La Nation Bénin...
Du
8 au 10 juillet, se tient à Cotonou, une réunion d’évaluation et de
renforcement des capacités des points focaux des Etats membres de l’Union
africaine et des communautés économiques régionales sur la gouvernance des
migrations en Afrique. Elle vise à examiner les progrès et les défis et à
capitaliser les bonnes pratiques, en vue d’améliorer la gouvernance des migrations
sur le continent.
A
mi-parcours de la mise en œuvre du Cadre de politique migratoire pour l’Afrique
révisé et son Plan d’action 2018-2030, les points focaux des Etats membres de
l’Union africaine et des communautés économiques régionales (Cer) se penchent
sur les progrès et réalisations ainsi que les lacunes et défis à relever, afin
de planifier les actions et stratégies futures en la matière. C’est à travers
une réunion d’évaluation et de renforcement des capacités sur la gouvernance
des migrations en Afrique qui s’est ouverte ce lundi 8 juillet à Cotonou.
Pendant
trois jours, les travaux porteront essentiellement sur le Cadre de politique
migratoire pour l’Afrique (Mpfa) de 2018 et la Position commune africaine de 2006
sur la migration et le développement. Ces deux cadres politiques représentent
la vision unifiée et l’approche stratégique du continent pour gérer la
migration d’une manière qui favorise le développement, respecte les droits de
l’Homme et garantit la dignité de tous les migrants, rappelle Dr Japhet M.
Lishomwa, directeur général de l’Immigration de la République de Zambie,
président du Comité d’experts du Comité technique spécialisé (Cts) sur la
migration, les réfugiés et les personnes déplacées internes de l’Union
africaine.
Ces assises se tiennent dans un contexte post-Covid marqué par de nouvelles dynamiques des migrations dans le monde et en Afrique, à la suite de la réouverture des frontières, fait remarquer Myrina Amoussouga Adam Bongle, directrice générale des Affaires consulaires et des Béninois de l’Extérieur. Les participants seront amenés à tirer des enseignements de l’évaluation de la politique commune africaine sur la migration et le développement, et à établir les bases pour le renouvellement de cette politique commune, indique la représentante du ministre des Affaires étrangères.
Renforcer
les mécanismes
La réunion de Cotonou constitue « une occasion précieuse de partager les meilleures pratiques en matière de gouvernance des migrations aux niveaux national et régional, tout en discutant des opportunités de renforcer les mécanismes de coordination à ces niveaux », laisse entendre Angela Marina Martins, représentante du Commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social de l’Union africaine. « A la fin de nos délibérations, indique-t-elle, nous visons à valider des documents clés, améliorer les capacités à établir et à convenir des priorités en matière de formation et de renforcement des capacités pour le continent. »
«
Il nous reste encore un long chemin à parcourir pour réaliser notre vision
d’une Afrique prospère, pacifique et juste qui exploite le potentiel de la
migration pour le développement », admet Dr Japhet M. Lishomwa. Au nombre des
défis, il signale: le manque de données et de preuves sur les tendances et
l’impact de la migration, les cadres juridiques et institutionnels et les
capacités inadéquats pour gérer la migration, la protection et l’intégration
insuffisantes des migrants et des réfugiés, et les perceptions et attitudes
négatives à l’égard de la migration et des migrants. « Ces défis et lacunes
entravent notre capacité à maximiser les avantages et à minimiser les risques
de la migration, et à garantir que la migration contribue à notre Agenda 2063
et aux objectifs de développement durable », estime-t-il. Toutes choses qui
appellent à « œuvrer à la création d’un continent où la migration est un choix
et non une nécessité, un continent où les migrants sont traités avec dignité et
respect, et où leurs contributions sont valorisées et reconnues »,
exhorte-t-il.
Défis
Si la migration s’avère une force positive pour le progrès humain et le développement, il n’en demeure pas moins qu’elle pose également des défis tels que la migration irrégulière, la traite des personnes, le trafic de migrants, la xénophobie, le terrorisme, le trafic de drogue et la discrimination, qui constituent des menaces pour la stabilité, la sécurité et la prospérité des pays et régions.
Flux
massifs de migrants irréguliers avec de nombreuses pertes en vie humaine dans
l’océan Atlantique et la Méditerranée, conflits entre Etats africains issus des
crises migratoires, traitements inhumains et dégradants réservés aux migrants
aux frontières et sur les territoires de certains pays africains et européens…
Telles sont des réalités du phénomène migratoire qui est devenu «un grand
problème politique contemporain qui conduit bien des Etats à externaliser leurs
politiques en la matière à travers des contrôles aux frontières », relève Myrina
Amoussouga. De plus en plus, des pays mettent en place des politiques
migratoires contraignantes, signale-t-elle, entravant parfois le droit à la
liberté de circuler pourtant universellement reconnu par le Pacte International
relatif aux droits Politique et Civil, notamment en son article 12 qui dispose
en son paragraphe 2 : « Toute personne est libre de quitter n’importe quel pays
y compris le sien ».
Pour
Angela Marina Martins, ces faits soulignent l’urgence d’affiner les approches
en matière de gouvernance des migrations et de valider les recommandations et
les interventions prioritaires pour la mise en œuvre du Mpfa de 2025 à 2030.
Instruments
et initiatives d’appui à la politique migratoire
Plusieurs cadres et instruments ont été adoptés, sous l’égide de l’Union africaine, pour faire de la migration un catalyseur du développement et guider les Etats membres et les communautés économiques régionales (Cer) dans la formulation et la mise en œuvre de politiques et programmes migratoires. Au nombre de ceux-ci, souligne Dr Japhet M. Lishomwa, le Cadre politique migratoire pour l’Afrique et le Plan d’action (adopté en 2006 et révisé en 2016), fournissent une feuille de route complète et holistique pour la gouvernance des migrations sur le continent. La Position commune africaine sur la migration et le développement (2006) fournit un cadre complet et cohérent pour aborder les opportunités et défis de la migration en Afrique, poursuit-il.
Le
Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières est le premier
accord intergouvernemental sur la migration aligné sur le Mpfa et la Position
commune africaine. « Il s’agit d’une réalisation historique et sans précédent
qui démontre notre leadership et notre engagement à aborder la migration de manière
globale et équilibrée et à garantir que la migration profite à tous », selon Dr
Lishomwa.
Quant à la Convention de Kampala pour la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique, elle est le premier instrument juridiquement contraignant sur les personnes déplacées dans le monde.
La réunion de Cotonou offre l’occasion de s’interroger sur les politiques migratoires des pays africains et de développer des connaissances dans la gouvernance en la matière.
Le
Protocole de 2018 au Traité portant création de la Communauté économique
africaine, relatif à la libre circulation des personnes, au droit de résidence
et au droit d'établissement renforcera l’intégration et le développement de nos
régions.
A tout cela, s’ajoutent le renforcement de la collaboration avec les partenaires, notamment les Nations Unies, la mise en place de l’Observatoire africain des migrations pour fournir des données et des analyses fiables et opportunes sur les tendances et les impacts de la migration. Le Passeport africain initié facilitera la libre circulation des personnes et des biens à travers le continent■
C. U. P.