insistance sur l'identité du Prd au sein de l'Upr était déjà perçue à juste titre comme une tentative de maintenir une influence politique distincte, voire de préparer l’opinion à un éventuel retour en tant que formation autonome. Il s’en est suivi une prise de position plaidant pour un dialogue national, une posture qui rejoint l’opposition au régime de la Rupture, laissant entrevoir une possible redéfinition de sa position sur l’échiquier politique à l’approche de la fin du second quinquennat  du président Patrice Talon. Un énième retournement de veste, tant l’homme est coutumier du fait, que laissent entrevoir d’ailleurs ses contacts multiples avec le chef du parti Les Democrates. Alors que les élections générales de 2026 approchent, il reste à voir s’il envisage une nouvelle alliance ou une opposition au régime en place.