La Nation Bénin...

Combat de longue haleine qui aura connu diverses fortunes, entre nécessité et préservation des intérêts particuliers, la réforme du système partisan a donné son premier substrat avec la nouvelle configuration de la huitième législature. Une réforme qui aura mis fin à la ligue des clubs électoraux et fait place au rayonnement des mastodontes politiques.
Amer pour certains et satisfaisant pour d’autres, le premier fruit de la réforme du système partisan est l’aboutissement de la détermination du président de la République à assainir le paysage politique. C’est un engagement pris par le chef de l’Etat, Patrice Talon, alors qu’il était candidat à la présidentielle, réitéré à son investiture puis transcrit à l’axe 1, pilier 1 du Programme d’action du gouvernement. Un engagement qui aujourd’hui est réalité.
L’ouragan de la réforme du système partisan, avec à la pointe les deux lois électorales votées notamment celle portant Code électoral et celle portant Charte des partis politiques, a donc emporté beaucoup de partis politiques qui ont dû se mettre sous l’ombrage de géantes formations politiques. De plus de deux cents partis et mouvements politiques, le Bénin s’est retrouvé, dès le début de cette année 2019, à une dizaine de partis politiques. Sensible réduction qui témoigne de l’adhésion de la plupart des acteurs à la réforme. D’ailleurs, lesdites lois électorales ont été votées à l’unanimité des représentants de la Nation. Il est donc clair que les raisons qui motivent la rationalisation du paysage politique béninois étaient bien partagées de la plupart des acteurs politiques. Ces raisons, le président de la République Patrice Talon va les rappeler dans son message sur l’état de la Nation en fin d’année 2018 : « L’assainissement ne s’est pas seulement limité aux finances publiques et à la gouvernance économique. Il a également pris en compte le système politique jusqu’ici marqué par une multiplication à outrance des partis et partant leur inaptitude à animer réellement le débat politique. Les dysfonctionnements qui caractérisaient notre système politique avaient des impacts négatifs évidents sur l’ensemble de notre système sociopolitique voire économique». A l’occasion, il n’a pas manqué d’insister sur les fruits de la réforme : « Désormais, l’action politique sera plus homogène et plus prévisible. Les partis politiques répondront, mieux que par le passé, à leurs obligations constitutionnelles et légales. Ce faisant, nos populations désespéreront moins de la classe politique. Elles savent dorénavant que la démocratie, c’est moins la prolifération des partis politiques que la promotion d’idéologies et de projets de société visant à améliorer leur quotidien. Elles savent aussi qu’à l’avenir, nos institutions politiques fonctionneront de manière plus harmonieuse »?
Une réforme opportune mais amère
Aujourd’hui, le chef de l’Etat peut se réjouir de l’aboutissement de la réforme du système partisan. Car l’objectif est bien atteint, du moins quantitativement. Pour la première fois dans son histoire, depuis l’avènement de l’ère démocratique, le Parlement béninois est composé de deux grands partis à l’instar des grandes nations. Il s'agit de l’Union progressiste et du Bloc républicain, tous deux de la mouvance présidentielle. C’est un progrès notable même s’il est à regretter que l’Assemblée nationale ne soit pas à charge et à décharge comme dans les modèles politiques Gauche et Droite, Mouvance et Opposition, Démocrate et Républicain… qui rassurent de l’équilibre, de la pluralité et de la divergence des points de vue. Surtout quand on sait que les partis de l’opposition ont manifesté leur désir de participer aux élections sans y arriver en raison du défi que leur ont imposé d’une part les lois électorales pourtant votées par bon nombre des leurs, et d’autre part en raison du certificat de conformité. Ce défi, hélas, n’aura pas favorisé la participation de la dizaine de partis politiques qui a survécu au vent de la réforme. En dépit des frustrations, contestations et émeutes, le processus électoral est allé à son terme. Le parlement est installé avec les deux formations politiques qui ont pu prendre part au scrutin.
A présent, l’attente du peuple, c’est de voir des parlementaires plus attachés au peuple qu’aux intérêts particuliers. Il faut espérer que l’homogénéité du Parlement n'affecte pas la qualité des débats et n’engendre l’absence de critiques raisonnables, de contrôle et de veille permanente ; gages de la démocratie. Il revient aux parlementaires d’accomplir leur travail républicain avec conscience et patriotisme. Ce faisant, ils rendront service à la Nation et donneront la preuve de leur indépendance.