Nord-Est du Bénin: Les clés de la rentabilité de l’artisanat du bois

Artisanat du bois

L’artisanat du bois dans le Nord-Est du Bénin joue un rôle clé dans l'économie locale, mais sa rentabilité varie selon plusieurs facteurs. Une étude menée par l'Université de Parakou identifie ces facteurs économiques et structurels et propose des pistes pour améliorer la compétitivité du secteur.

Par Claude Urbain PLAGBETO, le 19 mars 2025 à 19h19 Durée 3 min.

#artisanat du bois

Allant de la menuiserie à la production de charbon de bois, l’artisanat du bois représente une source de revenus importante pour de nombreux artisans dans le Nord-Est du Bénin. Mais quels sont les éléments déterminants de sa rentabilité ? Une étude menée par Salifou Méré, Maxime Domanou et Jacob A. Yabi, chercheurs au Laboratoire d’analyse et de recherches sur les dynamiques économiques et sociales (Lardes) de l’Université de Parakou, publiée dans la Revue d’analyse des politiques économiques et financières (Rapef, Vol. 7, Décembre 2024), apporte des réponses.

Les chercheurs ont analysé les performances économiques des artisans du bois dans les communes de Bembéréké,

Parakou et Pèrèrè (département du Borgou), sur un échantillon de 190 artisans. Parmi 17 métiers existants du secteur, 6 métiers pratiqués dans la zone de recherche ont été retenus à savoir : les bûcherons, les charbonniers, les ébénistes, les fabricants de manches ou supports d’outils, les fabricants de mortiers et accessoires et les menuisiers. L’objectif était d’identifier les éléments clés qui influencent leur rentabilité et de proposer des pistes d’amélioration.

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Facteurs déterminants

Les résultats montrent que la rentabilité des artisans du bois dépend de plusieurs facteurs clés. Le type d’activité est déterminant : les menuisiers ont généralement une marge bénéficiaire annuelle élevée, soit environ 1 450 000 F Cfa, contre les charbonniers qui ne bénéficient que d’une marge de

380 000 F Cfa/an, grâce à la valeur ajoutée de leurs produits. Les ratios bénéfices/coûts s’élèvent à 1,3 et 0,78 respectivement pour les menuisiers et les charbonniers.

L’expérience professionnelle joue également un rôle majeur : plus un artisan est expérimenté, plus il optimise ses coûts et améliore sa production, augmentant ainsi ses marges bénéficiaires.

Les artisans qui appartiennent à une organisation ont une moyenne élevée que les artisans n’appartenant à aucune organisation du point de vue productivité moyenne du travail. Les relations familiales avec d’autres artisans sont aussi un facteur clé. Un artisan bénéficiant de conseils ou d’un réseau familial dans le secteur réussit mieux dans son activité.

La qualité des produits, notamment une finition soignée et l’utilisation de bois de qualité, permet de vendre à un prix plus élevé et de maximiser la rentabilité. Enfin, la localisation géographique influence la rentabilité : les artisans des zones urbaines, comme Parakou, ont plus d’opportunités de marché que ceux des zones rurales, où la demande est moins élevée.

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Pistes d’amélioration

Face à ces constats, les chercheurs proposent plusieurs leviers pour renforcer la rentabilité des artisans du bois. Une meilleure organisation permettrait de créer des coopératives et des réseaux d’entraide pour accéder plus facilement à des financements et mutualiser les ressources. La promotion de la formation continue offrirait aux artisans des compétences techniques et managériales, leur permettant d’optimiser leurs coûts et d’améliorer la qualité de leurs productions.

L’accès au marché doit aussi être facilité, notamment en développant des circuits de commercialisation plus efficaces et en encourageant l’utilisation du numérique pour toucher un public plus large. La transformation locale du bois constitue un enjeu stratégique. Encourager l’utilisation de bois issus de plantations durables et améliorer l’accès aux matières premières permettraient de limiter les pénuries, réduisant ainsi les coûts de production.

Les chercheurs soulignent l’importance de l’artisanat du bois dans le développement économique du Nord-Est du Bénin. Malgré les défis liés à l’accès aux matières premières et aux marchés, une meilleure structuration du secteur et un accompagnement ciblé des artisans pourraient améliorer considérablement leur rentabilité et leur contribution à l’économie locale.

En s’appuyant sur ces recommandations, le Bénin pourrait rendre son artisanat du bois plus compétitif et durable, créateur de richesse et d’emplois pour les communautés locales■