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Politique commune africaine sur la migration et le développement: Cotonou abrite une réunion d’évaluation et de renforcement des capacités

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L’Union africaine reconnaît la nécessité d’une approche globale et coordonnée pour répondre  aux opportunités et défis de la migration L’Union africaine reconnaît la nécessité d’une approche globale et coordonnée pour répondre aux opportunités et défis de la migration

Du 8 au 10 juillet, se tient à Cotonou, une réunion d’évaluation et de renforcement des capacités des points focaux des Etats membres de l’Union africaine et des communautés économiques régionales sur la gouvernance des migrations en Afrique. Elle vise à examiner les progrès et les défis et à capitaliser les bonnes pratiques, en vue d’améliorer la gouvernance des migrations sur le continent.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 09 juil. 2024 à 07h06 Durée 5 min.
#Politique commune africaine sur la migration et le développement

A mi-parcours de la mise en œuvre du Cadre de politique migratoire pour l’Afrique révisé et son Plan d’action 2018-2030, les points focaux des Etats membres de l’Union africaine et des communautés économiques régionales (Cer) se penchent sur les progrès et réalisations ainsi que les lacunes et défis à relever, afin de planifier les actions et stratégies futures en la matière. C’est à travers une réunion d’évaluation et de renforcement des capacités sur la gouvernance des migrations en Afrique qui s’est ouverte ce lundi 8 juillet à Cotonou.

Pendant trois jours, les travaux porteront essentiellement sur le Cadre de politique migratoire pour l’Afrique (Mpfa) de 2018 et la Position commune africaine de 2006 sur la migration et le développement. Ces deux cadres politiques représentent la vision unifiée et l’approche stratégique du continent pour gérer la migration d’une manière qui favorise le développement, respecte les droits de l’Homme et garantit la dignité de tous les migrants, rappelle Dr Japhet M. Lishomwa, directeur général de l’Immigration de la République de Zambie, président du Comité d’experts du Comité technique spécialisé (Cts) sur la migration, les réfugiés et les personnes déplacées internes de l’Union africaine.

Ces assises se tiennent dans un contexte post-Covid marqué par de nouvelles dynamiques des migrations dans le monde et en Afrique, à la suite de la réouverture des frontières, fait remarquer Myrina Amoussouga Adam Bongle, directrice générale des Affaires consulaires et des Béninois de l’Extérieur. Les participants seront amenés à tirer des enseignements de l’évaluation de la politique commune africaine sur la migration et le développement, et à établir les bases pour le renouvellement de cette politique commune, indique la représentante du ministre des Affaires étrangères.

Renforcer les mécanismes

La réunion de Cotonou constitue « une occasion précieuse de partager les meilleures pratiques en matière de gouvernance des migrations aux niveaux national et régional, tout en discutant des opportunités de renforcer les mécanismes de coordination à ces niveaux », laisse entendre Angela Marina Martins, représentante du Commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social de l’Union africaine. « A la fin de nos délibérations, indique-t-elle, nous visons à valider des documents clés, améliorer les capacités à établir et à convenir des priorités en matière de formation et de renforcement des capacités pour le continent. »

« Il nous reste encore un long chemin à parcourir pour réaliser notre vision d’une Afrique prospère, pacifique et juste qui exploite le potentiel de la migration pour le développement », admet Dr Japhet M. Lishomwa. Au nombre des défis, il signale: le manque de données et de preuves sur les tendances et l’impact de la migration, les cadres juridiques et institutionnels et les capacités inadéquats pour gérer la migration, la protection et l’intégration insuffisantes des migrants et des réfugiés, et les perceptions et attitudes négatives à l’égard de la migration et des migrants. « Ces défis et lacunes entravent notre capacité à maximiser les avantages et à minimiser les risques de la migration, et à garantir que la migration contribue à notre Agenda 2063 et aux objectifs de développement durable », estime-t-il. Toutes choses qui appellent à « œuvrer à la création d’un continent où la migration est un choix et non une nécessité, un continent où les migrants sont traités avec dignité et respect, et où leurs contributions sont valorisées et reconnues », exhorte-t-il.

Défis

Si la migration s’avère une force positive pour le progrès humain et le développement, il n’en demeure pas moins qu’elle pose également des défis tels que la migration irrégulière, la traite des personnes, le trafic de migrants, la xénophobie, le terrorisme, le trafic de drogue et la discrimination, qui constituent des menaces pour la stabilité, la sécurité et la prospérité des pays et régions.

Flux massifs de migrants irréguliers avec de nombreuses pertes en vie humaine dans l’océan Atlantique et la Méditerranée, conflits entre Etats africains issus des crises migratoires, traitements inhumains et dégradants réservés aux migrants aux frontières et sur les territoires de certains pays africains et européens… Telles sont des réalités du phénomène migratoire qui est devenu «un grand problème politique contemporain qui conduit bien des Etats à externaliser leurs politiques en la matière à travers des contrôles aux frontières », relève Myrina Amoussouga. De plus en plus, des pays mettent en place des politiques migratoires contraignantes, signale-t-elle, entravant parfois le droit à la liberté de circuler pourtant universellement reconnu par le Pacte International relatif aux droits Politique et Civil, notamment en son article 12 qui dispose en son paragraphe 2 : « Toute personne est libre de quitter n’importe quel pays y compris le sien ».

Pour Angela Marina Martins, ces faits soulignent l’urgence d’affiner les approches en matière de gouvernance des migrations et de valider les recommandations et les interventions prioritaires pour la mise en œuvre du Mpfa de 2025 à 2030.

Instruments et initiatives d’appui à la politique migratoire

Plusieurs cadres et instruments ont été adoptés, sous l’égide de l’Union africaine, pour faire de la migration un catalyseur du développement et guider les Etats membres et les communautés économiques régionales (Cer) dans la formulation et la mise en œuvre de politiques et programmes migratoires. Au nombre de ceux-ci, souligne Dr Japhet M. Lishomwa, le Cadre politique migratoire pour l’Afrique et le Plan d’action (adopté en 2006 et révisé en 2016), fournissent une feuille de route complète et holistique pour la gouvernance des migrations sur le continent. La Position commune africaine sur la migration et le développement (2006) fournit un cadre complet et cohérent pour aborder les opportunités et défis de la migration en Afrique, poursuit-il.

Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières est le premier accord intergouvernemental sur la migration aligné sur le Mpfa et la Position commune africaine. « Il s’agit d’une réalisation historique et sans précédent qui démontre notre leadership et notre engagement à aborder la migration de manière globale et équilibrée et à garantir que la migration profite à tous », selon Dr Lishomwa.

Quant à la Convention de Kampala pour la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique, elle est le premier instrument juridiquement contraignant sur les personnes déplacées dans le monde.


La réunion de Cotonou offre l’occasion de s’interroger sur les politiques migratoires des pays africains et de développer des connaissances dans la gouvernance en la matière.

Le Protocole de 2018 au Traité portant création de la Communauté économique africaine, relatif à la libre circulation des personnes, au droit de résidence et au droit d'établissement renforcera l’intégration et le développement de nos régions.

A tout cela, s’ajoutent le renforcement de la collaboration avec les partenaires, notamment les Nations Unies, la mise en place de l’Observatoire africain des migrations pour fournir des données et des analyses fiables et opportunes sur les tendances et les impacts de la migration. Le Passeport africain initié facilitera la libre circulation des personnes et des biens à travers le continent■  


C. U. P.